Huit milliards d’habitants sur la planète et une fois de plus, tout le monde crie à la catastrophe, alors qu’il n’en sera rien.
L’ONU a officialisé le chiffre de 8 milliards d’êtres humains sur la planète, ajoutant qu’en dix ans, on avait augmenté de 1 milliard de plus. Du coup, tous les déprimés honnêtes et les marchands de la peur malhonnêtes sont sortis du bois pour crier à la catastrophe.

« Malthus revient! Ils n’ont rien compris à ce que tu as voulu expliquer… »
Ce monde est devenu fou, comme le chante Mary Poppins. Ce monde est débile parce qu’une majorité de ses locataires croit que nous allons mourir écrasés par le nombre d’êtres humains et le manque de produits nécessaires à la vie.
Ce monde est devenu sourd, comme le dit Francis Cabrel parce que la prédiction noire est d’autant plus crédible qu’elle réunit ceux qui sincèrement considèrent que nous allons perdre notre mode de vie, fondé sur la croissance et tous ceux qui militent au nom de l’écologie, c’est-à-dire au nom de la protection de la planète pour une réduction de notre croissance et par conséquent, par un appauvrissement de notre mode de vie.
Ce monde est débile, comme le disait Bob Dylan, parce que le niveau d’éducation a beau s’élever, le nombre d’être vivants qui ne croient, ni aux chiffres, ni aux faits, ne cesse de s’accroitre à l’ombre du mur des réalités. Ils croient se mettre à l’abri de cette réalité mortifère par des moyens d’asphyxie. Le chanteur des Trente glorieuses a même eu le prix Nobel de littérature mais ça n’a rien changé
Comme sur Netflix, l’actualité enchaine les saisons qui se ressemblent mais qui alimente l’addiction à la peur. Et il faut reconnaitre que depuis le passage à l’an 2000, les responsables politiques et les médias ne manquent pas d’imagination.
En l’an 2000, on devait être condamné à un bugg mondial qui allait paralyser et détruire tous les systèmes.
Les attentats de septembre 20– nous ont montrés que la menace de l’islam radical était autrement plus dangereuse et violente et qu’il a fallu que le monde se défende sérieusement à ce moment. Le monde civilisé ne s’est pas encore débarrasse du mal.
La crise financière de 2009 devait mettre le monde entier en faillite et nous conduire à une crise mondiale aux conséquences aussi puissantes que la crise de 1929.
La crise du covid n’en parle pas, elle allait détruire l’humanité et les systèmes économiques. Passons.
La guerre en Ukraine fait peur, à juste titre, mais en dehors de Vladimir Poutine et de ses acolytes, le monde entier souhaite aujourd’hui que cette guerre s’arrête. On n’est plus dans les années 1930 qui avaient permis l’émergence du nazisme. On est en 2022 et le monde entier a besoin d’un commerce mondial équilibré, parce que le monde entier est au courant de toutes les exactions. Aucun dictateur dans le monde et dans l’histoire a survécu à une vague inflationniste et aux réseaux qui finissent toujours par véhiculer les flux d’informations de la réalité. On ne peut pas mentir impunément. De Jules César à Adolf Hitler en passant par Napoléon premier ou d’autres. Donc, la guerre en Ukraine finira par trouver le chemin de la paix. En attendant quels dégâts, quelles douleurs, que de vies perdues. Mais ça s’arrêtera évidemment.
Alors aujourd’hui, le monde entier a découvert que nous étions 8 milliards d’êtres humains, donc que si la population continue de croitre à ce rythme, la vie ne sera plus possible à la fin du siècle puisque nous pourrions être 12 ou 15 milliards d’humains.
Les marchands de la peur et de la catastrophe naturelles ont donc, cette semaine, changé leurs vitrines et sont partis dans des développement abracadabrantesques. Ces huit, neuf ou douze milliards d’êtres humains ne trouveront plus à manger et auront épuisé toutes les ressources naturelles que la Terre recèle dans ses entrailles. Plus de pétrole, plus de gaz, plus de nickel, plus de métaux rares, plus de. Plus rien. Les plus désespérés prédisent même une rupture d’oxygène provoqué par l’excès de CO2.
Alors catastrophique oui, mais ce qu’il l’est surtout, ce sont des groupes d’influence et des courants politiques qui utilisent ces prévisions pour régner sur les esprits et plus. Si on ne les arrête pas.
