Contre l’inflation, Mélenchon veut tout bloquer et contrôler : les prix, les loyers, les revenus et les chefs d’entreprise …

Jean-Luc Mélenchon veut bloquer les prix, les loyers et la police. S’il pense arrêter la guerre en Ukraine de cette façon, il se trompe grave, à moins d’installer un État autoritaire

Ce qui est particulièrement inquiétant dans le projet de Jean-Luc Mélenchon, ça n’est pas son programme. Le programme est inapplicable…

Ce qui est inquiétant, c’est qu'il attire plus de 20 % du corps électoral à la dernière élection présidentielle et que la coalition qu’il a formée pour les législatives rassemble la moitié du corps électoral français, ce qui lui permet d’espérer une majorité absolue au Parlement.  

Comment,  un pays comme la France, où le taux de succès au bac dépasse les 90%, peut-il  adhérer à un tel programme de gouvernement? Trois hypothèses. 

La plus probable est que les partisans de Mélenchon n’ont pas lu le programme.  

La plus plausible est qu’ils n’ont pas compris les modalités et les effets des mesures proposées, ce qui est possible parce que personne ou presque n’a tenté d’expliquer l’incohérence des mesures et surtout pas Mélenchon lui-même.

Enfin, la plus inquiétante serait que ces électeurs potentiels souhaitent un changement radical de système économique et de régime politique. Parce que la quasi-totalité des mesures annoncées placerait le pays hors du système de l’économie de marché et en dehors des principes élémentaires de la démocratie politique.  

En bref, voter pour Mélenchon signifie qu’on aspire à un système économique entièrement contrôlé et très autoritaire au niveau politique et administratif.

Ce qui est hallucinant, c’est que Jean-Luc Mélenchon part du principe que tous nos ennuis viennent du caractère libéral du système dans lequel nous vivons. Et pour les insoumis, le mot libéral est faible. Les insoumis usent et abusent du terme ultra-libéral. Ce qui est absolument aberrant. Avec plus de 60% de dépenses publiques par rapport au PIB et plus de 50% de prélèvements obligatoires, notre système social- démocrate a fabrique un État providence pour mettre à l’abri ceux qui ont des difficultés, mais qui a du coup hypothéqué une grande partie des libertés individuelles et des capacités de créations de richesses. Mais ça n’est pas tout, personne ne peut croire que nous sommes politiquement en dictature.

En revanche, ce que ne dit pas Jean-Luc Mélenchon, c’est que les mesures qu'il défend renforcent encore la puissance de l’État dans tous les domaines.

Et sur le terrain économique, le cœur de son réacteur de réforme porte sur le blocage des mécanismes de régulation par le marché. En bref, il veut bloquer les prix pour lutter contre l’inflation, il veut bloquer les loyers pour améliorer les conditions d’habitat et il veut pouvoir augmenter administrativement les revenus, salaires des fonctionnaires, des salariés du privé et niveau des retraites.

1e point, ce n’est pas en bloquant les prix des carburants et des biens alimentaires qu'il arrêtera la guerre en Ukraine, parce que l’inflation qui mine l’équilibre social est une inflation importée. Si on bloque ces prix à la consommation, il faudra bien que quelqu’un paie la différence : l’Etat ? il n’a pas l’argent. Les entreprises ? possible, mais dans ce cas-là on les condamne à mort.

Le blocage des prix entrainera de facto la nécessité de rationner les quantités. Comment ?  Selon quels critères? Avec des tickets de rationnement ou des quotas. Peu importe, tout le monde sait qu’en bloquant les prix, on doit rationner et quand on rationne, on encourage le marché noir. Insupportable.

2e point: si on bloque les loyers, on bloquera de facto les constructions neuves et les propriétaires retireront leur appartement de la location. La pénurie de logement sera encore plus flagrante. D’où les difficultés accrues et là encore, du marché noir, les combines qui ne profitent qu’aux plus malins ou aux plus riches. Le marché de l’immobilier n’a pas besoin de blocage de ses revenus, il a besoin d’investissements massifs dans la construction et la restauration d’immeuble ou de maisons individuelle.

3e point : on peut certes augmenter les revenus distribués, les salaires et les pensions de retraites, mais on ne peut le faire que si ça correspond à une création de richesses donc soit à une augmentation des quantités de travail, soit à une augmentation de la productivité donc à l’innovation.

4e point : Toutes ces mesures dévaluent le système et le décrédibilisent au sens propre du terme. La monnaie se dévalue, les possibilités d’emprunts se raréfient et le pays se retrouve en défaut de paiement, c’est-à-dire au ban de l’Union européenne, en dehors de l’euro et de la  société internationale.  

Mais ce n’est pas tout. Les mesures de blocages et de contrôles du fonctionnement du système telles que les promet Jean-Luc Mélenchon nécessitent un renforcement de l’Etat (déjà obèse) , une centralisation des décisions déjà très verticale et un système de surveillance et de sanction renforcé. De la police, des douaniers, des contrôleurs administratifs etc. .. ce qui n’empêche pas Jean-Luc Mélenchon de conspuer de temps à autre la justice et d’insulter la police. La police tue, dit-il. Il en aura pourtant besoin s’il croit en ce qu’il promet.