Compétitivité : Le bouc-émissaire facile de « l’euro trop fort »

« L’euro est fort, peut-être d’ailleurs trop fort à certains égards ». Dimanche, le ministre de l’Économie estimait sur le plateau de France 2 que la monnaie unique était trop élevée vis-à-vis des autres monnaies mondiales. Quelques heures plus tard sur RTL, Laurence Parisot indiquait, elle aussi, son « souhait de voir l’euro un peu plus bas ». Pour l’un comme pour l’autre, la puissance de la monnaie unique européenne pénalise la compétitivité de l’export français.

Et ils n’ont pas tout à fait tort. « Il est vrai qu’un euro fort rend moins onéreux les importations mais pénalise les exportations, les rendant de fait, moins compétitives » estime Christian Saint-Etienne. Mais pour l’économiste, « ce n’est pas le seul frein à notre compétitivité, le problème principal c’est notre manque d’industrie depuis 15 ans ».

Henri Sterdyniak, directeur du Département économie de la mondialisation à l’OFCE va plus loin : « Pour 2013 les États-Unis prévoient un déficit extérieur de 500 milliards de dollars tandis qu’avec un euro fort, la zone euro prévoit, elle un excédent zone de 250 milliards d’euros. On voit donc que l’on ne peut pas s’en sortir uniquement en dépréciant l’euro face au dollar. Il faut aussi des politiques de relance et ça, c’est plus compliqué à mettre en place. »

En attendant, les deux spécialistes s’accordent sur le constat que le gouvernement français ne peut rien faire pour rendre l’euro plus compétitive. « Dévaluer l’euro ne réglerait pas tous les problèmes et puis le gouvernement n’a aucun pouvoir indique Christian Saint-Etienne. « C’est la BCE qui a la capacité d’agir sur les taux de change, c’est elle qui décide », explique Henri Sterdyniak. « Le gouvernement peut simplement tenter de faire pression sur la BCE mais surtout de militer pour accélérer le déploiement du pacte croissance européen qui prévoit quelques mesures de relance de l’économie ».

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