Face à l’offensive de Disney, Amazon, Google et Apple, les chaines de télé et le cinéma vont être définitivement dépassés.

La guerre du contenu vidéo que se mènent les géants de la tech est en train de modifier le paysage audiovisuel historique.

Vous avez aimé « House of cards » ou  adoré « Le Bureau des légendes », vous ne décrocherez pas de Disney. Derrière les grandes chaines de télévision, c’est la guerre. Disney a annoncé son arrivée en cassant les prix avec du Disney et Pixar passé et présent et quelques opus de National Geographic. Amazon se lance elle dans le jeu d’aventure et recrute Tony Parker et ce n’est pas fini, on attend les offres de Noel de Apple et Google.

Les  experts appellent ça « l’économie de l’attention ». Pourquoi ? Parce que ces contenus sont accessibles partout et n’importe quand. Très facile d’accès, le défi est surtout fidéliser le consommateur et de l’amener à s’abonner. Et du coup, tout est bon. Les meilleurs réalisateurs, les plus grandes stars, un gros travail d ‘écriture surtout de la part des scénaristes.

Les plateformes rivalisent de nouveautés et d’originalités pour capter les millions d’utilisateurs qui regardent chaque jour des contenus en streaming, mais elles viennent aussi marcher sur les plates-bandes déjà établies des acteurs traditionnels. Les salles de cinéma connaissent depuis quelques années déjà une baisse de fréquentation de l’ordre de 5% par an. En télévision classique, on mesure l’audience par la durée d’écoute journalière. Elle s’établit aujourd’hui à 3h30, avec des baisses régulières de 10 minutes chaque année et surtout un plongeon des chaines historiques (TF1, France TV…) tandis que le temps d’écran devant un smartphone est lui estimé à près de 3 heures par jour.

Sport, humour, séries, cinéma, jeux, la bataille est de savoir qui diffusera le meilleur contenu. Avec pour conséquence des droits TV qui peuvent atteindre des montants astronomiques. Les droits dans le football ont par exemple triplé en 10 ans, et des acteurs comme HBO sont prêts à payer des droits comme 85 millions par an pour diffuser une série comme Friends. Quand il y a de nouveaux entrants sur un marché, les produits les plus populaires prennent forcément de la valeur.

Le streaming vidéo, c’est un demi-milliard d’abonnés à travers le monde, déjà, alors qu’il y a 10 ans ça ne concernait que quelques dizaines de millions de personnes. Dans ce marché, Netflix est pour l’instant un grand leader avec une part de marché de 30% et 150 millions d’abonnés à travers le monde, dans plus de 190 pays. Amazon, le challenger, en dénombre déjà plus de 100 millions via son service de livraison Prime, qui permet d’obtenir l’accès à Prime Vidéo. En France, Netflix est aussi en tête avec 56,6% des utilisateurs, devant Amazon Prime Vidéo, 21,8%, Canal+ Séries, 20,7% et Orange (OCS), 19,5%. Mais c’était avant l’arrivée de Applet+, Google ou encore Disney+.

Disney, le nouveau venu, a annoncé mardi qu’il cassait les prix, avec un abonnement près de deux fois moins cher que Netflix. Disney ne sera disponible qu’en mars prochain en France. Mais pour les plateformes déjà présentes, leur but n’est pas de balancer des contenus sans prendre en compte les spécificités de chaque pays.

Amazon Prime Vidéo compte frapper fort dès l’an prochain, avec la production de séries françaises, mais aussi des divertissements où les stars s’affichent déjà à côté d’Amazon (un grand jeu d’aventure en Australie réunira notamment trois champions du monde de foot ou encore Tony Parker). « Nous n’en sommes qu’au début de nos investissements » nous avertissent les représentants de la plateforme en France.

Le divertissement est sur le point de se transformer durablement :

Premier point, il y a eu une uberisation du secteur, où l’on a mis de côté les intermédiaires pour accéder à un contenu SVOD – c’est-à-dire à la demande. Les nouveaux acteurs s’affranchissement des producteurs et des distributeurs, les chaines de télé traditionnelles pour aller toucher directement leur public via l’application. Sur une seule plateforme, on retrouve à la fois des films exclusifs, séries produits ou contenus achetés.

Deuxième point : les plateformes sont aussi confrontées à un terrible retour de bâton : comme elles sont accessibles sur n’importe quels smartphones, il est facile pour les utilisateurs de se partager des comptes et de mots de passe de sorte à ne payer qu’un seul abonnement. D’un autre côté, si les plateformes mettent en place des moyens de se protéger (mot de passe par sms…), elles rendront moins fluide l’expérience utilisateur.

Dès lors, la question pour toutes ces  plateformes sera d’arriver à  être rentable. Et dans l’univers des technologies, on a vu par le passé qu’il n’y avait pas de place pour tout le monde.

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