Les Européens arriveront-ils à mettre l’épidémie derrière eux pour négocier avec les Chinois ?

Le coronavirus a fait de la Chine le grand adversaire, mais elle reste très courtisée. Les Européens ont rendez-vous avec elle ce lundi.
Revoilà le sujet chinois au menu des discussions européennes. Ce devait être un des moments clés de la présidence d’Angela Merkel de l’Union européenne, mais le sommet sino-européen n’aura lieu aujourd’hui qu’en visioconférence et les mines devraient être moins réjouies que prévues. L’accord commercial entre la Chine et l’Union européenne ne sera pas conclu ces prochains jours, car les désaccords sont encore trop grands.
L’accord était attendu sur le sujet de la réciprocité des investissements, et devait réglementer les subventions aux entreprises publiques chinoises, le respect de la propriété intellectuelle et l’ouverture des marchés chinois aux entreprises étrangères. Les Européens attendaient des concessions de la part des Chinois pour faciliter l’accès de leurs entreprises au marché chinois.
Mais au-delà de l’économie, la pandémie de coronavirus, débutée en 2019 dans une province chinoise, a été un révélateur de ce qu’était vraiment la Chine.
D’abord, la Chine est un État où la désinformation règne. Elle a été dénoncée par les autres pays dont l’Union européenne au moment de la pandémie parce que les Chinois, s’ils ont communiqué à la communauté scientifique mondiale les bonnes informations liées à la nature du virus, ont caché son incapacité à gérer l’ampleur de l’épidémie et minimisé le nombre de malades, comme de décès. Les opinions publiques ont pris conscience du double discours chinois. A partir de ce moment-là, la confiance est rompue faire affaire avec la Chine n’a plus bonne presse aujourd’hui, en Europe comme ailleurs.
Ensuite, une économie qui avait accumulé beaucoup de productions mondiales et dont les autres États, consciemment ou non, étaient devenus dépendants dans beaucoup de secteurs stratégiques, et notamment celui de la santé. Ce qui a créé un gros problème de pénurie au moment où tout le monde avait besoin des mêmes produits au même moment.
Enfin, un pays en dehors des règles internationales, qui ne s’aligne pas sur les normes environnementales - la Chine est aussi le plus grand émetteur de carbone au monde, ou en termes de droits de l’Homme. L’épisode de Hong Kong et de la loi de sécurité nationale a attisé la colère des Européens, sans parler de la persécution des Ouighours.
Cette prise de conscience a amené les négociateurs européens à beaucoup plus de pragmatisme envers les positions chinoises. La Commission européenne a décrit la Chine comme un « partenaire de négociations, un concurrent économique et un rival systémique». Si les mots sont posés, ces déclarations doivent maintenant être suivies de faits et amener des négociations plus tendues et plus exigeantes de la part des Européens.
Ce sommet se tiendra en nombre limité. Les Européens seront représentés par Angela Merkel, à la tête de l’UE pour six mois, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission et Charles Michel, président du Conseil européen. C’est peut-être ce qui pourra aider les Européens à se mettre sur une ligne commune.
