Hausse du prix du tabac : « Fumer tue » (aussi l’économie)

Les idées reçues ont la vie dure. Fumer tue aussi les comptes publics et l’économie.
Des recettes gigantesques
Le tabac entraîne, certes, d’énormes recettes pour l’État, constituées principalement des taxes fiscales sur le tabac soit environ 13 milliards d’euros pour 2005.
Des recettes couplées aux économies faites en matière de retraites non versées du fait de la mort prématurée des fumeurs soit un gain de près de 5 milliards d’euros.
Or, en réalité, ces recettes fiscales et ces économies de pensions de retraite ne constituent pas une création de richesse mais un simple transfert représentant, au mieux, des économies pour le médiocre budget social.
Au final, seule l’économie du tabac crée de la richesse : les producteurs, les débitants, etc.
Des coûts Gargantuesques
Les coûts étant, quant à eux, plus difficilement mesurables. Les économistes distinguent ainsi :
– les coûts directs : constitués des dépenses pour soigner les malades du tabac pour une facture globale de 18 milliards d’euros.
– les coûts indirects composés des dépenses de la sphère publique, telles l’assurance maladie (Indemnités Journalières de Sécurité Sociale versées aux malades) et les pertes de recettes fiscales.
La sphère privée étant, elle aussi, impactée par : les pertes liées à l’absentéisme des fumeurs, les pertes de productivité pour les employeurs, ainsi que la perte de revenus pour les ménages et, par conséquent, de leur pouvoir d’achat. Entraînant au final une perte de richesse pour le pays.
Une addition salée
Au final, le tabac non seulement ne rapporte pas à l’État et donc à la société mais, de surcroît, le tabagisme entraîne un coût extrêmement élevé pour la collectivité. En effet, le coût net du tabac en France était chiffré, pour l’année 2005, à plus de 47 milliards d’euros, ce qui représente 3% du PIB soit l’équivalent d’un impôt indirect de 772 euros pour chaque concitoyen.
Fumer nuit gravement… au développement économique
Des économistes (Pierre Kopp et Philippe Fenoglio) ayant montré, de plus, que la réduction du tabagisme était bénéfique au développement économique et à l’emploi. La consommation de tabac détournant une partie des revenus des ménages de secteurs beaucoup plus créateurs de richesse et d’emploi.
En effet, l’industrie du tabac ne crée plus d’emploi puisqu’elle a réduit de plus des deux tiers son personnel durant ces dernières décennies, et est une industrie essentiellement basée sur l’importation.
Or les revenus du fumeur qui arrête de fumer se rapporteront sur des secteurs beaucoup plus créateurs d’emplois tels les loisirs, le sport, la nourriture, etc.
Lutter contre le tabagisme est donc une mesure alliant, d’une part, santé publique ; et, d’autre part, développement économique et assainissement des finances publiques.
La hausse du prix du tabac est donc rendue nécessaire pour l’intérêt général mais entraîne cependant une entrave à la liberté individuelle rendant financièrement inaccessible ce qui n’est qu’un plaisir pour certains.
Mais comment justifier, dans ce sens, que les cigarettes et le tabac à rouler, addiction des populations modestes, soient respectivement taxés à 80 et 75% alors que les cigares, addiction des plus aisés, ne le soient eux qu’à hauteur de 44% ?
Fumer nuit, sans doute, aussi gravement à l’égalité.
En un mot, « fumisterie » ?