Les 3 engagements que doit prendre la France cette semaine

Le monde des affaires français, les institutions européennes et la majorité des États européens attendent cette semaine des engagements précis de la France. Manuel Valls mardi, et François Hollande jeudi, n’ont vraiment plus le droit de se tromper.

Financièrement, la France est désormais au bord du gouffre. Toute la politique entreprise par le président de la République vise à retrouver des marges de manœuvre. Le pacte de compétitivité, l’arrivée de Manuel Valls, l’éviction des écologistes et des partisans d’un retour aux fondamentaux de gauche, le départ d’Arnaud Montebourg… Tout cela a pour but de mettre en œuvre un réglage budgétaire qui permette de conforter notre ancrage dans la zone euro et de renforcer la compétitivité des entreprises. L’objectif étant de retrouver de la croissance, de l’activité, des emplois et surtout de restaurer la confiance des investisseurs pour attirer les capitaux et les initiatives créatrices de richesse.

IFrameManuel Valls va essayer Mardi de coaguler ce qui peut lui rester de majorité autour de cet objectif. Quant à François Hollande, il essaiera jeudi, de reprendre la pédagogie de son projet à l’adresse d’une opinion publique passablement assommée. Compte tenu de l’état de l’opinion, ce n’est pas gagné, c’est même loin d’être gagné.

Ce qui manque à cette politique, c’est évidemment une vision qui serait différente de celle portée par l’idéologie socialiste du départ du quinquennat qui débouchait sur une société égalitaire où tout le monde est gentil, à commencer par ceux qui paient les impôts pour que cette machine infernale à redistribuer des revenus sociaux puisse fonctionner. François Hollande avait promis à ses électeurs d’organiser la France comme le pays des « Bisounours » sans préciser qu’il avait aussi des contraintes de la réalité à assumer. Aujourd’hui ces contraintes sont telles qu’elles vont nous mener à la faillite.

Pour tenir compte de cette réalité, le Premier ministre et le président de la République doivent revenir à une vision de la société française qui correspond au monde dans lequel nous vivons. On ne changera pas le monde. On ne pourra que s’y adapter.

Dans ces conditions, le monde des affaires, des entreprises et les institutions européennes attendent de la gouvernance française qu’elle s’engage sans ambiguïtés sur trois dossiers.

Le premier engagement concerne la prise en compte de la mondialisation et la globalisation. C’est là une évolution incontournable. Il faut donc écarter toute tentation protectionniste. La croissance économique se nourrira d’échanges et de libre circulation, le tout régulé par des règles négociées au niveau international. Le seul espace de protection est l’espace européen. Encore faut-il en accepter les règles de fonctionnement. Le Président et son Premier ministre ne se sont jamais exprimés clairement sur la place et le rôle de la France dans la mondialisation. Les enjeux diplomatiques et militaires sont une chose, les enjeux économiques en sont un autre volet.

Le deuxième engagement porte sur le progrès technologique. Il ne peut y avoir de croissance, d’activité et d’emploi sans une libéralisation des forces de l’innovation. La révolution digitale, par exemple, se développe en dehors de l’hexagone. Nous en sommes témoins et otages mais très peu acteurs et initiateurs. L’innovation touche à tous les domaines de la vie : la santé, l’agroalimentaire, l’énergie. Nous sommes absents et coincés par cette idiotie totale du principe de précaution.

François Hollande et Manuel Valls ne se sont jamais exprimés sur cette évolution incontournable. Plus grave, les socialistes qui ont beaucoup défendu le progrès scientifique, l’enseignement et l’innovation comme moteur de progrès économique et social, donnent l’impression d’accepter désormais une société sans croissance et sans progrès. Les adeptes de la croissance zéro sont beaucoup plus influents dans tous les milieux qu’on ne le croit. C’est une catastrophe parce que cela ferme une des issues les plus efficaces pour sortir de la crise.

<--pagebreak-->Le troisième engagement devrait porter sur la défense de l’économie de marché. La gauche a accepté le concept de marché. La gauche considère aujourd’hui que l’entreprise est un lieu de création de richesse. Mais elle n’en a tiré aucune leçon. Le rôle de l’État ne s’est pas redéfini, les espaces de liberté d’entreprendre ne le sont pas davantage. Il ne suffit pas à la gouvernance française de faire des grandes déclarations d’amour à l’adresse des chefs d’entreprise. Encore faut-il leur donner les moyens administratifs et fiscaux de vivre la liberté d’assumer cette économie de marché. L’application d’un pacte de compétitivité ne suffira pas.

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