La réalité sera évidemment différente. Si on lit les conclusions de la division démographie de l’ONU, les commentaires sont très nuancés, très prudents et ils rejoignent beaucoup d’études réalisées par des fonds de recherche et d’investissement qui ont intérêt à voir des prévisions sérieuses et sereines. L’institut Montaigne en a même fait une analyse très pédagogique pour essayer de désamorcer le climat anxiogène.
1er point. Il semble que le chiffre de 8 milliards (qui est fort) ne s’inscrive pas dans une tendance haussière mais soit déjà dans une tendance baissière. Les projections réalisées dans les établissements financiers notamment, qui ont besoin d’une visibilité à très long terme, expliquent que le pic de la population pourrait apparait dès le milieu de ce siècle. Donc, avec 8 ou 9 milliards d’individus, on approche de l’optimum et dans ce cas, le modèle que nous vivons ne changera pas de façon spectaculaire.
2e point, nous savons bien qu’il existe naturellement des forces de rappel. La pandémie, par exemple, a fait à ce jour près de 28 millions de morts dans le monde. Mais essentiellement dans des régions et des États qui n’avaient ni moyens de santé et a fortiori, pas de vaccin. Ces dégâts humains vont dans les pays touchés abimer toute une génération. La guerre en Ukraine va aussi décimer des générations de jeunes donc des capacités de reproduction. En Russie notamment dont le taux de fécondité est déjà inférieur à 1. La démographie ne cesse de baisser.
Et dans beaucoup d’autres pays, des populations entières retardent l’âge d’avoir des enfants (ce qui diminue la fécondité) et pour beaucoup, refusent d’avoir des enfants. D’où la baisse probable de la natalité.
Si la natalité baisse globalement, les populations vont vieillir. Mais ce qui est intéressant à analyser, c’est que l’espérance de vie qui a fait des bonds de géant depuis un siècle, a tendance à se réduire (deux ans de moins à vivre depuis 2020).
3e point, et c’est évidemment le facteur le plus important, c’est que l’Histoire nous a montré que, face une crise, la population réagit et corrige le phénomène ou s’y adapte. Il n’y a pas dans l’histoire humaine, des cas de suicides collectifs pour toute une population. Il existe une résilience qui ne soupçonne pas et surtout une intelligence collective très fertile. L’homme et la femme sont des êtres capables d’invention et d’innovation. La nature humaine a beaucoup de moteur mais le plus performant, c’est encore l’innovation. C’est l’innovation qui a rendu la vie sur terre vivable et agréable. C’est le manque d’innovation et l’impossible accès à ces innovations qui rend la vie invivable dans certains pays ou régions. Parce que les phénomènes dont on parle sont inégalement impactants. Le drame de la démographie (si drame il y a), c’est que les effets ne touchent pas tous les hommes de la même façon et de la même gravité. Mais là, on entre sur le terrain de la politique, les forces politiques ne sont pas dotées d’intelligence collective, elles sont activées par l’optimisation des intérêts individuels. La politique a pour rôle, depuis la Grèce antique, de faire en sorte que cette politique débouche sur des résultats acceptables par le plus grand nombre. SI on lisait encore Machiavel au lycée on y apprendrait que c’est le premier des conseils.
4e point, certains politiques ont compris qu’ils avaient intérêt pour exister comme politique à alimenter la peur. Les extrémistes de droite comme de gauche, ont intérêt à semer l’angoisse parce qu’un peuple angoissé est plus facilement gouvernable, surtout si on lui fait la promesse de le protéger. La promesse n’engage que ceux qui les entendent.
Les courants écologistes ont compris qu’à très court terme, la peur pouvait leur servir de carburant donc ils en rajoutent jusqu’à nier les réalités et tordre les faits et les chiffres. Puisque la planète est en danger, et que la cause en est principalement l’activité humaine, il faut cesser de faire des enfants et réduire l’activité humaine. Faire moins de croissance. Les courants les plus radicaux trouveront là une niche électorale, mais heureusement la majorité des humains qui militent pour une écologie responsable le font en général avec les outils de la modernité.
Quand on entend Greta Thunberg reconnaitre que la seule solution dans l’avenir pour préserver notre potentiel de progrès était de passer au nucléaire, on a le droit de se dire que la crise ou la catastrophe annoncée peut rendre intelligent. Tout est possible. Y compris de relire Malthus avec un peu de bon sens.