Emmanuel Macron peut-il redonner aux Français le gout du travail et de la croissance?
Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir avec la promesse de restaurer la prospérité
économique. Il est très loin d’avoir gagné son pari parce qu’il se heurte à la résistance de la
majorité d’une opinion qui refuse le changement …

Macron, saison 2
Le président de la République se heurte désormais à l’opposition d’une grande majorité de
Français qui refusent les changements pour lesquels il avait été pourtant élu.
Au début de son premier quinquennat, Emmanuel Macron a séduit la majorité des Français
avec un programme de réformes visant à restaurer la prospérité française par l’adaptation
aux grandes mutations qui ont touché la planète : le digital et les progrès technologiques, la
mutation environnementale et les opportunités d’activités nouvelles parce que
décarbonées. Il offrait à la France de retrouver la culture du travail, une place équilibrée
dans la mondialisation et une position de leader de l’Union européenne.
Très rapidement, il s’est retrouvé face à une résistance collective au changement qui a
engendré la crise des gilets jaunes. Il en est sorti vainqueur par la pédagogie dispensée lors
de ses grands débats. Pour retomber presque immédiatement dans la crise du covid. Une
crise mondiale qui n’a épargné personne mais de laquelle les pays occidentaux sont sortis
abîmés, même si la plupart ont pu protéger leurs actifs de production et leurs acquis
sociaux… Tout cela a couté très cher. Tout le monde a fait semblant qu’on parviendrait à
payer.
La guerre en Ukraine que personne n’avait prévu ( sauf les services secrets américains ) a
révélé brutalement que les valeurs de la démocratie et de l’économie de marché en
Occident depuis la fin de la deuxième guerre mondiale n’étaient pas universellement
partagées. On s’en doutait un peu, mais personne ne pensait que le monde était capable de
retomber dans les risques de l’horreur.
En France, Emmanuel Macron a été réélu pour un deuxième mandat, ce qui en fait le
premier président de la Ve République réélu hors cohabitation mais avec une majorité
toute relative ce qui veut dire concrètement qu’il a perdu sa légitimité
Ignorant ce détail, Emmanuel Macron a donc repris le programme de réformes qu’il avait présenté
lors de son premier mandat et se retrouve à nouveau face la résistance du corps social qui
s’est rebiffé, face à la première réforme des retraites. On en est là et la saison 2 de la série
se présente franchement très mal , même si Emmanuel Macron s’est donné 100 jours pour
rebondir.
La vraie question qui se pose est de savoir si l’opposition s’adresse à lui , à sa façon de
faire , ses habitudes , à son arrogance pour reprendre un qualificatif devenu banal ou alors
si elle vise le fond de la politique qu’il entend conduire d’ici la fin de son deuxième
mandat.
Adapter la production?
Beaucoup de philosophes, de sociologues et d’économistes commencent à penser qu’en
dehors de toute idéologie, les mutations en cours qui paraissent incontournables deviennent
aussi insupportables à l’opinion publique.
Pour beaucoup de chercheurs universitaires, il existe en Occident un gout prononcé pour
tourner le dos, freiner et même refuser le progrès technologique dans la plupart des
domaines et par conséquent la croissance.
La tendance au ralentissement de la croissance est d’ailleurs partagée par tous les grands
pays occidentaux en Amériques comme en Europe, c’est un fait statistique lié à la
conjoncture mais cette tendance peut être aussi le résultat gout de la décroissance qui pour
beaucoup serait la solution aux difficultés de l’avenir.
Pour lutter contre la pollution, le premier des moyens serait de moins produire pour
préserver les activités essentielles, le mieux serait de restreindre les échanges
internationaux , etc…
Produire moins , consommer moins et autrement et surtout travailler moins etc . Les
économistes classiques, Ricardo ou Malthus, développaient déjà ce type de thèse pour
prévenir le ralentissement du capitalisme. Beaucoup de chercheurs s’interrogent aujourd’hui
sur l’évolution de la productivité qui a tendance à baisser en dépit des efforts
d’investissement technologiques considérables.
La bêtise de la décroissance
Un certain nombre de valeurs sont remises en cause aujourd‘hui et mettent évidemment
en danger les modèles de croissance économiques nécessaires.
La production de richesses ne peut pas s’arrêter et mettre en danger des peuples entiers qui
en ont été privés, les besoins comme les envies sont lions d’être saturés, la démographie et
l’espérance de vie ont besoin de recherches, le monde entier a besoin d’éducation, de
formation et de progrès. Ces besoins dépassent les questions religieuses et culturelles.
Ce sont les tendances lourdes à la décroissance qui alimentent les courants populistes dans
les grandes démocraties et qui font évidemment le lit des régimes autoritaires.
Le comble est que tous ceux qui, consciemment ou pas, travaillent à la décroissance se tirent
une balle dans le pied parce qu’ils en seront les premières victimes.
L’obligation impérieuse des dirigeants politiques dans les grandes démocraties est
évidemment de convaincre leur opinion des changements nécessaires. Redonner le gout du
travail et de la croissance.
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