Dépenses sociales et publiques : Macron siffle la fin de la cacophonie et le Premier ministre remet l’orchestre du gouvernement « en (ordre de) marche».

A l’issue d’un séminaire, le gouvernement a décidé d’ouvrir le chantier de l’allègement du poids de l’Etat.
La cacophonie sur le montant des dépenses publiques, c’est fini ! Enfin pour l’instant. Le président de la République a sifflé la fin de cette récré ... et c’est le Premier ministre qui a été chargé de remettre l’orchestre à l’unisson, de ménager quelques susceptibilités et de s’assurer que tout le monde utilisait la même la partition. On se souvient que Bruno Le Maire avait braqué une partie des députés en affirmant haut et fort qu’il faudrait baisser les dépenses publiques, à commencer par les dépenses sociales. La grogne était telle que certains ministres avaient cru bon de rappeler qu’il fallait peut-être faire preuve d’habileté. Jusqu’au ministre du budget, Gérald Darmanin, qui avait contredit Bruno Le Maire en disant qu’il n’en était pas question. Mais qui s’est ravisé cette semaine en expliquant que la situation économique permettait de couper dans certaines dépenses sociales « qui se justifiaient moins ». Bel imbroglio doublé d’une belle cacophonie médiatique.
A priori, le gouvernement est revenu sur une ligne claire en ressortant le dossier consacré à la baisse des « dépenses publiques ». En fait, c’est évidemment le président de la République qui a tranché. Il a tranché parce qu’il considère :
D’abord que l’une des raisons à la sous compétitivité de l'économie française, c’est la lourdeur de ses frais généraux publics et sociaux. D’où la lourdeur des impôts, des prélèvements obligatoires et de la dette. Pour alléger ce fardeau, il faut nécessairement baisser le niveau des dépenses.
Ensuite, il estime qu‘on peut le faire en période de forte croissance, ce qui est le cas actuellement mais qui ne va peut-être pas durer.
Enfin, il sait que les risques sociaux sont limités. L’échec des manifestations syndicales et d’extrême gauche le week-end dernier, l’enlisement de la grève à la Sncf, cette situation montre bien que la convergence des luttes voulue par la CGT et le mouvement des insoumis, est très compliquée à organiser.
Quand Emmanuel Macron a analysé cet état des lieux en rentrant le week-end dernier de Saint Pétersbourg, il a pris la décision de relancer ce chantier de réformes de l’Etat qui est sans doute le plus important au niveau des structures. En bref, c’est maintenant ou jamais, la conjoncture est bonne, la météo est clémente, le climat social est plutôt en voie d’apaisement et les risques de cacophonie sont désastreux à terme.
Lors du séminaire gouvernemental, décision a été prise de rentrer dans le jeu et très vite.
En terme comptable, le gouvernement a besoin de trouver pour 60 milliards d’économie.C’est un engagement pris à Bruxelles, mais c’est surtout pour retrouver des marges de manœuvre et permettre à l'appareil économique de rebondir. 60 milliards d’économie sur la dépense publique et sociale, c’est 60 milliards de plus pour le secteur marchand, pour l’économie de concurrence et la création de richesse et d’emplois.
Le problème, c’est que les outils habituels de RGPP qui reviennent à raboter les budgets publics sont désormais à bout de souffle. Les gouvernants sont arrivés à l’os dans le domaine de la fonction publique d’Etat avec en plus, une aversion pour les méthodes comptables. Emmanuel Macron estime que si on aborde la question sous l’angle de l’organisation, et de l’efficacité pour le public ou les clients, la réforme et le changement ont un sens et sont mieux acceptés. C’est un peu ce qui s’est passé à la Sncf. La réforme de la Sncf n’a pas provoqué un phénomène de rejet général auprès des personnels parce que les clients y ont vu une amélioration possible du service rendu.
Il faudra donc s’attaquer aux structures et à l’organisation. Et normalement, si partout on essaie de faire mieux, on fera aussi moins cher par rapport au produit.
Trois pistes de travail :
1ère piste, la baisse des aides sociales selon le critère d’efficacité. Globalement, le montant de la dépense sociale est considérable puisqu’il est équivalent aux dépenses publiques. Normalement, l’aide sociale existe pour compenser une difficulté économique. Si les difficultés reculent, on devrait avoir moins besoin d’aides sociales. Si le chômage diminue, ce qui est le cas, le cout de l’indemnité chômage doit diminuer. Or ce n’est pas le cas.
2e piste, accroitre l’efficacité, c’est à dire la productivité de la dépense sociale et publique.On doit pouvoir s’interroger sur les effets de la dépense sociale comparée à l‘effet de la dépense privée. On doit pouvoir s’interroger sur l’organisation et les horaires de travail dans l’administration.
3e piste, réduire le périmètre de l’Etat et des collectivités locales. Ça passe par des privatisations, ça passe par des délégations de compétence à condition que la mission de service public soit garantie, ça passe aussi par l’introduction de la concurrence dans les secteurs dominés par le public comme la santé ou les transports.
