Les dix commandements des chefs d’entreprise français pour sauver l’Europe

Le  résultat des élections européennes a beaucoup choqué les chefs d’entreprise qui le considèrent comme un marqueur de l’incapacité des dirigeants politiques à gérer ce projet. Si la crise rend intelligent, ils espèrent  que le séisme du Front national va obliger les dirigeants politiques à prendre des postures et des décisions différentes … Et vite !

Le  résultat des élections européennes a beaucoup choqué les chefs d’entreprise qui le considèrent comme un marqueur de l’incapacité des dirigeants politiques à gérer ce projet. Si la crise rend intelligent, ils espèrent  que le séisme du Front national va obliger les dirigeants politiques à prendre des postures et des décisions différentes … Et vite !

Quelques jours avant les élections européennes, les chefs d’entreprise savaient que le résultat serait cataclysmique. Les dirigeants de l’ADEP, ceux du Medef, des responsables de fédérations professionnelles (la métallurgie et le bâtiment notamment) ont tous fait passer des notes à l’Elysée et à Matignon sur ce qu’il faudrait dire et faire pour éviter un retour en arrière qui serait catastrophique. Ce que disent les patrons d’entreprise est, en fait, plein de bons sens. En bref, voici leurs dix commandements.

Premier commandement, les chefs d’entreprise rappellent (une fois de plus) que le monde a changé. Or, on ne réforme pas le monde, on s’y adapte. La France seule ne pourra pas face à l’Asie et aux Amériques. Les élections marquent un affaiblissement qui met en joie les Américains et les Chinois. Les uns comme les autres font tout pour affaiblir la construction européenne. Ce devrait être insupportable aux français.

Second commandement, les chefs d’entreprise recommandent aux  dirigeants politiques de cesser de mettre toutes les difficultés françaises sur le compte de l’Europe, de la Commission, de la Banque centrale. Qu’on ne s’étonne pas dans ces conditions que les électeurs aient rejeté  cette Europe-là. D’autant que cela n’est pas vrai. Ce n’est pas l’Europe qui a endetté les différents États. Ce n’est pas l’Europe qui a demandé aux États d’avoir des modèles sociaux aussi coûteux et généreux. Bref les chefs d’entreprise recommandent de faire le ménage chacun chez soi et après on verra. Les bouc-émissaires sont finis.

Troisième commandement, le protectionnisme n’est pas tabou. Tout le monde en fait. L’Europe serait la seule entité à ne pas en faire. Actuellement l’administration américaine est en train de démolir les banques françaises installées aux USA. Qui le dit et qui les défend ?  Cessons d’être naïfs, on doit pouvoir se protéger mieux que ce qu’on fait actuellement.

Quatrième commandement, la politique d’immigration. L’Europe est une passoire, c’est vrai, parce que son modèle social est généreux. La seule solution serait d’interdire l’accès au modèle social à ceux et celles qui n’ont pas de papiers et qui sont rentrés en situation d’illégalité. Là encore, il faut éviter d’être naïf : Delors disait qu’ »on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ».

Cinquième commandement, la politique industrielle ne passe pas par des incantations mais par des expériences où l’État engagerait des moyens. Si l’État français voulait vraiment trouver une solution française, il s’en  donnerait les moyens financiers et juridiques.

Sixième commandement, la politique industrielle se construit à partir d’expériences et de de projets. Mais qui a parlé pendant la campagne de Galileo ? Qui ? Personne. Qui a parlé d’Erasmus, programme d’échange qui a permis à ce jour d’échanger et de faire voyager des millions de jeunes ?

Septième commandement, la politique sociale passe par des harmonisations, mais les ajustements ne peuvent se faire que par le haut. Il ne faut pas que cette politique sociale fasse des perdants et des victimes, sinon elle ne se fera jamais.

Huitième commandement, la politique fiscale. On ne peut pas imaginer une égalisation des régimes et des taux. Chacun peut avoir  sa propre fiscalité, mais il faut en assumer clairement les impacts.

Neuvième commandement, la politique monétaire. On ne pourra pas imaginer une politique monétaire plus efficace tant que les États membres de la zone euro ne sont pas synchronisés et tant que qu’ils ne seront pas liés par des structures fédérales.

Dixième commandement, l’Europe aura besoin d’être incarnée par un président populaire. Personne ne connait aujourd’hui le nom du président de la Commission, le président de l’Europe ou celui de l’Assemblée de Strasbourg. Or, on leur prête toutes les turpides possibles et imaginables. Il y a quand même quelque  chose qui ne tourne pas rond.

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