La baisse d'impôt augmente les recettes fiscales, c'est bon pour le déficit et la dette

Les chiffres de la croissance ne sont pas nuls, le déficit de l’État et l’endettement global reculent. Donc tout va mieux mais ça prouve seulement qu’il faut continuer la prescription. Quoi qu’il en coute politiquement.

Déficit et dette en baisse

Les chiffres de la macroéconomie publiés hier, un peu avant le démarrage de la manifestation contre la réforme des retraites, prouvent qu’une chose :  le président de la République n’a aucun intérêt à céder sur ses projets de réforme. Peut-être améliorer la posologie mais pas la prescription.

Les résultats de l’exercice 2022 sont bons. Enfin, ils sont meilleurs que ce qui était prévu par Bercy, ils sont surtout meilleurs que ce qu’on craignait.  Ils permettent d’espérer 1% de croissance en 2023 alors que la Banque de France annonce une performance plus faible 0,8%. Comme la Banque de France n’a jamais débordé d’optimisme, ça reste mieux que ce qu’on attendait. Enfin, plus exactement moins pire.

Même si l’année 2022 a été traversée par un choc inflationniste en retour du rebond de l'après covid, par la guerre en Ukraine, par un choc sur l’énergie et une hausse des taux d’intérêt, la croissance économique est restée positive… Mais surtout, les deux indicateurs qui sont les véritables signaux d’alerte de la situation dans la maison France se sont légèrement améliorés :

-Le déficit budgétaire s’est inscrit à 4, 7%. Le gouvernement garde sa prévision à 5% qui sera aussi confirmée pour 2023. Le déficit budgétaire est annoncé en baisse à 158 Milliards en 2023. Et  Bruno Le Maire vient de confirmer l’engagement pris de tout faire pour revenir à la norme de 3% en 2027 .

- Sur l’endettement, selon les chiffres publiés par l’Insee, la dette publique s'est résorbée à 111,6% du produit intérieur brut en 2022, ne dépassant pas le seuil de 3.000 milliards d'euros. Là encore, rien de glorieux mais c’est mieux que ce qu’on craignait.

Au gouvernement et notamment à Bercy, on a donc raison de se réjouir des améliorations qui indiquent une tendance. Le pouvoir politique ne manque pas d’explications.

Il est évident que la politique du « quoi qu’il en coute » pendant le Covid a porté ses fruits en protégeant les actifs de production qui ont pu redémarrer très vite dès la sortie du confinement. Le système et les entreprises ont donc su profiter de la reprise et surtout du rattrapage. D’où le rebond . Et c’est ce rebond qui a été cassé par l’inflation, que la reprise dans le monde  a d’ailleurs boostée.
 

Toujours beaucoup de dépenses

Cela étant, l’action du gouvernement, la solidarité de l’Union européenne et la résistance des entreprises : cette combinaison explique l’amélioration des résultats.

Mais tout  cela reste fragile quand on se compare à nos voisins et partenaires de l’Union européenne. Fragile parce que la structure des dépenses publiques et la dette restent très lourdes. Rien qu’en trésorerie, la dette  coute plus de 60 milliards en frais financiers.

Au niveau des dépenses de l’État, le montant des crédits alloués pour 2023 est encore de  480 milliards d’euros ( éducation, santé et défense se taillent la part du lion).

Les recettes de l’Etat  seraient de 320 Milliards ( d’où un déficit probable de 160 milliards ). Quand on entre dans le détail, on constate que les dépenses ont moins augmenté ( très légèrement ), que les recettes d’impôts ont bondi alors que les taux d’imposition n’ont pas bougé, sauf pour les entreprises où les taux ont baissé.

Alors que les taux d’imposition sur les bénéfices des entreprises ont historiquement baissé de 33% à 25% (et c’était effectif sur l'exercice 2022 ); les rentrées fiscales liées à l 'IS ont atteint 62 milliards d’euros.

Deux fois ce qu’il représentait avant le Covid. Mais 62 milliards, c’est le taux le plus élevé de l’histoire de la France moderne.

En bref, l’impôt sur les bénéfices des entreprises redevient un des impôts stratégiques avec la TVA (dont le montant est indexé sur la consommation intérieure). 

Du coté de la consommation, pas d’exploit parce que la consommation s’est tassée.

Du côté de l’impôt sur le revenu, pas de mystère. Le rendement de l’IRPP a augmenté grâce à l’inflation qui a poussé un peu les salaires mais là encore pas de miracle. Le rendement de l’IRPP a augmenté parce que le taux d’emploi a augmenté.

Plus de croissance, c’est plus d’emplois donc plus de salaire et par conséquent plus de prélèvements sociaux et plus d’impôts.

Globalement, l’équation budgétaire reste déséquilibrée d’où la nécessité de continuer à emprunter mais à des conditions soutenables.  Le taux d’intérêt n’est pas pénalisable.

La crédibilité de la France sur les marchés financiers reste forte pour des raisons qu’il va falloir protéger et même renforcer.

1 ; l’adhésion à l’impôt reste très forte. Nous sommes en Europe ceux qui payons le mieux et le plus d’impôt alors que nous sommes a priori les plus allergiques à l’Etat et à son administration. En dépit des cris et des pleurs, nous payons l’impôt. Ce qui n’est pas vrai partout en Europe.

2 . La baisse du taux de fiscalité pour les entreprises a enrichi les moteurs de la création de richesses.  Les entreprises sont plus nombreuses, elles produisent, embauchent et gagnent plus qu’avant la baisse historique de l’IS a 25%, d’où les recettes accrues de l’Etat.  

Chercher plus de compétitivité

Conclusion :  la France a tout intérêt à continuer à donner des signes d’amélioration de la compétitivité et de l’attractivité. Elle a tout intérêt à contribuer à soutenir sa crédibilité sur les marchés pour pouvoir continuer à emprunter de l’argent. Le soutien de la crédibilité passe par un assainissement de ses dépenses budgétaires. Quitte à lever 230 milliards d’euros par an, mieux vaut essayer de le faire le moins cher possible avec une garantie de retour en croissance.  

-D’une part , dépenser moins, sans doute, encore qu’il faudrait surtout transférer les dépenses sur l’investissement plutôt que de continuer à les entasser sur le fonctionnement.  C’est très certainement plus créateur de richesses et d’emploi.

D’autre part, donner des garanties tangibles de réformes structurelles génératrices de croissance ou d’économie de dépense. Ressortir les courbes de Laffer et générer plus de rentrées fiscales en imposant moins et engager une politique systématique de désengagement de l’État.  La réforme des retraites était un test. C’est la raison pour laquelle l’exécutif ne peut pas l’abandonner. Abandonner la réforme des retraites aurait couté beaucoup plus cher que le déséquilibre actuel et futur du système.  

 

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