Christophe Praud – CJD : « La CGT c’est le fossoyeur de l’emploi français ! »

L’échange « d’amabilités » entre Maurice Taylor et Arnaud Montebourg continue. Que pensez-vous de cette situation ?
Personnellement je trouve qu’elle est minable. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que dans cette situation on est comme dans une négociation : il y a un rapport de force. Soit le rapport est déséquilibré, soit il est équilibré. Chaque partie doit réfléchir sur quel terrain il est. Je pense qu’aujourd’hui la France a intérêt à chercher ses terrains favorables. On a suffisamment d’attractivité, suffisamment de valeur ajoutée. M. Montebourg devrait mettre ça en avant et surtout traiter ce genre de négociations, même si elles sont âpres, non pas par la presse mais en toute discrétion.
Depuis le début de l’affaire, Maurice Taylor dénonce dans sa négociation, le mutisme de la CGT. A-t-on un problème avec les syndicats en France ?
Dans cette affaire, je pense qu’il y a surtout un problème avec la CGT. Aujourd’hui certains représentants n’ont pas joué le jeu. Au lieu d’être des acteurs positifs, ils ont été de véritable l’emploi en France, notamment l’emploi industriel. Le rôle qu’a joué la CGT depuis quelques mois, je le trouve irresponsable. Cela fait maintenant plusieurs fois qu’il est démontré que son comportement ne fait pas aboutir des négociations. Ce fut aussi le cas, par exemple, dans la grande négociation autour de la flexibilité de l’emploi. Dès le début ils ont considéré qu’ils n’avaient pas à y aller. C’est anormal surtout quand un gouvernement accorde sa confiance aux partenaires sociaux.
Pourquoi les jugez-vous irresponsables ?
Parce qu’ils sont dans une posture de rejet de toute négociation qui consiste à se mettre autour de la table, avec l’ensemble des parties prenantes, pour voir comment sauvegarder une industrie, des emplois, gagner en compétitivité. Tous ces mots-là leur sont étrangés. Ils ne sont que sur le protectionnisme, que sur l’amélioration des conditions, que sur la validation et le maintien des acquis. La CGT n’a aucune capacité de réforme.
Cette « posture » n’est-elle pas due à une logique électorale, comme les hommes politiques ?
Je pense que très rapidement les syndicalistes vont faire comme les électeurs : se retourner vers leurs responsables. Quand je discute avec les 4000 adhérents du CJD, je me rends bien compte que, dans nos TPE/PME, il y a du dialogue social. Les salariés savent ce qu’est un emploi, ils savent ce qu’est un patron, ils savent ce qu’est « un cap difficile ». Ce qui se passe dans le territoire et dans le quotidien de toutes ces petites entreprises est largement différent de ce qui se passe dans les hautes sphères du gouvernement et de la CGT. On sent bien que ces salariés commencent à regarder le comportement des politiques et des centrales syndicales et commencent à trouver ça anormal. Je dis qu’un jour tout va sauter à la figure des syndicats et des politiques. Ils ne pourront pas promettre ce qu’ils ne pourront pas tenir.
Par Julien Gagliardi
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