Eric Woerth : «Hollande n’a pas provoqué un choc de propositions ! »

Globalement, comment avez-vous jugé la prestation de François Hollande ce soir ?
J’ai trouvé ça assez inodore et sans saveur. François Hollande a appelé à un choc de simplification, en tout cas il n’a pas provoqué un choc de propositions ! Tout cela n’est pas vraiment à la hauteur du sujet. On se donne aucun outil, aucune énergie pour faire cela. Et puis surtout, il redécouvre que l’on peut investir dans les secteurs d’avenir, on le faisait depuis bien longtemps ! On était dans un discours de café du commerce sur l’avenir de la France. C’était un exercice de communication, il se trouve qu’il est plutôt raté.
Regroupement des achats, dématérialisation, retraite, doublons dans les services… Le Président a fait l’annonce de plusieurs moyens de réduire le déficit de l’État. Sont-ils suffisants ?
Sur le regroupement des achats, il réinvente la RGPP. Je ne sais pas s’il est courant, mais j’ai créé le Service des Achats de l’État. Donc ce service existe parfaitement à Bercy, il regroupe l’ensemble des achats de notre État. Sur les retraites, il ne connait pas le sujet. On voit bien qu’il évite de parler de l’âge en le remplaçant par la durée de cotisation. Cette durée-là ne va rien changer du tout. Le cœur de la réforme c’est l’âge de départ.
Et sur la simplification des échelons administratifs ? Votre camp le réclamait, êtes-vous satisfait ?
A l’époque où François Hollande était dans l’opposition, lui et ses amis du PS critiquaient absolument toutes les réformes de simplification administrative. Que ce soit la diminution des directions des départements, des régions, des hôpitaux. Toutes ces réformes, lourdes de simplification, ont été critiquées et ont parfois, fait l’objet de manifestions !Donc tant mieux s’il redécouvre tout cela mais quelle perte de temps ! Globalement, on est dans de la petite mesurette, avec de petites ambitions. 10 mois de silence pour si peu de choses…
François Hollande a donné l’image d’une politique plus libérale. Ce virage est-il réel et durable ?
Rappelons que la grande partie de son gouvernement est très à gauche. Et puis, je pense qu’il ne sait pas trop au fond ce qu’il pense lui-même. Tout cela n’a pas de cap et va à vau-l’eau. Quand il annonce qu’il baissera d’un milliard les dépenses en 2014, il ne dit pas où et comment. Et puis, ce n’est pas un milliard de moins qu’il faut dépenser. C’est beaucoup plus ! Je crois aussi que l’on ne peut pas s’acharner à dire qu’il faut simplement trouver la croissance. La croissance oui, mais pour quoi faire ? Dans quelles conditions ? Pour quel modèle de société ? C’est cela que l’on attend d’un président de la République.