Grèce, euro, taux… : Alerte rouge sur la probabilité d’une nouvelle crise financière mondiale !

La probabilité d’une nouvelle crise financière mondiale n’a jamais été aussi forte. Les milieux financiers n’ont pas tiré la leçon de la crise précédente. Pris sous la pression de leurs clients, des épargnants et des intérêts à court terme, la plupart ont renoué avec des pratiques à risque. Les gouvernements démocratiques eux n’osent toujours pas dire la vérité à des opinions publiques très inquiètes. Ils continuent de mentir en proférant des promesses irréalisables.
Les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’équilibre du système financier mondial sont de quatre origines.
1° Le premier foyer de crise est en Europe. La pérennité de l’union européenne et de la zone euro n’est absolument pas sécurisée. La crise grecque secoue quoi qu’on dise, l’ensemble des partenaires européens. La situation est bloquée. Le gouvernement Grec ne veut absolument pas négocier avec les instances internationales, le FMI, la commission européenne et la BCE, lesquelles ne peuvent pas accepter d’oublier les dettes de la Grèce et surtout de permettre à la Grèce de continuer d’en contracter sans contrôle ni retenue. Accepter d’annuler le passif de la Grèce, reviendrait à imposer aux contribuables occidentaux de payer à nouveau la facture. Cela reviendrait à prendre à nouveau le risque de voir d’autres pays formuler la même exigence. Pourquoi pas ? Bref, hypothèse impossible, mieux vaut prendre le risque d’une faillite grecque et par conséquent laisser le pays sortir de l’euro, s’il ne peut faire aucun effort pour honorer ses obligations ou même rassurer ses créanciers.
Le gouvernement Grec s’est mis dans une position intenable. Il a été élu sur un scenario de rupture en pensant que les partenaires européens paieraient pour éviter cette rupture. C’est raté ! Le premier ministre grec n’a malheureusement plus beaucoup de solutions. Ou il accepte un compromis en revenant sur certaines de ses promesses électorales, ou bien il retourne devant le peuple. Donc avant la fin de l’année, ou bien la Grèce sera sortie de l’euro, ou bien les grecs retourneront aux urnes pour changer de gouvernement.
De l’avis de tous les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro, de l’avis de la BCE et du FMI, un Grexit, c’est-à-dire une sortie de la Grèce serait parfaitement gérable. Tout le monde se plait, à se faire peur mais les dispositions sont prises pour éviter les effets systémiques. Les liens entre la Grèce et le reste de l’Europe peuvent être débranchés.
Les risques d’un Brexit, en revanche, c’est-à-dire une sortie de la grande Bretagne seraient beaucoup plus lourds à supporter. Encore fait-il que le referendum promis par David Cameron dans la chaleur d’une campagne électorale difficile apporte une majorité favorable à la rupture.
Le premier ministre Britannique essaie de tout faire pour l’éviter, il cherche donc à négocier des aménagements dans la gestion européenne qui ne seront que des aménagements de façade. La majorité des dirigeants et du monde des affaires plaident au contraire pour un renforcement de l’union, vers plus de coordination et de solidarité. C’est le sens du document déposé ce week end par la France et par l’Allemagne.
La probabilité d’une crise européenne provoquée par la Grèce est très forte, mais les risques de cette crise sont faibles.
Les risques d’une crise provoquée par un depart de la grande Bretagne sont tres lourds, mais la probabilité de la crise est très faible.
2° Deuxième source de crise, le risque de bulles financières provoquées par un excès de liquidités. Le monde entier est inondé de liquidités. Depuis 2009, la plupart des banques centrales ont déversé des milliards de dollars sur les économies afin d’éviter l’asphyxie et éteindre les risques d’incendie sociaux ou politiques. La Reserve fédérale, la banque du Japon, la banque d’Angleterre et aujourd’hui la banque centrale européenne, ont toutes joué les pompiers en rachetant massivement de la dette pour garantir des émissions de monnaie. Rien que depuis 2013, les banques centrales ont déversé près de 10 000 milliards de dollars en liquidités dont la moitié aux Etats-Unis. Ces liquidités auraient du irriguer les économies réelles. Elles l’ont fait. Un peu. Trop peu.
Ces liquidités ont surtout dopé les actifs financiers. Les banquiers et les financiers s’en sont servis plus, pour spéculer que pour inciter les acteurs de l’économie à investir. D’où les bulles qui se sont formées sur les marchés « actions » aux Etats-Unis et en Europe. Ces bulles donnent un sentiment de richesse et de prospérité, mais comme en l’an 2000, ou en 2007 et 2008, elles peuvent exploser. En général, les cycles spéculatifs durent 7 ans, 7 ans pour redresser le système et faire gonfler une bulle.
