Le business plan de François Fillon

L’édito de Jean-Marc Sylvestre. Le premier ministre a présenté aujourd’hui son plan anti-déficit. Des mesures en forme de business plan.
La copie remise aujourd’hui par François Fillon est aux antipodes de ce qui avait été présenté en aout. Le gouvernement avait bricolé à la va vite un plan de réduction des déficits fondé essentiellement sur des augmentations d’impôts. Ce qui fut présenté aujourd’hui est totalement diffèrent. C’est ce que l’on appelle dans les entreprises un business plan.
Il a trois caractéristiques :
– Le business plan induit toujours une durée. Le plan Fillon est un ensemble de mesures sur 5 ans. On veut y voir clair. Le plan dresse une perspective jusqu’en 2016, on sait à peu près ou l’on va.
– Le business plan, c’est un document qui évalue les recettes et les dépenses. Le plan Fillon mixe les hausses d’impôts, et surtout pour la première fois, des baisses de dépenses publiques. C’est à dire qu’il supprime des sources de pertes. Il stoppe les fuites. Là encore on y voit plus clair, il y a une perspective d’amélioration.
– Le business plan définit le modèle économique. Et là, François Fillon nous dit qu’il va changer le fonctionnement du modèle français. Jusqu’alors, le modèle français fonctionnait sur l’inflation. C’est la raison pour laquelle il y avait tellement de gens qui réclamaient de l’inflation. Ça a marché tant qu’il y avait de l’inflation et de la croissance. Mais le jour où la croissance s’est cassée, le moteur s’est noyé.
Indexé sur l’inflation sans croissance, le modèle social distribue de la fausse monnaie. En décidant d’indexer le modèle social sur la prévision de croissance, Fillon promet de distribuer de la vraie monnaie. Ça va tout changer, l’état providence ne recule pas, il sera financé avec de l’argent vrai. Politiquement, c’est assez courageux. Fillon a précisé que c’était à titre exceptionnel. Mais en réalité, c’est un changement structurel qui correspond à une nécessité. L’état providence était sacré voire sanctuarisé. Mais si l’on considère que la priorité des priorités est de se désendetter tout en protégeant les acquis sociaux, il n’y a qu’une solution. Il faut financer le modèle social par la croissance.
C’est ce qu’on fait les allemands qui se retrouvent aujourd’hui avec un modèle beaucoup plus solide que le nôtre.
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