CFDT : Ce qu’il faut savoir du nouveau leader, Laurent Berger

Laurent Berger, c’est qui ?
Laurent Berger, 44 ans, né à Guérande, est issu d’un milieu populaire. Son père était soudeur et sa mère auxiliaire de puériculture. Homme de dossiers issu du christianisme social, Laurent Berger a commencé son parcours militant à la Jeunesse ouvrière chrétienne en 1991. Titulaire d’une maîtrise d’histoire, il intègre l’Union locale CFDT des Pays de Loire en 1996. 7 ans plus tard, il intègre le bureau national de la CFDT. L’homme que l’on a pu taxer de « jumeau » de Chérèque incarne cette génération de syndicalistes qui ont été eux-mêmes confrontés à la crise. Il a connu la précarité avant d’être conseiller en insertion professionnelle. Marié, ce père de trois enfants gravit les échelons de l’appareil cédétiste. Remarqué par la direction confédérale, il est élu à la commission exécutive en juin 2009, et négocie avec le patronat les accords interprofessionnels sur l’emploi. En 2012, il devient secrétaire général adjoint de la CFDT.
Pourquoi ce changement ?
«Dix ans à la tête de la CFDT, c’est enthousiasmant, enrichissant mais également épuisant. A 56 ans, j’aspire aussi à évoluer professionnellement et à retrouver un peu de tranquillité personnelle et familiale» déclare François Chérèque après 10 ans à la tête de la confédération. L’ex-éducateur spécialisé en milieu psychiatrique, qui avait pris sa carte syndicale en 1978 avait souhaité ne pas « faire le match de trop ». Il avait annoncé en septembre sa décision de ne pas aller au bout de son mandat de quatre ans (à la mi-2014). Une transition préparée de longue date, puisque Laurent Berger a intégré le bureau national en 2008 à sa demande. Il l’avait alors déjà repéré pour lui succéder. La lassitude, l’impression de ne plus être en phase avec son temps, le degré de maturité auquel est parvenu Laurent Berger ont tranchés. «Il est prêt» a affirmé Chérèque.
Que va faire Laurent Berger ?
« Il n’y aura pas de changement de ligne à la CFDT », a déclaré celui qui estime que des réformes permettant d’accompagner les évolutions du marché du travail sont acceptables dès lors qu’elles apportent de « nouveaux droits » aux salariés. La priorité de Laurent Berger est de boucler le «compromis historique» dans la négociation sur la sécurisation de l’emploi. «On joue notre crédibilité et notre responsabilité de partenaire social», assure-t-il. En effet, le nouveau patron de la CFDT entend maintenir la ligne d’un syndicat porteur des attentes des salariés dans toute leur diversité, dans les petites comme les grandes entreprises. «Sa» CFDT sera réformiste, dotée d’une grande dose de propositions et d’un peu de contestation. «Tout le monde a compris que j’avais une grande convergence de vue avec François sur les objectifs politiques», dit celui qui considère que la négociation est «un élément du rapport de force», et qu’il faut avoir le «courage» de s’engager sur «un compromis qui nous semble positif pour les salariés». Attaché à une remise à plat des régimes de retraites pour rechercher plus d’équité, il s’attend également à une mutation du financement de la protection sociale, les branches famille et santé devant être financées plus par l’impôt et moins par le travail.