70 000 offres d’emplois non satisfaites dans l’industrie et l’emploi va mieux, dit-on

Alors que le taux d’emploi approche les 70% de la population active, un record, la situation reste très difficile pour les jeunes et les seniors. On manque de candidats dans beaucoup de secteurs mais les jeunes ne trouvent pas de job et les seniors sont mis à la retraite.

C’est sans doute un des paradoxes français les plus douloureux. Le taux d’emploi en France bat des records historiques. L’Insee nous dit qu‘au 3e trimestre, le taux d’emploi a atteint 67,5 % de la population active mais la situation des jeunes reste problématique, comme celle des seniors qu’on continue à encourager au départ en retraite bien avant les 60 ans.

Les jeunes d’un côté, les pré-retraités de l’autre, auraient besoin d’un soin tout particulier.

Pour contribuer à la prise de conscience, Bercy a ouvert ce lundi la Semaine de l’industrie et propose plus de 70 000 offres d’emplois dans l’industrie.

« Les représentations populaires sont coincées dans les années 70, mais aujourd'hui un soudeur peut gagner deux fois le Smic et une femme de 50 kilos peut [travailler dans une usine].»  La ministre de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, essaie de prouver que l'industrie peut aussi offrir des carrières aussi intéressantes et durables que le digital. Placé sous le signe de « l’avenir durable», cet évènement a pour objectif de sensibiliser et pourvoir 70.000 postes dans le secteur, principalement à destination des jeunes.

L’équation de l’emploi en France est très simple à poser :

1e point : la France se sort très bien sur le terrain économique de la crise pandémique. Les aides de l’Etat, conjuguées à la résilience des entreprises, ont permis de protéger les actifs de production et les actifs humains pendant toute cette période incertaine. Dès que les risques de la Covid se sont un peu éloignés, l’activité a rebondi dans presque tous les secteurs. Et le rebond apparaît d’autant plus fort que l’appareil économique a accéléré les mécanismes d’adaptation aux grandes mutations (digitales, écologiques, concurrentielles).  L’économie française a retrouvé son niveau d’activité d’avant Covid avec un taux de croissance durable supérieur à 6% en moyenne, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de nos voisins européens. La plupart des indicateurs macro-économiques sont dans le vert : l’investissement et surtout l’emploi. La maison France s’est donc remise à créer des jobs, à tel point que des secteurs entiers se retrouvent en tension. Beaucoup d’offres ne sont pas satisfaites : dans le bâtiment, l’hôtellerie-restauration, le digital, le tourisme et même l’industrie. La majorité des chefs d’entreprise cherchent à embaucher et ne trouvent pas.

2 point : Le taux d’emplois reste médiocre chez les jeunes et chez les seniors. Chez les 25-30 ans, plus de 20 % n’ont ni emploi, ni formation, très peu d’éducation avec des structures familiales très fragiles.

Du coté des seniors, moins de 55 % des plus de 55-65 ans travaillent, ce qui veut dire que près de la moitié des Français s’arrêtent de travailler dès qu’ils ont 55 ans. Alors, leur départ n’est pas toujours volontaire, mais il est fortement encouragé par des mécanismes mis en place par les entreprises. Ces départs anticipés s’expliquent par la difficulté d’adaptation aux mutations, pas assez de formation. Cette situation ne se résoudra pas par l’allongement de la durée du travail. Ce n’est pas parce qu’on repoussera l’age légal de départ à la retraite qu’on règlera les déficits de formation ou d’adaptation, qui apparaissent aux alentours de 60 ans dans beaucoup d’entreprises.  

3e point : Dans la grande majorité des cas, l’inactivité des jeunes et des seniors est, certes, liée à un déficit d’expertise et de formation, mais cela n’explique pas tout. Il y a beaucoup de déficit de motivation et de manque d’intérêt. Si on compare la situation française à la situation allemande par exemple, la responsabilité de ces disfonctionnements en revient à l’Education nationale, mais on peut aussi l’expliquer par un environnement socio-économique qui n’encourage guère à choisir certains métiers qui sont mal considérés et souvent assez mal payés. 

Les jeunes, comme les seniors, veulent des revenus décents, mais ils veulent aussi participer à une entreprise qui puisse donner du sens à ce qu’elles font. Et ce n’est pas toujours le cas.