Les patrons français au bord de la crise de nerfs

Il est peu probable que l’ensemble des patrons aient voté Sarkozy. Il y en a beaucoup qui avaient de la sympathie pour François Hollande. Certains ont voté PS en se disant que la situation était tellement compliquée, que seul un gouvernement de gauche aurait le courage de prendre les mesures de redressement nécessaires. Six mois après le scrutin, le pouvoir s’est mis à dos tous les acteurs de l’économie : les petits patrons qui travaillent à l’ombre de leur clocher comme les grands qui sont à l’international, les fous de technologie comme les créateurs d’entreprises et les investisseurs. Les dirigeants du PS ont balayé d’un revers de main cette fronde généralisée en disant qu’ils étaient dans leur rôle, mais ils se trompent ! Les patrons ne sont pas au théâtre politique. Ils n’adoptent pas de posture. Ceux qui jouent et expriment des postures, ce sont les dirigeants des organisations patronales. Soyons honnête, le Medef et les autres courent derrière le mécontentement de leurs bases pour rattraper le mouvement qu’ils ont, au départ, sous estimé.
Les patrons ne sont pas complètement débiles. Ils savent que la situation conjoncturelle est compliquée, que la crise internationale va tout bouleverser. Ils sont parfaitement capable de comprendre que les efforts à consentir pour le redressement doivent être partagés. Mieux, ils savent aussi que certains patrons se sont mal conduits avec le corps social. Un patron doit être exemplaire et certains ne l’ont pas été. Mais le motif de leur colère est ailleurs. Les chefs d’entreprises n’acceptent plus trois choses. La première, c’est d’être en permanence désigné comme bouc-émissaire de toute les difficultés du monde. Pourquoi faut-il qu’un patron soit coupable de tout ? Cette culpabilité quotidienne et publique rend leur vie difficile et la gestion de leur entreprise plus fragile encore. Deuxièmement, les chefs d’entreprises ne supportent pas être accusés de cynisme en permanence. Les patrons ne sont pas des voleurs, des menteurs ou des spéculateurs. L’obsession d’un patron n’est pas d’accumuler le maximum d’argent pour l’évacuer en Suisse. L’obsession d’un patron, c’est de finir le mois, d’avoir assez de trésorerie pour payer ses salaires de satisfaire ses clients et de se développer.
Enfin, la troisième chose que les chefs d’entreprises n’acceptent plus, c’est l’incapacité des dirigeants à prendre les trois mesures que tout le monde connait depuis des années. La première, c’est de réduire les dépenses publiques pour alléger le fardeau fiscal qui pèse sur les institutions créatrices de richesse. L’économie ne se résume pas à la consommation ou à la redistribution. L’économie, c’est d’abord un ensemble de procédures pour créer de la richesse, de la production, de l’innovation et de l’investissement. La seconde mesure, c’est de reformer le système de financement du modèle social. La seule solution, c’est d’alléger les charges de production en transférant une partie de ces charges sur la TVA. Que cette formule soit aujourd’hui éliminée sous le seul prétexte qu’elle avait été proposée par Nicolas Sarkozy est d’une stupidité sans nom. Enfin, la troisième mesure, c’est d’améliorer l’écosystème des entrepreneurs investisseurs pour qu’ils aient intérêt à travailler. Si on les prend pour des pigeons, ils vont soit se révolter, soit partir ailleurs soit mourir. Il faut recréer l’ensemble des règles administratives et fiscales qui balisent leur activité. On a besoin de balises mais pas de labyrinthes.