Christophe Praud – CJD : « La flexibilité, c’est une affaire d’entreprise, pas une affaire de syndicat ! »

Sécuriser au mieux l’emploi, c’était la promesse du Président de la République François Hollande lorsqu’il amorçait le début des négociations sociales, le 4 octobre dernier. L’exécutif avait alors, demandé des négociations directes entre syndicats et patronat sans aucune intervention. L’Élysée avait simplement fixé une date butoir et brandit la menace d’un projet de loi si rien n’aboutissait. Pour les partenaires sociaux, l’objectif est donc de parvenir à un accord donnant-donnant  entre patrons et salariés avant vendredi. Plus de sécurité juridique et de flexibilité pour les premiers, moins de précarité et davantage de protection sociale pour les seconds. Pour Christophe Praud, président du Centre des Jeunes Dirigeants, syndicat ou pas, c’est la flexibilité doit être le cœur des attentions.

A peine commencées, l’aboutissement des négociations parait déjà compromis. Quel est votre sentiment ?

Je ne sais pas sur quelle base on peut affirmer qu’elles vont, ou pas, aboutir. Il y a dans cette négociation des vraies propositions intelligentes comme sur la souplesse, la flexibilité… Cependant, c’est vrai aussi que, sur certains points, ça peut coincer. Notamment les sujets tournant autour des contrats courts.

Quelles sont, selon vous, les points essentiels et que préconisez-vous ?

Ce qui nous paraît prioritaire, au CJD, ce sont les sujets liés à la flexibilité dans les TPE/PME. Aujourd’hui, il n’existe pas d’alternative au CDI  après les contrats courts. Mais c’est affaire de flexibilité, c’est une affaire d’entreprise, pas une affaire de syndicat. Nous estimons qu’il est important de faire prévaloir l’accord d’entreprise. Si les négociations aboutissent, ce seront de vraies avancées. Nous proposons aussi que la médiation avec les juges des prud’hommes en cas de CDI soit obligatoire. A l’heure actuelle, vous avez des avocats qui poussent certains salariés à ne pas aller à la médiation puisque, de toute façon, ils ont 80% de chance de gagner. Ca nuit complètement au dialogue social.

Dans ce sens, quels sont les outils qui manquent actuellement aux chefs d’entreprise que vous représentez ?

Tout ce qui va aider à embaucher facilement. Aujourd’hui, l’intérim, le CDD, ce sont des sas qui permettent de garantir du travail pour le salarié. Et quand j’entends que c’est précisément ce type de contrat (le CDD) que l’on veut taxer, je dis que ce n’est pas la bonne solution. A ce moment-là, que prévoit-on pour gratifier les entreprises qui n’ont que des CDI ? Et pour toutes ces entreprises qui transforment chaque jour des CDD en CDI ? Pourquoi on ne reconnaîtrait pas ces entreprises là ?

Si les négociations n’aboutissent pas, à qui la faute ? Au gouvernement ?

Disons que le gouvernement a joué son rôle en confiant la « sous-traitance » de la négociation aux partenaires sociaux et en leur disant « si vous ne faites pas le job, on prendra nos responsabilités ». Donc ça veut dire que si vendredi soir rien ne sort à cause des syndicats, c’est une fois de plus le gouvernement qui va être amené à trancher. Il y a tout lieu de penser qu’il cèdera encore au clientélisme politique.

Vous ne pouvez pas reprocher aux syndicats de jouer leur rôle…

Sur la question des syndicats, il y a un vrai problème de représentativité. Le tissu économique en France c’est à 90% des TPE/PME et, en face, on a des centrales syndicales qui ne résonnent que par les grands groupes. En tant que patron d’une PME, je ne me sens pas concerné par les propos des grands syndicats. Tout le monde est d’accord sur le constat, mais personne ne s’entend sur la manière d’y aller.

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Le Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprise (CJD) est la plus ancienne instance patronale de France. Créé en 1938 pour réhabiliter la fonction patronale, le CJD compte aujourd’hui plus de 4 000 chefs d’entreprise et cadres en France qui se forment au métier de «dirigeant-entrepre­neur», soucieux de rendre leur entreprise à la fois plus humaine et plus compétitive. Mouvement indépendant et en expérimentation constante, le CJD croit que la performance de l’entreprise ne doit pas être considérée sous son seul aspect économique, mais doit être aus­si abordée sous ses aspects social, sociétal et environnemental. C’est la Performance Globale©, démarche créée pour répondre avec agilité à la nécessité d’inventer un mode de développement capable de répondre aux besoins des générations présentes et futures. Le CJD c’est aussi 12 CJD à l’international et 25 correspondants dans le monde. À ce jour, plus de 75 000 chefs d’entreprises toujours en activité sont passés par le CJD.  Site web : www.cjd.net
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