Les Français espèrent une vague massive de privatisations

Retraite, santé, éducation, travail. Les Français savent très bien que le pays a besoin de réformes. N’ayant plus confiance dans les responsables politiques, ils pensent majoritairement que les entreprises privées sont les mieux placées pour mettre en œuvre des facteurs de progrès.
L'entreprise, un acteur de confiance
L’actualité quotidienne nous administre la preuve que l’État et son organisation administrative ont de plus en plus de difficultés à répondre aux crises et aux difficultés. De plus en plus de mal à s’adapter aux grandes mutations, qu’elles soient digitales ou écologiques.
Dès qu’il s’agit des conditions de vie quotidienne, de travail, de pouvoir d’achat, de protection d’environnement, d’école ou de santé, la majorité des Français considère qu’avec un peu de bons sens et de bonne volonté, on pourrait améliorer le fonctionnement de la vie en société.
Selon l’Institut de l’entreprise, organisme de recherche et d’analyse économique très proche du Medef, l’entreprise privée serait devenue aujourd’hui un des acteurs le plus capable de répondre aux problèmes qui se posent à la société.
En bref, les Français font beaucoup plus confiance dans les entreprises privées, les petites comme les grandes, que dans les responsables politiques (maire, ministre, parlementaires et les partis politiques) les appareil syndicaux, l’Union européenne, les organisations internationales, les enseignants et l’école en général, les représentants des communautés religieuses.
Les chefs d’entreprise ont fait le job
Les ¾ des salariés du privé ont une bonne image de l’entreprise en général et considèrent que leur qualité de travail est bonne. La crise du Covid a beaucoup marqué les esprits et a prouvé que les entreprises privées avaient été beaucoup plus efficaces et réactives que l’État, même si le système a bénéficié du « quoi qu’il en coute » qui s’est révélé indispensable. Encore fallait -il en faire bon usage. Les chefs d’entreprise ont fait le job.
Cette confiance retrouvée dans les entreprises leur a permis de prendre conscience que l’entreprise était un lieu privilégié de lien social. Il apparait que l’entreprise est la mieux placée pour régler les questions de pouvoir d’achat, de partage de la valeur, de protection de l’environnement…
La raison est simple, la majorité des entreprises ont bien compris que si elles voulaient fidéliser et recruter du personnel, trouver des investisseurs et surtout gagner des clients, il fallait qu’elles sortent des produits de qualité (zéro défaut et décarbonés si possible) avec des conditions de travail attractives et des rendements financiers qui correspondent aux conditions du marché.
Mais si l’entreprise a retrouvé la cote auprès des Français, c’est aussi parce que les services publics ne donnent plus satisfaction. Ils ne fonctionnent plus compte tenu du prix qu’ils coutent.
La sécurité publique n’est plus garantie, la justice est trop lente, l’école ne remplit plus sa mission première, qui est d’apporter à tout le monde une éducation et une formation qui permet à chacun d’organiser son avenir et de vivre ensemble, le système de santé est débordé et les administration asphyxiées … l’inventaire de ce qui ne va pas dans le pays pourrait être très long. C’est l’ensemble de ces dysfonctionnements qui alimente les demandes d’aides et de subventions et qui crée ce climat d’anxiété et de grogne sociale. Le pouvoir politique et plus largement toute la classe politique sont tenues pour responsables.
Face à l'Etat toujours plus mal
D’un côté, nous avons un État exsangue et endetté, dont la seule réponse possible est de promettre plus de moyens alors que les effectifs sont déjà pléthoriques et que les possibilités de financements sont de plus en plus rares.
De l’autre côté, nous avons des entreprises qui remplissent leurs promesses de résultats parce qu’elles ont une expertise en management que n’ont pas les services publics.
Face à cette situation que tout le monde peut constater, la logique d’optimisation des intérêts individuels fait que le citoyen-consommateur-salarié se tourne de plus en plus vers le privé. Si c’est plus efficace et pas plus cher. Pourquoi se priverait-il ?
Pendant le covid, on a vu une floraison d’initiatives en matière de production de services et de produits de la part de la sphère privée. Et heureusement que la sphère privée a fait preuve d’une résilience extraordinaire et d’une imagination qui n’avait d’égale que l’expertise, pour limiter les dégâts.
Face à une école publique et laïque qui ne donne pas satisfaction, on a assisté depuis 15 ans à un développement frénétique de l’enseignement privé, enseignement général de base mais aussi enseignement technique et commercial.
Face à un système de santé public défaillant, les patients ont trouvé dans le privé les moyens de compléter le service public et parfois même les complémentaires d’assurance leur ont offert des solutions alternatives.
L’avenir des retraites qui font l’objet d’un interminable débat politique a donné l’occasion d’explorer des solutions alternatives. Les Français paraissent s’opposer à la reforme mais ils sont conscients des difficultés et beaucoup ont trouvé dans les banques et les sociétés d’assurance des produits d’épargne capitalisée qui leur permettront de compenser les défaillances de la retraite de base.
Compte tenu des contraintes démographiques et financières, compte tenu des mutations technologiques, nous sommes sans doute à la veille d’une vague de privatisation qui sera d’autant mieux acceptée qu’elle apportera des solutions qui sont hors de portée de l’Etat.
La fonction de l’État n’est pas de produire des biens et des services, la fonction de l’Etat est de remplir ses missions régaliennes : la sécurité, la justice, la défense, de veiller aussi à ce que les inégalités ne sont pas trop grandes. Sinon, la fonction de l’État est d’exercer un contrôle équitable du fonctionnement de la sphère privée.
Suivez nous sur Twitter
A lire aussi...
Le FMI annonce la déprime, ce qui marque un changement profond dont les Occidentaux peuvent pourtant se réjouir.
Le FMI a soufflé le froid sur les prévisions mondiales alors que les chefs d’entreprises guettent les premiers signes de changements positifs. Parce que si la Chine va mal, c’est une bonne nouvelle et si les taux d’intérêt remontent, ça cassera la spéculation avant l’industrie.
La guerre en Ukraine va obliger les démocraties libérales à accepter un nouvel ordre mondial.
L’année 2022 qui s’achève a mis un terme à l’organisation du monde qui avait été définie après la chute du mur de Berlin. L’année 2023 devra inventer un nouvel équilibre et sortir les gouvernements des contradictions dans lesquelles ils sont tombés.