Alain Madelin : «Hollande est prisonnier de ses choix»

François Hollande a réuni un « séminaire ministériel » à l’Élysée. Que faut-il en attendre ?
Je ne sais pas vraiment si le Président de la République a quelque chose à dire à ses ministres. La vraie question est celle du cadre économique qui doit-être suivi. J’espère que, dans le cadre, de ces discussions, on cherche autre chose que des énièmes mesures conjoncturelles pour palier le chômage. C’est-à-dire davantage d’idées pour fixer un cap économique. A l’évidence, le gouvernement manque de vision long terme. Pourtant les marchés financiers sont prêts à donner à la France tout le temps qu’il faut dès lors qu’un cap crédible de retour à la croissance est fixé.
Justement, comment retrouve-t-on le chemin de la croissance ?
Ce retour à la croissance passe par la compétitivité. D’une part la compétitivité de l’État, c’est-à-dire une baisse des dépenses publiques. Et de l’autre, la compétitivité des entreprises : un mélange plus intelligent du travail et du capital qui suppose une réforme consistant à déléguer au secteur privée des pans entiers de l’État. Il faut aussi mettre en place une diminution forte de la fiscalité du capital de façon à permettre l’investissement et l’emploi. Ayant dit cela, cela suggère implicitement qu’il faudrait une profonde modification du cap économique suivi…
Comment le gouvernement peut répondre à la grogne sociale de mardi ?
Il ne peut pas. Il peut éventuellement trouver quelques soins palliatifs pour la manifestation de demain. Mais sur le fond il ne peut pas. Hollande est prisonnier de ses choix. Il ne peut pas sortir de la figure qu’il s’est imposée. La vraie réponse à l’emploi et au pouvoir d’achat, c’est la compétitivité des entreprises françaises. Il n’y pas de stratégie de court terme, il n’y a que des choix de long terme.