La France, l’eldorado Qatari

Cette semaine, le Qatar s’est déclaré favorable au rachat des grands magasins « Le Printemps ». En effet, RREEF, la division investissement de la Deutsche Bank (propriétaire de 70% du capital de l’enseigne) est entrée « en négociations exclusives avec le groupe Borletti » (qui possède les 30% restant). Ce dernier s’est associé à des investisseurs « non identifiés » du Qatar, pour le rachat de sa participation. Jusque là, rien de surprenant puisque RREEF avait prévu de sortir au plus tard du capital du Printemps au cours du second semestre 2014 et le groupe Borletti disposait d’un droit de préemption sur sa participation. Ce qui en chagrine d’autres, c’est cette « invasion » Qatarie.

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BTP, pétrole, média, sport, luxe… En France, l’empire Qatari c’est :

le 2ème actionnaire du groupe français Vinci, le numéro 1 mondial du BTP, 5% du groupe Veolia Environnement, 12.8% du groupe Lagardère, 3% du groupe Vivendi, 3% du groupe Total, 1% de LVMH et 85% du groupe Tanneur. Mais aussi, le PSG, le club de handball de la ville de Paris, le Prix de l’Arc de Triomphe, les chaînes BeInSport avec une grande partie des droits de retransmission télévisuelle de la ligue 1 de Football.

Le Qatar possède également des investissements sur le marché de l’art ainsi que dans divers fonds pour les banlieues françaises. Côté immobilier enfin, ce sont plusieurs immeubles parisiens dont le siège du Figaro et l’immeuble abritant le magasin Virgin des Champs-Elysées, des hôtels de luxe comme le Royal Monceau, le Concorde Lafayette, le Carlton et le Martinez.

La France, on peut le dire, est un véritable eldorado fiscal pour le Qatar. Et pour cause, les investissements princiers sont favorisés depuis 2008 par une fiscalité française, bien particulière, régit par une convention fiscale « France-Qatar ».

Cette convention exonère d’impôt sur les plus-values tous les investissements immobiliers réalisés dans l’Hexagone par l’État du Qatar ou ses entités publiques, y compris la famille de l’émir. Elle exonère également, de retenue à la source, les bénéfices des établissements stables des sociétés qataries établies en France. Enfin la convention exclut toute possibilité d’imposition extra-territoriale des dividendes et exclut de l’assiette de l’ISF, les biens situés hors de France d’un citoyen du Qatar résidant en France pour une période de cinq ans après qu’il soit devenu résident français. Jolies cadeaux.

Investissement ou invasion ?

Ces prises de participation avaient suscité de violentes critiques par les politiques tels que Jean-Luc Mélenchon, parlant alors d’une « colonisation par l’argent »ou bien encore Marine Le Pen qui dénonçait le « cheval de Troie de l’islamisme ». Ces cris d’orfraie sont-ils justifiés ?
A y regarder de plus près, on remarque que la plupart de ce que l’Etat Qatari achète ou a acheté, n’appartenait déjà plus aux Français, ces entreprises étant détenues soit par des actionnaires à majorité étrangers, soit dirigées ou détenues par des personnes dont les intérêts sont déterminés en dehors de l’hexagone.

De plus le Qatar est loin d’être le plus gros investisseur en France, en effet, pour l’année 2010 les grands investisseurs directs, créateurs d’emplois en France étaient l’Allemagne, suivie des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Italie. Enfin, et contrairement aux idées reçues, la France n’est pas le pays le plus courtisé par les Qataris, en effet, l’Etat princier investit autant, sinon plus de milliards au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Grèce, etc.

En réalité ce qui effraie, c’est que le Qatar, personnifié par son altesse Al Thani, n’est pas un investisseur lambda.

Son intérêt se situe moins en terme de « rentabilité » qu’en terme de « stratégie géopolitique ». Ses investissements, sécurisant ses pétro-dollars, lui permettent, surtout, de s’introduire dans les rouages décisionnels de ces vieux États occidentaux. Dans une France en pleine crise, avec des besoins financiers énormes et pressants, il tombe à pic.

Mais ce qui effraie le plus, et il ne faut pas se le cacher, c’est que cet Etat, pas des plus droit-de-l’hommiste, est soupçonné de financer le terrorisme. Quand la France se bat au Mali contre les islamistes radicaux ; le Qatar, lui, investit dans le Djihadisme en apportant son soutien financier et militaire aux islamistes radicaux. France/Qatar, intérêts antagonistes au Mali mais pas en France !

Mais franchement, depuis quand fait-on de la philosophie dans le monde des affaires…

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