Les JO à Paris : bonne nouvelle pour l’économie ?

La France est quasi certaine d’organiser les JO soit en 2024, soit en 2028. Du sport dans les plus beaux monuments de Paris, d’accord, mais où trouver les milliards pour financer tout ça ?
Excellente nouvelle pour la délégation qui a porté le projet. Représentants de gauche et de droite, de politiques et de sportifs, ont réussi à prouver au CIO que Paris était une candidate sérieuse. Sportivement et économiquement. Seulement, les JO, contrairement à d’autres événements comme l’Exposition universelle, sont en partie financés par des deniers publics. Alors pour un pays qui cherche justement à faire des économies dans ses frais de fonctionnement, qui grignote des économies à tout va pour combler 9 milliards de déficit inattendu mais qui cherche surtout à rentrer dans le dur des réformes, l’organisation des Jeux peut poser question, au moins sur le plan économique. Cela soulève principalement trois grandes questions sur le projet de Paris.
Paris peut-il se le permettre ?
Sur le budget prévu, 3 milliards sont dédiés à l’aménagement d’infrastructures.
Sportives comme logistiques. 93% des sites de compétition prévus dans le projet de Paris sont soit déjà existants, soit temporaires. Certaines infrastructures créées resteront après les Jeux, mais ce sont des dépenses qui auraient de toute façon eu lieu, comme la rénovation de certains quartiers réhabilités, là-même où sera installé le village olympique en Seine Saint Denis; ou encore la création des 200 kilomètres de métro supplémentaires ou du Roissy Express, longtemps annoncé, toujours retardé. D’autres seront éphémères : l’équitation dans les jardins du Château de Versailles ou l’escrime au Grand Palais par exemple, mais ce sera pour le spectacle.
L’équation des jeux est la suivante. Les dépenses prévues sont de 6,6 milliards – 3 milliards pour les infrastructures, le reste pour l’opérationnel, petit budget par rapport aux éditions précédentes. Et les recettes estimées se montent à 1,1 milliard d’€ pour la billetterie, 1,1 milliard d’€ de la part des sponsors et une subvention de 1,3 Md€ du Comité d’organisation des Jeux olympiques. Pour rentrer dans les frais, il faudra que le public adhère à cet événement, vienne en masse, pour que les retombées économiques soient à la hauteur du scénario le plus favorable. Une étude du Centre du droit et d’économie du sport avait mesuré, l'impact économique des JO se situerait entre 5,3 et 10,7 milliards d'euros, le milieu de la fourchette étant à 8,1 milliards.
Doit-on attendre un boom au niveau de la fréquentation de touristes ?
Il faut regarder de l’autre côté de la Manche et prendre l’exemple de Londres, capitale pas si lointaine qui a accueilli les Jeux il n’y a pas si longtemps, s’avère instructif. En fait, pour des villes habituellement touristiques, les études montrent qu’il n’y a pas de boom de fréquentation notoire. Les visiteurs intéressés par les JO viendront se substituer à d’autres touristes qui préféreront éviter l’affluence d’un tel événement.
En fait, le principal impact économique est ailleurs et est principalement dû à la symbolique de l’ouverture sur le monde. Et vient plutôt impacter le commerce extérieur. Les Jeux Olympiques sont signe d’ouverture, de mondialisation et de compétition. Tout ce dont a besoin une entreprise. Leur attribution et leur organisation mettent en avant les entreprises du pays concerné, qui voit en général ses exportations augmenter.
Quels risques d’un budget qui dérape ?
Le Comité Paris 2024 a indiqué un budget à 6,6 milliards d’euros, très loin des fastes de Pékin à plus de 40 milliards. Mais le budget annoncé n’a jamais été respecté dans le passé, et même dépassé de 179% en moyenne. A Londres, par exemple, les coûts -anticipés de 7,4 milliards d’euros - ont été in fine de 14,8 milliards. La règle est donc de ne pas compter sur le chiffre de départ.
Parmi les frais supplémentaires, on peut d’ores et déjà ajouter la sécurité ; mais aussi le coût du foncier. Car, si de beaux projets sont annoncés, entre le prospectus de présentation de la candidature et son organisation effective, les coûts de construction et la valeur du foncier peuvent augmenter de beaucoup, selon un expert du FMI.
Les mots d’Anne Hidalgo elle-même, qui confiait il y a peine deux ans que «les Jeux, c'est très joli, mais il n'y a pas une ville qui s'y soit retrouvée sur le plan financier».
En fait, tout dépendra de la santé financière de la France à ce moment-là. Les Jeux remporteront l’adhésion du public, des touristes et des investisseurs en partie si elle est redevenue crédible sur le plan économique.
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