BPI : Pourquoi tout le monde veut en avoir le contrôle…

Par Jean-Marc Sylvestre

C’eLa création de la BPI (Banque Publique d’Investissement) est une initiative intéressante.  A priori, les PME ont besoin de ce type d’institutions parce que les banques traditionnelles ne font pas forcement le travail. L’Etat va prendre plus de risques dans le financement de l’investissement, avec  les 35 milliards d’euros en capital  qui lui sont accordés. Et comme c’était une promesse du candidat François Hollande, tout le monde va être content. Cette Banque Publique d’Investissement va regrouper trois organismes qui existent déjà et qui ont été installés par le gouvernement précédent : OSEO, le FSI et CDC Entreprises. On ne peut pas dire que ces trois organismes ont failli dans leur mission. Mais passons. 

Donc cette BPI c’est bien, sauf qu’il faut regarder le futur fonctionnement de plus près. Tout va dépendre de qui sera nommé à la direction générale. On parle d’Anne Lauvergeon. Elle est parfaitement crédible techniquement et politiquement. Ce qui est important, c’est de savoir de qui elle dépendra et quel sera la durée de son mandat. Mais surtout, il faut savoir qui aura le vrai pouvoir dans la BPI : ce n’est pas un secret, la bagarre est terrible actuellement entre la Caisse des Dépôts, Bercy et les collectivités locales.  La Caisse des Dépôts, qui apporte déjà avec réussite le FSI et CDC Entreprises (un exemple de responsabilité), revendique le pouvoir de déterminer la politique générale de la BPI. De son côté, le ministère de l’Economie, et notamment Arnaud Montebourg, voudrait bien avoir la haute main sur cette usine à gaz de façon à pouvoir intervenir sur les gros dossiers qui empoisonnent la vie politique de la majorité.  Enfin, toutes les collectivités locales, les grandes villes et les régions réclament leur part du gâteau considérant que le développement économique dépend des PME et que les PME sont installées dans les régions.

Pour les milieux d’affaires et les économistes, la question est tranchée. La seule solution raisonnable serait de laisser la BPI dans le giron de la Caisse des Dépôts et de son directeur général,  Jean-Pierre Jouyet. Seule la Caisse des Dépôts peut apporter des garanties de bonne gestion et de responsabilité. L’enjeu est de dégager des financements pour les jeunes pousses et les petites entreprises afin qu’elles deviennent grandes : le seul critère sera l’efficacité. Si Bercy a la haute main sur l’institution, le risque est grand de la voir dériver selon des logiques politiques. Quant aux collectivités locales, elles seront quand même bien tentées de protéger leurs canards boiteux. Au mieux on refera Dexia, au pire, le Crédit Lyonnais.

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