Le groupe Carrefour, au centre d’une guerre de succession et au cœur d'une nouvelle révolution dans l’hypermarché

Le départ programmé du PDG de Carrefour Georges Plassat ouvre une guerre de succession, mais annonce surtout une révolution stratégique de l’hypermarché.
La dernière assemblée générale des actionnaires de Carrefour a été l’occasion pour Georges Plassat de confirmer son départ prochain mais surtout le moyen pour lui, de décrire la prochaine révolution qui va bouleverser le concept même d’hypermarché à la française.
Pour l’instant, le petit monde des affaires parisiens se préoccupe surtout de la succession. « Le processus est enclenché », dit-on à Paris. Georges Plassat était arrivé en 2012, tout le monde reconnaît qu’il a sorti le groupe de la crise en le restructurant et surtout en le réorganisant. Il atteindra le terme de son deuxième mandat lors de l'assemblée générale de la mi-2018 et à 70 ans, ce sera la derniere. Du coup, le conseil d’administration a lancé un processus de succession et demandé a un chasseur de tête de se mettre au travail. C’est le cabinet Egon Zeinder qui aurait a été mandaté.
Cela dit, l’action du cabinet dissimule mal la guerre qui se prépare entre les différents décideurs que sont les 4 actionnaires principaux: le groupe Arnault (LVMH), le fonds américain Colony, la famille Moulin-Houzé, propriétaire du groupe des Galeries Lafayette, et Abilio Diniz, un brésilien qui possède 8% du capital. La bagarre se joue en coulisse.
Philippe Houzé, (la famille Moulin) propriétaire des Galeries Lafayette et premier actionnaire de Carrefour avec 11,5 % des parts, brigue la préscience non exécautive en espérant installer ses fils à la direction générale. George Plassat lui même serai prêt à accompagner ce changement, mais qui ne convient guerre aux autres actionnaires.
Philippe Houzé devrait donc obtenir l’accord de Nicolas Bazire, représentant du Groupe Arnault, qui détient 9 % des actions et reste actionnaire de référence grâce à son action de concert avec Colony Capital. Le groupe Arnault aurait sans doute un autre scénario. C’est donc La famille Moulin, d’un côté et Groupe Arnault, Colony et le Brésilien Abilio Diniz (8 %) de l autre qui vont devoir trouver une solution.
Ajoutons, que, comme toujours les prétendants sont nombreux.
La guerre de succession est une chose, la stratégie du groupe en est une autre. Georges Plassat, fort d’une légitimité acquise par le relèvement du groupe a prévenu les actionnaires que tout doit changer, tout va changer dans les dix prochaines années. C’est évidemment le prochain président qui devra conduire cette révolution. Sous entendu qui mieux que lui serait placé pour découvrir et mettre en place le prochain architecte.
Le concept de grands magasins installés à la périphérie des villes a déjà beaucoup évolué depuis leur invention, il y a presque un demi-siècle. Les Carrefour, Auchan, Leclerc et Système U se sont beaucoup agrandis, ils ont accouché de centres commerciaux immenses, les hyper eux mêmes sont devenus très généralistes.
Puis, les changements de mode de vie, l'urbanisation a rattrapé les hyper qui sont désormais au centre de zones très habitées et non à l’écart, la révolution du e-commerce, tous ces changements, ont obligé les hypermarchés à s’adapter.
Chez Carrefour, Georges Plassat a accéléré la présence de la marque dans les centre villes, avec des surfaces commerciales beaucoup plus petites mais nombreuses, avec des services de livraison. Il a par ailleurs, lancé le e-commerce. L’ensemble de cette mutation a permis au groupe de se redresser.
Lors de l‘Assemblée générale des actionnaires, Georges Plassat, dans une communication en forme de testament, a voulu aller beaucoup plus loin. Il a expliqué que l’heure du grand changement dans les hyper de la périphérie avait sonné. Sans qu’il apporte beaucoup de précisions, ce changement, selon lui, devra s’opérer autour de trois priorités
1ère priorité, les hypermarchés Carrefour devront se consacrer exclusivement au commerce alimentaire. Sous toutes ses formes, le frais et le semi frais, alimentaire en bouteille, emballés, le surgelé, le bio et le discount. Le e-commerce a tué le commerce non alimentaire dans les hyper. Dans ces conditions, l'hypermarché va libérer de la surface de vente.
2ème priorité, réutiliser les surfaces libérées pour créer des espaces de vie et de loisir, cinéma, salle de sport, des espaces de restaurants et renforcer les commerces spécialisés qui seront plus des showrooms que des surfaces de ventes.
3ème priorité, le e-commerce avec les drive-in.
On se rapprocherait alors très près du concept de Mall commerciaux tels qu'ils existent aux USA.
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