La bourse n’attend rien des élections françaises, mais tout de la FED et de la BCE
Les bourses mondiales se désolent quand elles écoutent la Réserve fédérale Américaine mais se consolent un peu quand elles entendent la BCE.

Ce n’est pas parce que les bourses mondiales préfèrent la prudence de Christine Lagarde, présidente de la BCE, à la brutalité du président de la FED Jerome Powell que les investisseurs mondiaux sont complètement rassurés sur l’avenir des économies.
Le résultat de tant d’incertitudes est que les investisseurs agissent en ordre dispersé.
Sur l’Asie, les cours plongent et les perspectives sont mauvaises. D’abord, parce que la Chine a du mal à se sortir de la pandémie… Les déconfinements sont lents et pénibles ; l’activité est encore atone. D’autant qu’à terme, la zone asiatique étant très dépendante des débouchés occidentaux, on craint le ralentissement de la croissance mondiale.
La bourse américaine est elle suspendue aux informations venant de la Réserve fédérale, elle anticipe une hausse de taux assez brutale. L’objectif étant de casser la hausse des prix entrainée désormais dans une spirale prix-salaires assez toxique. Mais en voulant casser cette logique, les investisseurs craignent que la Réserve fédérale ne casse l’activité. Et ça n’est pas la politique de Joe Biden qui va les rassurer. A Wall Street comme sur le Nasdaq, le marché est franchement baissier et attend avec un peu d’inquiétude la réunion de la FED, ce mercredi.
Depuis début janvier, les valeurs ont perdu en moyenne 20 % et les craintes de la stagflation n’ont jamais été aussi fortes. Bref, les investisseurs s’attendant à un ralentissement des croissance de chiffre d’affaires et surtout des bénéfices.
Du côté Européen, on reste a priori plus calme parce que la BCE, la banque centrale européenne, est plus réservée sur l’ampleur des baisses possibles. Son programme pour les prochains six mois est considéré comme gérable par les économies européennes. Les hausses de prix sont réelles et douloureuses pour les catégories les plus fragiles, mais ce sont des hausses importées par les carburants et les achats de biens alimentaires imputables à la guerre en Ukraine. D’où les séries de va et vient sur les cours boursiers.
Ce qui est intéressant, c’est que les investisseurs ont assez bien identifié les risques qu’ils courent dans les prochains mois et qu’ils échappent de ce fait à un pessimisme mortifère.
1er point : les investisseurs européens, en général et en France particulièrement, ne croient pas à des risques politiques gravissimes. En gros, pour la majorité d’entre eux, Jean-Luc Mélenchon ne leur parait pas très sérieux dans ses convictions. Son parcours est très tortueux, très hésitant. Ils parient davantage sur la capacité d’Emmanuel Macron à piloter le navire. Pour les investisseurs, l’attelage France -Allemagne leur parait solide. Cet attelage est la garantie de la poursuite d’une politique monétaire équilibrée et de la poursuite d’une mutualisation des financements publics. Cela dit, ils n’excluent pas l’éventualité de mouvements sociaux un peu violents, dans la mesure où les représentations politiques n’absorbent pas les vagues de mécontentements régionaux ou corporatistes, parce que nous allons au-devant de mutations structurelles douloureuses.
2e point : les investisseurs sont évidemment convaincus que la pédagogie des mutations structurelles à venir n’a pas été faite. D’un côté, la lutte pour le climat va nécessiter des changements de mode de consommation et de vie dans la façon de travailler, de se déplacer et de se loger. La lutte contre le réchauffement, la demande de produits bio ou de proximité vont se traduire par des arbitrages différents et des prix majorés.
D’un autre côté, la mondialisation qui a dominé le fonctionnement des systèmes de production, va changer de modalités. Les société modernes vont rapprocher les centres de production des lieux de consommation ( relocalisations ) mais elles vont aussi séparer les marchés entres ceux qui respectent les règles de l’économie de marché et ceux qui ne les respectent pas. Le cynisme dans les relations internationales va sans doute perdre du terrain. Ce sera la conséquences principale de la guerre en Ukraine. Plus de transparence, de loyauté et de respect des valeurs occidentales. Mais dans combien de temps ?
Les investisseurs sont de plus en plus conscients qu’ils ont un rôle à jouer dans les arbitrages concernant toutes les questions de RSE ( responsabilité sociale et environnementale) . En attendant et pour de nombreuse années, il faut dont apprendre à vivre avec un taux d’inflation de 2 ou 3 %. Pour les investisseurs c’est parfaitement gérable si le ROI, C’est-à-dire le retour sur investissement croit au même rythme .
3e point. Cette évolution plutôt optimiste n’exclut pas un risque de crise financière qui partirait des Etats les plus endettés. Si les investisseurs sont sécurisés par leurs investissements de production privée, ils ne sont pas sécurisés par la gestion des dépenses publiques qui ne génèrent pas de retour. C’est le cas de toutes les dépenses de fonctionnement et de soutien qui ont obligé les États modernes à s’endetter. L’endettement à taux zéro, c’était confortable ; mais si demain les États doivent s’endetter à 3% , ça sera ruineux. D’où le risque réel d’une crise financière grave (comme en 2008) qui aurait évidemment des effets systémiques.