3° Le troisième risque de crise, se cache dans les taux d’intérêt très bas. Les excès de liquidités ont fait baisser les taux d’intérêt au niveau zéro. La plupart des taux sont proches de zéro certains sont même négatifs. Ça peut paraitre confortable pour l’emprunteur, c’est une catastrophe pour le préteur et pour l’investisseur qui n’a plus aucun intérêt à investir. Pourquoi prendre un risque d’investisseur alors qu’il n’est pas rémunéré. Le seul intérêt de l’investisseur est de faire du capital donc de gonfler la bulle spéculative. On est quasiment en dessous de la ligne de flottaison.
Autre phénomène, les Etats qui sont les premiers emprunteurs en obligations n’ont aucune raison de se priver ou de faire des efforts d’assainissement. La France offre un magnifique exemple de ce laxisme. Elle vit à crédit et de plus en plus. Le problème dans ce type de logique c’est que les obligations perdent de leur valeur … Les financiers se tournent donc vers ce qui peut prendre de la valeur, c’est à dire des actions, alimentant ainsi, le risque de bulle. La boucle est bouclée. Reste à allumer la mèche.
Les milieux financiers, n’ont pas tiré la lecon de la crise des subprimes, ils spéculent toujours autant avec l’argent des banques centrales, sur lesquelles ils font pression pour en obtenir toujours plus, avec la complicité des états et des gouvernements. Ils ont à nouveau mis au point des instruments de spéculation hyper sophistiqués qui représentent des sommes colossales, et qui démultiplient leur force de frappe. Donc les risques.
Quand tous les marchés sont à la hausse, ça marche, mais les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel.
Alors que les banques centrales ont déversés 10 000 milliards de dollars dans le monde depuis deux ans, on estime que le total des produits dérivés fabriqués par les banquiers anglo-saxons atteindrait les 700 000 milliards de dollars. Le système bancaire international aurait donc multiplié par 70, la capacité d’intervention sur les marchés octroyée par les banquiers centraux. Mais pas au service de l’économie réelle. C’est presque 2 fois plus qu’au temps des subprimes.
Il y a donc un risque financier grave, soit par le biais d’un ajustement boursier violent, les actions boursières étant surcotées par rapport à la valeur réelle des entreprises, (c’est surtout vrai dans les nouvelles technologies), elles risquent de s’effondrer brutalement. Soit par le biais d’un Krach obligataire, les Etats ne trouvant plus d’argent sur le marché pour se financer.
4° Quatrième source de crise mondiale. Les gouvernements démocratiques ne disent pas la vérité sur la réalité des situations économiques et sur les reformes qu’il faudrait engager pour retrouver un équilibre durable. Ils ne disent pas la vérité parce qu’ils ne la connaissent pas toujours dans le détail. En 2007et 2008, les patrons de banques eux-mêmes ne savaient pas toujours ce qui se passait dans leurs propres salles de marché. En 2007, la majorité des patrons de banques ne savaient pas comment fonctionnaient beaucoup de produits dérivés qu’ils avaient acceptés de mettre sur les marchés parce qu’ils rapportaient gros. Il n y a aucune raison aujourd hui pour que ces mœurs aient changé, notamment dans les établissements anglo-saxons.
Les gouvernements ne savent pas et quand ils savent, ils n’osent pas le raconter et l’expliquer de peur de se faire jeter par leurs électeurs. La démocratie moderne fonctionne comme il y a un demi-siècle. Sur la base de promesses électorales que la croissance de 5 à 10 % l’an permettait de payer. Aujourd hui, la croissance s’est déplacée dans les pays émergents, Brésil, Chine, Inde, Afrique) les pays occidentaux sont matures et surendettés. Les hommes politiques continuent de mentir pour séduire leurs électeurs.
Quand ils arrivent au pouvoir, ils sont confrontés à la réalité d’une situation qu’ils ne peuvent pas maitriser. François Hollande doit ses difficultés aujourd hui à une campagne présidentielle construite sur un collier de contre-vérités et de promesses qu’il n’a pas pu délivrer. Le gouvernement Grec s’est mis dans une situation impossible à résoudre. Il s’est fait élire en disant qu’il allait changer le monde. Il est aujourd hui complètement bloqué parce qu’il ne peut évidemment pas changer le monde. Il risque le discrédit quand ses électeurs vont s’apercevoir qu’on leur a raconté des histoires.
La démocratie moderne ne peut plus fonctionner sur la promesse, elle devra à l’ avenir fonctionner sur la preuve et la transparence des situations. On en est loin. Mais c’est très gérable.
Les probabilités d’une nouvelle crise sont d’autant plus fortes que les gouvernements sont dans l’impossibilité de dire la vérité et par conséquent, ils sont dans l’impossibilité d’apporter les solutions pour éviter le pire. Alors que tout le monde les connait. Tout le monde, sauf l’électeur à qui on a dit qu’on protègerait d’abord ses intérêts.
La probabilité de crise est très forte parce que dans la plupart des pays, les gouvernements ne réussissent pas à être courageux. Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent. Le problème c’est qu’elles en font aussi des victimes.