Covid, récession, effets de l’Ukraine… la Chine collectionne les bugs et du coup, s’affaiblit au niveau international.
Le gouvernement français est retombé dans ses habitudes étatiques de réguler les prix pour éviter l’inflation et protéger le pouvoir d’achat. C’est la plus mauvaise des réponses. Pour résister à l’inflation, le système a besoin de transparence et de liberté.

Sur le Covid et la difficulté qu’ont les Chinois à s’en débarrasser, sur la situation économique qui n’a jamais été aussi mauvaise, sur l’impact du comportement des Russes en Ukraine, sur l’évolution des échanges internationaux, sur le modèle de développement économique et sur la stabilité politique à Pékin, la gouvernance de Xi Jinping traverse une phase d’incertitudes et sans doute, de fragilité qui préoccupe la majorité des dirigeants de la planète et notamment du monde des affaires en Occident.
Réunis pendant toute une semaine lors de ce dernier forum de Davos, la majorité des participants déjà convaincus que la mondialisation à laquelle ils ont contribué depuis le début du siècle ont clôturé leurs travaux, avec la certitude que la mondialisation n’est évidemment pas condamnée, qu‘il va falloir accepter des régulations plus fortes, mais ont quitté Davos avec la certitude que l’essentiel du changement va dépendre de la Chine.
Les rapports n’ont pas manqué pour démontrer que la Chine était désormais aux prises avec des problèmes auxquels le régime n’avait pas de solutions immédiates et satisfaisantes. Depuis 4 ans, le modèle chinois n’a pas cessé de collectionner les bugs.
1er bug : le Covid. Cette pandémie n’a pas seulement révélé au monde entier l’incapacité du régime d’être transparent sur l’origine du virus, mais elle a aussi montré que la Chine n’avait pas d’autres moyens de lutter contre le virus que de confiner de façon extrêmement brutale.
Le système de santé n’a pas été en mesure de gérer les cas graves, la recherche et l’industrie pharmaceutique n’a produit, ni traitement, ni vaccin, contrairement à l’Occident qui a pu, en un temps très court, sortir des vaccins. Les campagnes de vaccination n’ont pas fait de miracles, mais elles ont empêché les cas graves.
La Chine a donc choisi les confinements et plus de trois ans après le début de l’épidémie, elle est encore obligée de pratiquer cette méthode moyenâgeuse pour limiter la circulation du virus. Shanghai et Pékin, la plupart des sites industriels recommencent à peine à se réveiller de ce coma artificiel à condition de poursuivre le dépistage régulier de toute la population et d’enfermer les cas positifs, ce qui est très contraignant.
Cette méthode n’a donc pas prouvé son efficacité. Surtout, bien qu’il existe assez peu d’informations, la population urbaine commence vivre très mal cette situation. Le régime est, dans certains quartiers des grandes villes confinées, en risque de manifestations populaires, et pourrait perdre le contrôle. Ce que redoute par-dessus tout le pouvoir.
2e bug. La situation économique n’a jamais été aussi incertaine. Les phases de confinement ont bloqué l’activité et la récession pourrait survenir. A cela s’ajoutent les risques de pénuries de produits alimentaires et de matières premières et l’inflation. La guerre en Ukraine et l’ampleur des sanctions ont encore aggravé cette tendance. Le régime chinois se retrouve pour la première fois dans l’incapacité d’accueillir des populations qui partent de la campagne pour aller travailler en ville. L’intégration au marché et au changement de vie est de plus en plus difficile. Le phénomène de modernisation et d’industrialisation est en panne.
3e bug. Parallèlement à cette modernisation, le pouvoir pensait offrir à la population une visibilité géopolitique plus grande, d’où les ambitions déclarées d’accroître son emprise sur l’Asie et ailleurs : d’où les changements à Hong-Kong, le projet à peine voilé sur les îles de la mer de Chine, sur Taiwan, d’où le formidable projet de restaurer et d'ouvrir les routes de la soie pour construire des liaisons avec le Moyen-Orient, l’Europe et l’Afrique. Mais compte tenu de ce qui se passe désormais en Europe et en Russie, les observateurs occidentaux et notamment américains, présents à Davos, estiment que Pékin ne viendra pas soutenir Poutine et surtout ne prendra pas le risque d’avoir à gérer des sanctions qui viendraient couper les courants d’affaires. Alors que l’Occident, l’Amérique et l’Europe essaient de s’affranchir des approvisionnements étrangers, les rares représentants d’entreprises chinoises présents à Davos reconnaissent n’avoir jamais eu autant besoin de l’accès aux marchés occidentaux, de la technologie et des investissements.
4e bug, la stabilité politique va se retrouver en risque. Comme en Russie, et dans beaucoup de régimes autoritaires, la gouvernance chinoise a beaucoup de mal à lutter contre l’inflation, parce que l’inflation diminue la compétitivité des produits exportés et lamine le pouvoir d’achat, mais elle a encore plus de mal à maintenir un taux de croissance économique suffisant. A moins de 5 ou 6 % de croissance annuelle, les experts chinois admettent que le tissu social craque.
La confiance dans la gouvernance qui a promis des « lendemains qui chantent » ; et notamment une voiture, un logement équipé pour le plus grand nombre, sans parler des équipements collectifs et des services publics de santé, d’éducation et de protection sociale accessibles. La confiance se fissure.
Et dans une société qui n’a pas de culture démocratique, le régime installé à vie au pouvoir n’a pas beaucoup d’autres solutions que l’autoritarisme.