BNP Paribas, Axa, Amundi et Société générale n'attendaient que ça : la retraite par répartition est morte, vive la capitalisation!

L’un des plus beaux fleurons du modèle social français est donc mort. Volontairement ou pas, les partis politiques et syndicaux n’avaient même pas proposé de réforme alternative à celle du gouvernement. Les futurs retraités, eux, n’auront que l’embarras du choix dans le privé.
La répartition condamnée
Les représentants politiques ont fracassé la retraite par répartition. C’est gravissime mais le marché de la retraite va regorger de propositions de systèmes par capitalisation. La réalité est cruelle pour les idéologues. Elle se venge toujours.
La course est lancée.
Que le président de la République soit égocentrique, que le gouvernement ait multiplié les erreurs de communication et de perception de ce dont avait besoin le pays, c’est une évidence. Mais qu’on en soit arrivé à une situation où la légitimité politique et le fonctionnement de la démocratie soient remis en cause par les manifestations de rue est extrêmement grave. Les juristes et spécialistes du droit public apprécieront.
Dans la foulée, les oppositions d’horizon très divers en sont arrivées à tuer toute réforme de la retraite par répartition, sans avoir d’alternative crédible à proposer et plus grave encore, à un moment où la situation financière est périlleuse dans un contexte de crise financière internationale qui couve sur la planète toute entière.
Le premier effet de ce fiasco, c’est qu’il va condamner le système de la retraite par répartition. Quel spectacle, les députés de gauche et de l’extrême gauche ont d’ailleurs fêté la mort d’un système paritaire qui faisait la fierté de nos voisins en chantant La Marseillaise. Un produit de gauche, tué par la gauche c’est n’importe quoi.
La répartition ne peut vivre qu’en équilibre et l’équilibre imposait comme dans tous les pays qu’on travaille un peu plus, compte tenu de la contrainte démographique. Or aujourd’hui, notre système de retraite a déjà besoin chaque année de plus de 30 milliards d’euros de crédits qui lui sont alloués par l’Etat. On n’est évidemment déjà plus dans un système par répartition, on est dans un système partiellement budgétisé et fiscalisé.
Le problème, c’est que l’État n’a pas cet argent. Il doit l’emprunter sur les marchés internationaux, ce qui, dans le climat actuel va devenir de plus en plus difficile. Et de plus en plus cher.
Le problème, c’est que ce déficit des régimes de retraite est lié principalement au coût de la retraite dans la fonction publique et dans les régimes spéciaux. Politiquement, ça craint.
Pas que pour les riches
Le deuxième effet va être de chercher des alternatives à cette répartition qui est bloquée dans les arcanes politiciennes et corporatistes. Puisque le gouvernement a échoué et que les oppositions politiques et syndicales n’ont proposé aucune alternative construite, cohérente et financée, et bien, la nature ayant horreur du vide, c’est le marché des retraites privées qui va prendre la relève et faire des offres. Les solutions existent, la majorité de la population s’organise déjà sachant très bien que les systèmes publics sont fragiles.
Ceux qui le peuvent acquièrent leur logement ou investissent dans l’immobilier. Les autres plus modestes font de l’épargne. L’épargne de précaution n’a jamais été aussi importante, elle est placée sur le livret A de la Caisse d’épargne, les livrets et les comptes bancaires et surtout sur l’assurance vie. C’est considérable, cette montagne de cash populaire mesure l’ampleur de l’inquiétude que suscite l’avenir des retraites officielles.
Il n'y a pas que les riches qui sont capables d’organiser leur épargne. Les riches ont fait des réserves à l’étranger ou ailleurs. Mais la grande majorité des Français savent qu’il existe des comptes dans toutes les institutions financières et assurancielles qui leur sont offerts. D’Axa au Crédit agricole, de la BNP à La Poste. Ils regorgent tous de produits et les plus cyniques se frottent les mains. Les spots de publicité sont prêts à sortir une fois la période de deuil du régime par répartition passé. Un peu de pudeur !
Cette épargne-là, très populaire quand elle est utilisée pour protéger sa retraite, s’appelle la capitalisation. Personne n’a osé en parlé. C’est tabou. Mais tout le monde y pensait.
Ca existe déja
Les opposants au régime capitaliste, tous ceux qui voient des financiers hyper libéraux partout, comme la pire des situations, tous ceux qui ont alimenté la lutte contre la réforme de la répartition auront fait le lit de la retraite par capitalisation.
Ça ne sera pas un drame, la capitalisation existe déjà officiellement dans la fonction publique qui ne la regrette pas. Elle existe dans certaines professions avec les PER qui ont beaucoup de succès.
Ce qui est terrifiant dans cet épisode, c’est qu’en ne réformant pas la retraite, tous les opposants auront travaillé à sa perte, ce qui n’était pas leur objectif.
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