Biden à Kiev : le président réaffirme les principes de démocratie et d'économie de marché

Le voyage du président américain à Kiev est évidemment un signe de soutien très fort aux Ukrainiens. Mais au-delà, il renforce le principe même de la démocratie et de l’économie de marché qui sont menacés dans de nombreuses régions du monde. 

L'OTAN pas si mort que ça

Personne ne sait exactement comment et quand se terminera la guerre en Ukraine. Mais ce que l’on sait, c’est que l’agression de la Russie a déjà abouti à des effets inverses de ceux qui étaient recherchés par Vladimir Poutine. 

Il était évident que depuis plusieurs années, le chef du Kremlin essayait de déstabiliser l’Occident pour imaginer une organisation du monde différente de celle qui avait été mis en place après la deuxième guerre mondiale, avec notamment une hégémonie américaine.

Vladimir Poutine voulait déséquilibrer et affaiblir l’Otan, c’est-à-dire l’organisation de défense et de protection d’une grande partie de l’Europe occidentale, de la Méditerranée et du Moyen-Orient. Or, c’est tout l’inverse qui s’est produit. La violence de l’agression russe sur l’Ukraine a renforcé les liens et les moyens des pays membres de l’Otan. L’Otan dont le président Macron disait il y a quelques années qu’elle était en état de mort cérébrale, n’a jamais été aussi équipée, forte et sollicitée par des pays très attachés à leur liberté.

L’Union européenne, de son côté, que Vladimir Poutine cherchait aussi à fissurer pour l’affaiblir, n’a jamais été aussi consolidée et forte au point d’étudier une politique de défense coordonnée, ce qui était tabou.

Bref le président Poutine, qui rêvait d’un effondrement de l’OTAN et d’un éclatement de l’Union européenne, s’est complètement trompé de stratégie. « Tous ces pays lâches, faibles et mal gouvernés, aux mœurs dépravées, comme l’expliquait Poutine, sont finalement très courageux, très solides et très unis ». 

Jusqu’au début de la guerre en Ukraine, tous les courants souverainistes, populistes et autoritaires se sont infiltrés dans toutes les démocraties du monde. Pour gérer les crises économiques, faire face aux crises financières ou sanitaires, les partisans d’une autorité centralisée et musclée se faisaient plus nombreux. Aux Etats-Unis (avec Trump), en Grande Bretagne (avec le Brexit), au Brésil, et dans beaucoup de pays européens (avec les mouvements d’extrême droite.) mais plus grave, beaucoup de responsables politiques regardaient avec complaisance la façon de faire d’un Vladimir Poutine et même la performance de Xi Jinping. Après tout, pour beaucoup d’observateurs, l’ordre avait peut plus de capacité d’assumer les mutations du monde que la logique démocratique.

L'autoritarisme plus à la mode

La guerre en Ukraine a subitement stoppé cette obsolescence programmée de la démocratie et de l’économie de marché programmée par les dictatures. D’autant que les discours du président du Kremlin annonçant la fin de l’occident chrétien, et critiquant avec force le système de valeur, a renforcé les couleurs des logiques d’organisation fondées sur la liberté individuelle. C’est-à-dire la démocratie sur le terrain politique et l’économie de marché sur le terrain économique.

Très vite, la guerre en Ukraine qui n’était au départ qu’une opération spéciale pour ramener dans le giron russe quelques régions très russophones de l’Ukraine, est devenue quasiment une croisade d’un pays autoritaire et violent contre des régions libres de leur destin libéral, de leur organisation économique et démocratique et de leur administration politique.

Dans la foulée, toutes les tendances les plus autoritaires dans les pays du monde ont perdu des élections (au Brésil et aux Etats-Unis) ou ont rencontré des difficultés pour gérer les crises économiques et sociales (en Iran, en Turquie, en Russie et également en Chine).

Parallèlement à ces mouvements politiques, la plupart des entreprises occidentales ont accepté de respecter les sanctions contre les pays autoritaires. En bref, l’Occident a cessé de faire directement du business avec des pays comme la Russie ou l’Iran…

Les pays autoritaires et les populations ont été sortis du jeu de la mondialisation.

Et la visite très spectaculaire de Joe Biden à Kiev vient rappeler que l’Ukraine se bat pour sa liberté, liberté de penser, de s’informer, de circuler, de critiquer, de gagner de l’argent. Mais il rappelle aussi qu’en aidant l’Ukraine, les pays démocrates se protègent eux-mêmes.

La liberté individuelle made in US

Joe Biden défend la liberté individuelle. Et de ce fait, il donne au modèle de la démocratie et à l’économie de marché, une légitimité universelle et une image franchement beaucoup plus belle que l’offre violente que Poutine cherche à imposer.

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