La solidarité imposée aux retraités ne passe pas, mais c’est pourtant le système pour lequel ils ont cotisé

S’il y a une population chez qui Emmanuel Macron n’a pas la cote en ce moment, il s’agit bien des retraités.

La grogne des retraités grandit au fur et à mesure que les réformes avancent et qu’elles touchent notamment à leurs pensions.
Le projet actuel n’en est qu’aux prémisses de la réflexion et des études pour une réforme pas annoncée avant 2018, les retraités ne sont pas moins touchés par des réformes collatérales.
Si les justifications économiques sont nombreuses, le train des réformes, en passant, s’attaque à ceux jugés plus gatés que les autres, les retraités, faisant naitre plusieurs points de grognes chez les concernés.
D’abord, la question du pouvoir d’achat. Il y a eu la réforme de la CSG, avec une hausse du taux de CSG prélevées sur les pensions, de 1,7 points, qui n’est compensée par aucune baisse de cotisations, à l’inverse des salariés.
Amputé par cette hausse sans baisse correspondante, le pouvoir d’achat des retraités en moyenne va baisser de 345 euros par an. Et le niveau de vie d’aller de pair. Alors que le niveau de vie relatif des retraités avait beaucoup augmenté dans les années 70-80, pour stagner ensuite – avec un pic en 2018, il devrait maintenant suivre la tendance inverse et diminuer. Les pensions, du fait de l’afflux de nouveaux retraités, augmentent moins vite que les revenus d’activité.
Deuxième point : les revalorisations trop rares ou retardées. C’est notamment le cas pour les retraites agricoles, qui devaient voir leur pension augmenter de 116 euros – pour atteindre 987 euros. Ce n’était pas une mesure Macron, mais une mesure prise sous le quinquennat de François Hollande. Revalorisation bloquée par le gouvernement, qui ne veut pas toucher aux retraites avant d’y toucher sérieusement en 2020. En attendant, les pensions des retraités agricoles restent bien en deça du SMIC, à 871 euros.
Et troisième point, il y a la réforme qui tentera de réaligner les régimes de retraites pour mettre en place un régime, et donc rapprocher les pensions du public sur celles du privé, et qui se fera forcément en défaveur de certains retraités. Alors, cela ne concernera pas les retraités actuels. Mais, selon une récente étude de l’IFRAP, l’organisme de recherche des administrations chargé des politiques publiques, indique que les retraités fonctionnaires pourraient eux aussi perdre en pension.
Ainsi, la perte nette pour les fonctionnaires est évaluée à 179 euros par mois. Les deux tiers des fonctionnaires, dont les cheminots et les enseignants seraient moins gagnants dans l’affaire par rapport au statut actuel tandis que les fonctionnaires des catégories C, du niveau des employés, seraient les seuls personnels gagnants.
Les retraités sont donc ciblés par le gouvernement, qualifiés de « génération dorée » par un député de la majorité. Il y a les justifications économiques : le taux de pauvreté y est deux fois moins élevé que dans le reste de la population, et par rapport aux autres pays, les retraités français ont les plus hauts revenus de l’OCDE après le Luxembourg. Les retraités français ont une position jugée plutôt confortable par rapport aux actifs.
C’est donc au nom de la solidarité qu’on ponctionne les pensions des retraités. Ceux-ci ont certes cotisé tout au long de leur vie, leur ouvrant des droits à la retraite qui sont proportionnels au revenu touché, mais le système français demeure un système par répartition, c’est à dire que les cotisations des actifs financent les pensions des retraités à un instant T. Les actifs paient la retraite de leurs ainés, et si le rapport entre actifs et inactifs se dégrade - du fait de la démographie, du chômage… - c’est tout le système de financement qui est impacté avec des pensions qui ne pourront pas être versées à un même niveau ad vitam aeternam.
Pour l’instant, les ajustements de fiscalité pour les retraités, suppressions de demi-part de veuf, non-revalorisation, sont uniquement des moyens de diminuer les pensions pour essayer de rétablir un équilibre instable.
Dans l’environnement actuel, les réformes s’enchainent et les verrous sautent. Emmanuel Macron avait promis de ne pas toucher aux « paramètres » de la retraite, mais d’aller bien plus en profondeur. Jusqu’à remettre en cause la solidarité, et donc la répartition ?