Dettes Covid : Très confiants dans l’économie, les Français craignent une hausse des impôts alors qu’il existe des solutions alternatives ...

Les Français sont partis en vacances en toute confiance dans la capacité de l’économie à se redresser, mais convaincus aussi qu‘il faudra bientôt rembourser l’argent magique par des impôts nouveaux, alors qu’il y a des solutions alternatives dont le gouvernement n’ose pas encore parler.
Le fonctionnement du système économique soulève des sentiments contradictoires chez les Français. Alors qu’un sondage très récent (Opinion way pour Les Échos et Radio classique) indique que les Français n’ont jamais été si nombreux à croire dans la capacité du système économique à se relever de cette pandémie, cette confiance rassemble plus de 60 % des Français. Ce qui veut dire que ce sentiment est soutenu par les décisions de renforcer l’arsenal de lutte anti-Covid, qui ne rend pas la vaccination ou le pass sanitaire obligatoire pour tous, mais qui en fait une obligation incontournable pour pouvoir vivre normalement.
Cette confiance des Français se conjugue à la solidité des entreprises en général à assumer en accélérer les mutations qui s’avèrent désormais indispensables à la croissance du futur. Mutation digitale et transformation énergétique et plus généralement organisationnelle.
Alors, il y a encore des trous noirs dans la perspective mais on les connaît : les entreprises qui sortent malades de la pandémie l’étaient avant la pandémie et parmi elles, beaucoup se sont mises en mode survie grâce aux aides mais n’ont pas pu ou pas su se transformer. L’heure de vérité approche.
Il reste des incertitudes importantes sur le front sanitaire.
D’abord, il existe une part de la population qui se radicalise contre le vaccin, mais cette part couvre en partie celle qui a radicalisé les positions pro-écologiques et qui sont plus antisystème qu’anti-sanitaire. Ce problème est purement politique.
Ensuite, on ne sait pas exactement l’ampleur de l’effet des variants qui apparaissent et qui jettent un doute nouveau sur la date et les modalités de sortie. Pour l’instant, il semble bien que les vaccins soient capables d’amortir l’effet de la nouvelle vague des variants Delta.
Au-delà de cette incertitude, les Français sont donc très confiants dans l’évolution économique pour une raison principale. Ils reconnaissent que l’Etat, l’exécutif présidentiel, le gouvernement et notamment Bercy sous la houlette de Bruno Le Maire ont fait le job pour protéger les actifs de production et les contrats de travail ce qui n’a pas été le cas dans beaucoup de pays occidentaux, compte tenu de la violence du tsunami sanitaire. Les Français ont compris que le risque était plus sanitaire et qu’en se protégeant comme on a fait, on devait éviter la catastrophe économique et sociale. Encore aujourd'hui avec le risque des variants, l’exécutif fait tout pour protéger le fonctionnement du système (prolongation des aides jusqu'à la fin de l’année). C’est plus ou moins bien compris, mais ça fonctionne. Les faits et les chiffres finissent par avoir raison.
Mais si les Français sont confiants dans la résilience du système économique, ils s’attendent à une hausse des impôts pour payer la dette Covid qui est évidemment considérable : environ 700 milliards d’euros en deux ans. Entre les plans de soutien et de relance, le social, on aura du mal à réduire le déficit budgétaire, fixé pour la deuxième année de suite à plus de 9 %. Or, jamais, au cours de toutes les séquences pandémiques, le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l’économie n’ont parlé de la nécessité de relever les impôts.
Pour les Français en général, c’est évidemment suspect.
Il y a deux explications à cette situation.
D’une part, une explication politique, dans la mesure où on voit mal une gouvernance entrer en campagne électorale en annonçant une majoration des impôts, dans un pays qui est déjà champion du monde des prélèvements obligatoires et qui n’est pas sorti complètement du Covid.
D’autre part, il existe une explication économique à ce silence fiscal qui inquiète : la hausse des impositions pour rattraper les déficits et rembourser la dette serait une erreur puisqu’elle casserait automatiquement les leviers de reprise de l’économie. Par ailleurs, le relèvement fiscal ne sera pas forcément nécessaire.
Cette dette ne coute pas cher puisqu’elle est contractée très facilement à taux zéro ou même négatif. Ce qui coute cher, c’est la persistance d’un déficit de fonctionnement excessif.
La stratégie alternative à l’augmentation des prélèvements qui est visiblement portée par le président et son ministre de l’économie, n’est pas exprimée publiquement mais elle se prépare forcément entre L’Élysée et Bercy qui sont sur la même longueur d’ondes. Elle s’articule sur trois axes.
Le premier, c’est la conviction qu’il y a peu de risques que les taux d’intérêt augmentent avant longtemps. La mondialisation et le digital nous ont fait entrer dans un nouveau paradigme où les risques sont moins financiers que technologiques et politiques. D’où le rôle premier de la dette pour les pays développés.
Le deuxième axe est la nécessité de booster la croissance économique par la consommation, l’investissement et la productivité technologique. Une combinaison entre l’effet Schumpeterien pour l’innovation et l’effet Keynésien pour le financement. Mais la croissance revient mécaniquement à réduire la dette en la rabotant de fait, de la différence entre le taux de croissance et le prix de l’argent. On a connu cela pendant les Trente glorieuses avec l’inflation qui jouait le même rôle que les taux zero actuellement.
Le troisième axe est nécessaire à cette équation « croissance forte- dette ». Ce troisième axe impose de réduire les frais de fonctionnement et de stopper la progression de la dette. C’est évidemment très compliqué à mettre en œuvre en fin de quinquennat mais cela sera indispensable après les élections, si le président élu ou réélu veut tenir une promesse de croissance forte avec une fiscalité light. Ça passe par beaucoup de réformes structurelles :
- formation et éducation, la mère de toutes les évolutions
- système de santé
- Services publics. Il faudra évidemment passer d’un système dominé par des services publics lourds, couteux et peu efficaces à des services privés rendus au public, dont le seul souci est la qualité et la performance servies au client
Quant à la solidarité sociale indispensable dans une société moderne, le modèle peut fonctionner dans une logique assurancielle qui lui imposerait une plus grande efficacité.
Si l’exécutif gère correctement la privatisation, le management administratif et la logique assurancielle, il réduit le périmètre de l’Etat à ses fonctions régaliennes, ils laissent faire les entreprises faire leur job et s’affranchit d’une obligation de hausse d’impôt.