Christophe Praud – CJD : « La flexibilité, c’est une affaire d’entreprise, pas une affaire de syndicat ! »

A peine commencées, l’aboutissement des négociations parait déjà compromis. Quel est votre sentiment ?
Je ne sais pas sur quelle base on peut affirmer qu’elles vont, ou pas, aboutir. Il y a dans cette négociation des vraies propositions intelligentes comme sur la souplesse, la flexibilité… Cependant, c’est vrai aussi que, sur certains points, ça peut coincer. Notamment les sujets tournant autour des contrats courts.
Quelles sont, selon vous, les points essentiels et que préconisez-vous ?
Ce qui nous paraît prioritaire, au CJD, ce sont les sujets liés à la flexibilité dans les TPE/PME. Aujourd’hui, il n’existe pas d’alternative au CDI après les contrats courts. Mais c’est affaire de flexibilité, c’est une affaire d’entreprise, pas une affaire de syndicat. Nous estimons qu’il est important de faire prévaloir l’accord d’entreprise. Si les négociations aboutissent, ce seront de vraies avancées. Nous proposons aussi que la médiation avec les juges des prud’hommes en cas de CDI soit obligatoire. A l’heure actuelle, vous avez des avocats qui poussent certains salariés à ne pas aller à la médiation puisque, de toute façon, ils ont 80% de chance de gagner. Ca nuit complètement au dialogue social.
Dans ce sens, quels sont les outils qui manquent actuellement aux chefs d’entreprise que vous représentez ?
Tout ce qui va aider à embaucher facilement. Aujourd’hui, l’intérim, le CDD, ce sont des sas qui permettent de garantir du travail pour le salarié. Et quand j’entends que c’est précisément ce type de contrat (le CDD) que l’on veut taxer, je dis que ce n’est pas la bonne solution. A ce moment-là, que prévoit-on pour gratifier les entreprises qui n’ont que des CDI ? Et pour toutes ces entreprises qui transforment chaque jour des CDD en CDI ? Pourquoi on ne reconnaîtrait pas ces entreprises là ?
Si les négociations n’aboutissent pas, à qui la faute ? Au gouvernement ?
Disons que le gouvernement a joué son rôle en confiant la « sous-traitance » de la négociation aux partenaires sociaux et en leur disant « si vous ne faites pas le job, on prendra nos responsabilités ». Donc ça veut dire que si vendredi soir rien ne sort à cause des syndicats, c’est une fois de plus le gouvernement qui va être amené à trancher. Il y a tout lieu de penser qu’il cèdera encore au clientélisme politique.
Vous ne pouvez pas reprocher aux syndicats de jouer leur rôle…
Sur la question des syndicats, il y a un vrai problème de représentativité. Le tissu économique en France c’est à 90% des TPE/PME et, en face, on a des centrales syndicales qui ne résonnent que par les grands groupes. En tant que patron d’une PME, je ne me sens pas concerné par les propos des grands syndicats. Tout le monde est d’accord sur le constat, mais personne ne s’entend sur la manière d’y aller.
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