La France allergique à la vérité des chiffres et des faits

Le débat sur la retraite a une fois de plus montré le divorce qui éloigne une grande partie des Français de la vérité des chiffres et des faits. Et qui illustre la difficulté que ce pays éprouve à s’adapter et à se réformer.

Recherche de consensus

L’actualité économique et sociale met tous les jours en débat la nécessité qu’on aurait à créer un consensus sur des situations évidentes, mais qu’une partie de l’opinion refuse d’admettre. C’est particulièrement vrai sur les retraites, c’est vrai sur la situation économique, c’est vrai sur la question climat et environnement

La question des retraites ne devrait pas être discutée comme elle l’est, tant les données chiffrées s’imposent.

 L’évolution de la démographie, de l’activité, de la compétitivité mondiale, de l’importance du travail etc... tous les indicateurs commandent une réforme des systèmes de retraite par répartition si on veut pérenniser le principe. 

Or, l’opinion se braque sur l’âge de départ à la retraite ou sur le niveau d’une retraite à taux plein avec des arguments tellement simplistes que les alternatives à une réforme responsable conduisent le système dans le mur. Que n’a-t-on entendu comme sornettes :

Que les pauvres ont droit à la retraite très tôt, sinon ils meurent.  

Que les riches puissent payer les plus défavorisés, qu’il faudrait même interdire les milliardaires. Que l’idéal de la vie n’est pas de travailler. Que tous les chiffres sont faux .. etc.

Ces débats ne mènent à rien, car ils reviennent et on refuse l’évidence du progrès capable.  

La France en colère

L’examen de la situation économique donne lieu à quelques contradictions spectaculaires et devrait au contraire générer plus de pragmatisme. Si on en croit une grande partie des commentaires publics, la France est quasiment en train de tomber dans le déclin.

A trop regarder dans le blanc des tableaux Excel, on trouve ce qu’on veut pour se désoler. Si on se compare avec nos voisins et partenaires, on découvre les chiffres et les faits qui consolent.

La crise pandémique ne nous a pas entrainé dans le gouffre du chômage et des faillites, la vague inflationniste ne nous conduira pas directement à la pénurie d’énergie ou au marasme d’une misère généraliste. Au contraire, la grande majorité des entreprises a trouvé dans la crise des opportunités de changement positif. La croissance de l’activité est meilleure que prévue, la création d’emplois n’a jamais été aussi forte, les créations d’entreprises sont nombreuses et résilientes.

La France en colère qui ne veut pas voir cette vérité tapera sur les inégalités (qui sont hélas criantes, c’est vrai), sur les conditions de logement qui sont pour les jeunes désastreuses et réclamera des aides pour les plus pauvres d’un côté et une punition pour les plus riches. Comme si de faire disparaitre les riches allait éradiquer d’un trait de plume la pauvreté. Passons.

Le discours dominant oublie avec absurdité de faire un lien de causalité entre une situation compliquée à vivre pour beaucoup et une situation protégée pour beaucoup d’autres qui sont à l’abri dans un service public dont l’efficacité est de plus en plus hypothéquée par son obésité.

L’approche que nous avons des problèmes écologiques par une grande partie de l’opinion atteint des records d’absurdité. Si le réchauffement climatique est avéré, si l’environnement se dégrade à cause de la suractivité de l’homme, la solution pour beaucoup d’écologistes sera de travailler moins (on retombe sur la question des retraites et du temps de travail). Les mêmes, d’ailleurs, critiquaient avec sarcasme les mesures de confinement pour atteinte aux libertés essentielles, alors que l’arrêt généralisé revenait pourtant à travailler moins, donc à polluer moins.

Travailler plus

La vérité est pourtant à l’opposé de ces prescriptions simplistes. La vérité est qu’il faudra évidemment travailler plus et autrement, la vérité est qu’il faudra consommer moins et différemment mais surtout, il faudra investir massivement pour obtenir une décarbonation de la planète. Le comble de l’écologie, c’est qu’elle est aussi punitive. Exemple absurde : puisque les riches polluent la planète plus que les pauvres, il faudra empêcher les riches d’être riches.

Le pragmatisme serait de faire confiance et d’inciter les agents économiques à participer à cette lutte pour le climat. Qu’on le veuille ou non, la plupart des entreprises font le job ou se préparent à le faire.

Tout simplement parce qu’elles ont intérêt à le faire. Leurs clients l’exigent, leurs salariés le leur demandent, leurs actionnaires aussi.

Le talent du chef d’entreprise est évidement d’obtenir un consensus entre tous les acteurs de l’entreprise et de trouver des solutions pour que l’entreprise continue de créer de la valeur en diminuant ses émissions de carbone. La lutte contre le réchauffement climatique devra être rentable ou alors elle ne le sera pas
Ni les clients, ni les salariés, ni les épargnants n’accepteront une écologie de la stagnation ou du déclin qui serait forcément polluant.

Si le président de la République a pour ambition de réformer la France pour qu’elle soit plus performante et plus efficace comme une entreprise, sa priorité devrait être de fabriquer un consensus autour des chiffres et des faits. Les uns comme les autres finissent par se venger. 

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