Emmanuel Macron face à quatre rendez-vous difficiles avec sa majorité.

On pensait que l’opposition à Emmanuel Macron viendrait de la rue, la réalité c’est que c’est à l’intérieur même de sa majorité que ça grogne fort.

Emmanuel Macron, au plus haut dans les sondages, se retrouve désormais face à une majorité qui commence à se fracturer. Personne ne s’attendait à ce que les difficultés viennent du Parlement. On pensait que la rue, occupée par les syndicats et par la France insoumise, allait freiner cette fièvre réformiste, en réalité, les premières réformes qui touchent à la sphère économique sont passées sans trop de bruits ou rumeurs, en particulier les ordonnances sur la flexibilité et l’aspect fiscal sur le budget.
Le gouvernement a réussi à flexibiliser les conditions de travail, puis à renverser les priorités fiscales au bénéfice du capital et de l’investissement.
Son problème aujourd’hui est qu’on entre dans une deuxième phase de réformes, qui soulèvent la grogne et la rogne d’une partie de sa majorité, alors qu’il reste soutenu par les élus républicains et surtout une grande partie de l’opinion de droite mais aussi de gauche.
Emmanuel Macron défend précisément quatre dossiers qui passent mal et qui vont durcir le débat politique au sein même de sa famille majoritaire mais recomposée. Quatre dossiers.
Le premier de ces dossiers a déjà fortement bousculé les députés du mouvement En Marche et concerne la loi de réformes des conditions de l’immigration. L’idée de raccourcir les délais d’examen des dossiers de demandeurs d’asile ou de candidats à l’immigration ne passe pas chez les députés issus de l’ancienne gauche qui souhaiteraient un peu d’humanisme dans le traitement de l’immigration. On ne peut pas féliciter Angela Merkel d’avoir accueilli plus de 1 million de migrants et fermer les portes assez brutalement chez nous. Beaucoup à gauche pensent qu’il doit y avoir d’autres solutions. Quant aux libéraux qui avaient rejoint Emmanuel Macron, ils ne manquent pas de rappeler que l’immigration représente une force d’innovation et de progrès dont on aurait tort de se priver.
Le deuxième dossier à l’origine de la grogne concerne évidemment l’avenir de Notre-Dame des Landes et le sort qui sera réservé aux zadistes qui, quelle que soit la décision prise, devront évacuer la région. La gauche d’En marche s’inquiète des conditions d’évacuation. Emmanuel Macron ne peut pas montrer le moindre signe de faiblesse. Quoi qu’il décide sur la localisation de l’aéroport, les Zadistes n‘auront aucune raison de rester. Tolérer cette présence, c’est ouvrir la porte à une multiplication de manifestations de ce type.
Le troisième dossier bourré d’épines concerne l’assurance chômage et la réforme de la formation. Les négociations préalables ont très mal commencé puisque tous les syndicats, de salariés et de patrons, refusent le changement.
Le quatrième dossier porte sur la réforme même de l’entreprise, ses statuts et sa gouvernance. Un projet un peu fourre-tout défendu par le ministère de l’économie et qui vise à répondre à tous ceux qui pensent que la politique défendue par le gouvernement est trop favorable aux entreprises et aux actionnaires. D’où toute une série de projets pour renforcer les contrepouvoirs salariés ou extérieurs.
L’un d’eux, notamment, cherche à renforcer la participation des salariés au conseil d’administration d’une part et au capital d’autre part. C’est un moyen de motiver les salariés. C’est aussi un moyen de renforcer les défenses de l’entreprise contre les prédateurs venus de l’extérieur.
Il y a un autre projet dans cette loi sur l’entreprise qui consisterait à changer les statuts en élargissant les fonctions, et l’objet social de l’entreprise. Actuellement, une entreprise n’a pour objet que de satisfaire des obligations économiques et financières. Le projet serait d’ajouter avec un caractère obligatoire des objectifs sociaux et environnementaux.
C’est un projet très ambitieux qui correspond à une certaine réalité. L’entreprise en bonne santé a intérêt à respecter les critères sociaux et les contraintes d’environnement. L’entreprise n’a évidemment pas comme seule préoccupation de créer une zone de confort à l’avantage exclusif de ses dirigeants et de ses actionnaires. Elle doit aussi en faire bénéficier ses clients, ses salariés et son environnement. C’est une condition de son succès. Le problème, c’est que juridiquement, c’est beaucoup plus difficile à garantir.