Brésil : les marchés financiers sont prêts à faire confiance à Lula s’il réussit à éliminer la corruption.

La victoire de Lula est bien accueillie par le monde entier, y compris les milieux financiers internationaux qui sont prêts à l’aider à sortir le pays de la misère, à condition d’éradiquer la corruption.

Luiz Ignacio Lula da Silva, puisque c’est son nom, va donc pouvoir écrire la saison 3 de son histoire a la présidence du Brésil. Quelle histoire que la sienne, quelle vie, quel parcours.

Sa victoire est courte puisqu’il a obtenu 50,84% des suffrages.  Elle sera donc sans doute contestée par son adversaire Jair Bolsonaro; mais l’intérêt du Brésil comme du monde entier est de reconnaitre que la Démocratie puisse permettre à Lula d’engager son mandat.

Les dirigeants du monde entier ont donc, depuis 24 heures, salué cette victoire qui signe un come-back assez étonnant pour un troisième mandat après douze ans de parenthèse dont une grande partie passée en prison.

Il y a un côté Mandela chez Lula. Il est devenu une icône de la gauche des peuples en difficulté mais aussi l’icône des élites occidentales. En fait, il est soutenu par les dirigeants de tout bord ou presque, même si le choix est réduit.

Les historiens et les politologues expliqueront plus tard cette particularité. Sans doute parce que son prédécesseur était trop clivant, trop autoritaire, trop vulgaire, trop démago, trop antitout il ne possédait aucun des codes des grandes démocraties et n’adhérait à aucune des visions partagées en Occident sur l’avenir du monde.

Lula a évidemment beaucoup de défauts, de faiblesses, mais il savait parlé au peuple sans insulter le système.

La campagne électorale a été épouvantablement violente et pas seulement au niveau verbal. Parce que l’enjeu était considérable. Mais au final, tout le monde ou presque reconnaitra la victoire de Lula. A l’extérieur du Brésil, mais aussi à l’intérieur.

Parce que le monde entier a intérêt à ce que le Brésil, peuplé de plus de 220 millions d’habitants, s’en sorte. C’est sur la planète le pays émergent du monde le plus proche de la culture et des valeurs occidentales. Beaucoup plus proche que l’Inde ou les Chinois.  Et le Brésil a déjà tellement de liens avec l’Europe et avec l’ensemble du continent américain (l’Amérique du sud comme l’Amérique du nord.)

Là sont les raisons fondamentales pour lesquelles le monde des affaires et de la finance va appuyer Lula. Les uns, parce qu’ils espèrent pénétrer encore davantage ce marché de consommation qui est le plus large d’Amérique du sud et les autres, parce qu’ils y voient des opportunités d’investissement.

Lula connait bien la planète et les forces géopolitiques qui la traversent, les ressorts aussi qui sont pour lui comme pour tous les occidentaux essentiellement économiques. Il a donc fait des promesses lors de la campagne et pour les respecter,  il aura besoin de la coopération internationale. Jair Bolsonaro n’a, a priori, jamais compris la nécessaire interdépendance avec le monde. Il laisse le pays dans un État déplorable.

Lula trouve 33 millions de Brésiliens très pauvres et 10 millions au chômage et sans indemnités. Il a donc promis des allocations des soutiens, bref une relance très keynésienne par la demande, mais il sait aussi que ça ne marchera que si et seulement si, il soutient l’offre, c’est-à-dire l’investissement, l’innovation, la création d’entreprise. Le Brésil ne peut pas être le réservoir de main d’œuvre de l’Amérique du nord comme le Mexique.

Son modèle de développement, c’est plutôt la Chine, la liberté individuelle en plus. Son problème est de donner à manger à ceux qui ont faim et faire en sorte que chacun trouve du travail.

Il se retrouve devant un chantier considérable qui peut être sa chance ou son enfer. Ce chantier, c’est celui de la transition écologique. Bolsonaro n’a jamais voulu l’ouvrir. Il a même complètement nié le réchauffement climatique. Ça ne le concernera pas. C’est une des raisons qui font qu’il s’est retrouvé très vite au banc de la société internationale.

Lula lui, a compris que le Brésil avait une carte à jouer pour s’attacher les jeunes générations de Brésiliens et les étrangers des pays développés en faisant du Brésil la « green nation ».

C’est par ce moyen qu’il réussira à conforter l’attractivité du Brésil auprès des investisseurs internationaux. Retrouver l’esprit qui avait accompagné et facilité la construction de Brasilia, en 1955, la capitale sortie du désert en moins de 3 ans. Un modèle de modernité qui incarnait la sortie du brésil de l’ère coloniale.

Lula aujourd’hui a le soutien des milieux financiers sur son programme :

Éradiquer la pauvreté

Lancer la révolution écologique avec des investisseurs occidentaux.

 A une condition à laquelle il s’est engagé : sortir le pays de la corruption. C’est le cancer de la société brésilienne, qui est devenu comme dans beaucoup de pays en développement un moyen de redistribuer les revenus.

A titre personnel, il a fait des années de prison pour corruption aggravée, son entourage s’est sans doute désintoxiqué, mais les classes moyennes ne sont pas immunisées.  C’est l’ensemble de la société brésilienne qui vit plus ou moins sous corruption. Il a promis de mettre en place une organisation qui puisse fonctionner sans corruption.

Les investisseurs le croient. Beaucoup de fonds d’investissement qui flèchent des capitaux sur les secteurs « verts » ont fait de l’anticorruption, la condition sinequanone de leur arrivée.