Covid-19 : Les assureurs ne veulent plus payer.

Les sociétés d’assurance ne veulent plus couvrir les risques de la pandémie, les réassureurs internationaux baissent les bras et renvoient les dossiers sur les États, mais les États peuvent difficilement faire plus que ce qu’ils ont déjà fait.
Alors que les chiffres de la pandémie continuent de s’aggraver et que la situation économique ne s’arrange pas, les entreprises découvrent que leurs assureurs n‘acceptent pas de couvrir les risques provoqués par le coronavirus. En bref, l’entreprise ou le commerçant qui a perdu sa clientèle et qui pensait être couvert pour les risques d’exploitation s’aperçoit que son contrat ne le prévoit pas. On va donc au-devant d’une crise de l’assurance qui va s’ajouter à la crise économique et qui va encore noircir la situation.
Les assureurs aujourd’hui ne peuvent pas indemniser les victimes du Covid-19. Parce que les risques de pandémie n’étaient pas précisément prévus dans les contrats. Ensuite, parce que les montants du risque s’avèrent démesurés par rapport à leurs réserves et enfin, parce que leurs propres assureurs se sont mis aux abonnés absents. Les réassureurs fuient.
Les assureurs qui assurent les automobiles, les habitations et les entreprises, comme AXA, Macif, Groupama ou les autres, qu’elles soient privées, publiques ou mutualistes sont eux-mêmes couverts et garantis contre les très gros risques par des sociétés internationales. Certaines sont britanniques comme Munich Re, d’autres sont françaises, la Scor par exemple très importante. En cas de grosse catastrophe aérienne, de naufrage d’un cargo avec une énorme pollution, une marée noire par exemple, ces réassureurs interviennent. Dans le pire des cas, le risque peut être qualifié de catastrophe naturelle et alors l‘État intervient en garantie de dernier ressort.
Aujourd’hui, ces réassureurs-là viennent dire qu’ils ne pourront pas indemniser les dégâts causés par le Covid.
Or, le Covid est évidemment une catastrophe qui fait des morts, mais qui a surtout mis à plat tous les systèmes économiques. Du coup, les entreprises qui perdent leur exploitation et qui cherchent à récupérer une indemnité pour financer les dommages n‘y parviennent pas.
D’abord, il existe des assureurs qui ont déjà payé un lourd tribut à la crise, parce que certains sont déjà intervenus pour compenser des annulations d’évènements, ou financer des remboursements de billets d’avion, de voyage etc... mais qui ne peuvent plus intervenir. Ensuite, parce que les contrats qu’ils ont signés ne permettent pas de couvrir des risques aussi graves.
Enfin, le vrai problème qui est très nouveau est que ça n’est pas le virus qui a provoqué les dégâts. Les dégâts sont le résultat de la décision gouvernementale de confiner. Les dégâts sont principalement causés par le contexte national et international.
Le virus n’a pas stoppé les avions, les bateaux et les usines, mais ce sont les administrations qui ont tout bloqué pour protéger la vie humaine.
Du coup, les assureurs se retournent très logiquement vers les Etats. Pour qu’ils paient exactement comme quand il y a une catastrophe naturelle, une inondation, par exemple, et qu’il vienne en garantie.
Mais aujourd’hui, les États ne viendront pas soutenir les assureurs, parce que les États sont déjà intervenus sur le terrain économique pour éviter l’effondrement. Les États ont lancé des plans de soutien et de relance. La France a mobilisé 400 milliards d’euros en mars et vient de sortir un plan de relance de 100 milliards et tout cela va principalement en direction des entreprises.
Pour se couvrir des risques juridiques, les assureurs reprennent aujourd’hui tous les contrats importants pour écarter la pandémie des risques assurables ; ils veulent éviter les recours.
Mais sur le fond, on n’échappera pas l’année prochaine à des partenariats entre le public et le privé. Parce que l’Etat lui-même sera gêné si la situation s’aggrave encore et si la croissance ne revenait pas.
D‘où l’insistance avec laquelle il annonce qu’il refusera tout nouveau confinement, mais pour cela il faut évidemment faire accepter de se protéger. D‘où le durcissement des conditions sanitaires. Les gestes, le masque, sont les meilleures assurances contre le Covid 19, et c’est évidemment les moins chers.
