Covid : Patronat et syndicats inquiets des mesures proposées par le conseil de sécurité sanitaire...

Conseil de sécurité et conseil des ministres sous haute pression. Alors que le nombre des contaminations dépasse déjà les 100 000 cas par jour, le patronat et les syndicats s’attendent à un durcissement des conditions.

Le patronat et les syndicats ont été consultés discrètement par l’exécutif sur les mesures qu’il va falloir prendre pour freiner l’augmentation des contaminations au variant Delta et à l’arrivée très rapide de son successeur, le variant Omicron.

Le conseil de sécurité sanitaire va examiner aujourd’hui en détail, la situation sanitaire telle qu’elle se présente en cette fin d’année et qui est très différente de ce qu’elle était au début du mois de décembre. Les termes de l’équation sont finalement très simples :

1e : le nombre de contaminations augmente très, très vite. Plus de 100 000 actuellement par jour, sans doute 200 000 début janvier, 2 millions par jour vers le 15 janvier.  

2e : ces contaminations massives n’entrainent des cas graves que pour les sujets à risque ( personnes âgées et comorbidité) et les non-vaccinés. Pour la grande majorité des autres cas, la contamination est asymptomatique ou alors provoque une simple fièvre et des indispositions du même type que celles d’une grippe assez classique. Dans ces conditions, normalement il n’y a pas de risque d’encombrement dans les hôpitaux pour cause de Covid.  Si les hôpitaux sont gênés, c’est à cause du manque de personnel. Et pour cause...

3e : le protocole mis en place par les services de santé, et repris par le conseil de sécurité sanitaire, préconise un isolement total de 14 jours pour les cas positifs et de 7 jours pour les cas contacts de cas positifs.

L’état des lieux est donc très facile à établir. Mais la situation va devenir insupportable à la vie sociale et économique.  Parce que si ce protocole est appliqué à la lettre, il conduit tout droit à une désorganisation de la société. Comment imaginer le fonctionnement normal des entreprises et des services publics dans un pays ou plus de 20 millions de sujets seraient « cas-contact » et par conséquent, placés à l’isolement ?

De nombreux secteurs d’activité sont d’ores et déjà perturbés par le manque de personnel et par l’absentéisme croissant pour cause de Covid. Qu’en sera-t-il si les entreprises sont obligées de ralentir pour cause d’absentéisme? Le télétravail, ça passe dans certains cas mais avec en plus, le risque d’une vague d’arrêts de travail, ça ne passera plus. C’est le cas dans le transport où les conducteurs de bus ou de train viennent à manquer. Idem dans le bâtiment et surtout dans la restauration et l’hôtellerie.  

Les organisations patronales sont très prudentes parce qu‘elles craignent des blocages et n’osent pas le dire trop pour ne pas paniquer les clients. Quant aux syndicats très présents dans les services publics, ils restent très discrets sur la situation des personnels. L’absentéisme est déjà une maladie chronique de l’administration française. L’exécutif a donc beaucoup consulté pour prendre la fièvre et se retrouve assez désemparé.  

Depuis deux mois, il avait tout misé sur la vaccination en menaçant les non-vaccinés de les mettre en confinement de fait. Le passage du pass sanitaire au pass vaccinal, qui sera juridiquement acté par le Parlement début janvier, vise à rendre la vaccination obligatoire et rendant la vie des non-vaccinés insupportable.

Ça permettait de faire avancer la couverture vaccinale sans être obligé de rendre la vaccination obligatoire (ce qui sera le cas, dans les faits avec le pass vaccinal) mais surtout d’éviter d’appliquer des sanctions à ceux qui ne respecteraient pas l’obligation. Ils se les appliquent eux-mêmes.

L’arrivée du variant Omicron, conjuguée à la vague Delta, a changé les règles du jeu en décuplant les cas positifs non graves, mais contagieux, et les cas contacts. Le résultat de cette nouvelle donne est d’avoir à assumer une situation qui confère au blocage.

Face au conseil de sécurité, l’exécutif va devoir trancher entre deux stratégies.

Ou bien, il décide un confinement strict

Ou bien il assouplit le protocole visant les cas contacts pour se concentrer sur les cas positifs.   

On peut aussi imaginer un compromis entre ces deux solutions extrêmes. Un compromis qui aurait le soutien des chefs d’entreprise et qui reviendrait à accepter, d’un côté un confinement de certaines activités très publiques (spectacles, réunions larges) et de l’autre, un allègement de la contrainte d’isolement pour les cas contacts qui ne pourraient n’être astreints qu’à une obligation de testing quotidien pendant 7 jours.

Dans ce cas-là, seuls les cas positifs seraient soumis à l’isolement ou une quarantaine de 14 jours.