Les trois raisons pour lesquelles l’inflation devrait se calmer à la rentrée.
Après l’adoption des mesures de soutien au pouvoir d’achat, une activité économique qui ne s’effondre pas et une situation internationale qui pourrait se calmer, l’inflation devrait se calmer à la rentrée.

A Bercy, on continue de penser que le pic d’inflation a été atteint, aux environs de 6,5 % en taux annuel et que la crainte d’une nouvelle explosion des prix à la rentrée n’est pas fondée, sauf éléments complètement imprévus qui pourraient apparaitre sur les écrans radars, ce dont la majorité des experts se méfient toujours.
Pour le reste, l’adoption des mesures de soutien au pouvoir d’achat a donné l’assurance d’un départ en vacances beaucoup moins stressé pour l’opinion que le climat législatif laissait présager. Un climat conjoncturel domine par une économie résiliente et une politique monétaire prudente.
1er point : la situation macro-économique est meilleure que ce qu’on prédisait … le deuxième trimestre est resté positif en termes de croissance. La grande majorité des entreprises ont publié des chiffres d’affaires en forte croissance pour le 2e semestre et sorti des marges bénéficiaires. Ce qui explique l’extrême résilience des marchés financiers.
2e point : Sans surprise, les banques centrales ont quitté le monde de l’argent gratuit qu’elle avaient enfanté pour échapper à la tempête, mais restent très prudentes dans leur décision de remonter les taux. Les banques centrales sont plutôt en mode attentiste qu’alarmiste. Les expériences passées les poussent à la prudence. Remonter les taux plus violemment sur la foi des rumeurs d’inflation galopante aurait pour effet de provoquer la récession.
Sur le terrain, l’opinion publique peut donc s’attendre à un relatif retour au calme du côté des prix parce que l’inflation ressentie est liée aux hausses de prix de l’Energie et des matières premières importées. Or, le ressenti va évoluer.
1ère raison. Les ristournes qui seront appliquées à la pompe seront bien réelles. Le bouclier énergétique prévu dans la loi pouvoir d’achat augmenté du rabais de 20 centimes le litre que promet Total, pourrait tirer le litre d’essence en dessous de 1,50 euro, ce qui va calmer la fièvre de l’automobiliste.
2e raison, les grands distributeurs ont les vacances pour mettre un terme à la valse des étiquettes. Les enquêtes consommateurs et les administrations ont évidemment découvert que beaucoup de hausses de prix des produits alimentaires ou de produits de première nécessité ont été gonflés au-delà de la répercussion mécanique des effets guerre en Ukraine ou bouleversements géopolitiques. Même phénomène chez les transporteurs qui ont eu tendance à profiter du désordre dans les ports et sur les lignes pour majorer le prix des containers. D’autant plus tentant que la concurrence dans le secteur n’est pas excessive.
3e raison, les marchés sont en voie de rééquilibrage. L’inflation est le résultat d’un déséquilibre entre l’offre et la demande. L’offre globale, déjà tendue par le rebond post covid, s’est retrouvée cassée dans certains secteurs par la guerre en Ukraine et ses effets collatéraux. Or, les décisions gouvernementales et l’effort des entreprises doivent permettre de trouver des approvisionnements alternatifs et parallèlement, d’accélérer la mutation énergétique.
Reste que dans le logiciel de rentrée un peu idéal, il y a des inconnues qui peuvent faire bugger le système politico-social.
Les inconnues relèvent des sous-jacents politiques qui vont accompagner la gestion des restrictions éventuelles. Le plus difficile pour le gouvernement est de gérer les contradictions entre la réalité économique et les objectifs de l’écologie. L’éclatement de la majorité et l’existence de deux blocs extrémistes qui se situent hors système, c’est-à-dire qui souhaitent autre chose qu’une démocratie représentative et une économie capitaliste mue par les logiques de marché.
Les contradictions existent dans le comportement de l’opinion et éclatent avec évidence sur le dossier de l’énergie ou même du pouvoir d’achat.
L’opposition politique ne peut pas ne pas s’opposer à la guerre en Ukraine et à l’agression russe, mais ça n’est pas pour autant qu’elle adhère au système de sanctions qui revient à une sorte d’effort de guerre.
Peut-on, comme les écologistes ou les députés de la France insoumise, attaquer la gouvernance Française quand elle se tourne vers d’autres fournisseurs et revendiquer des aides à la consommation de gaz ou de fioul? Peut-on faire la guerre aux énergies fossiles d’un côté, mais ne pas vouloir de nucléaire de l’autre, alors qu'on reste très attaché au mode de vie actuel?
La crise du covid, puis la crise en Ukraine ont souligné ce type de contradictions chez nos responsables politiques mais leur impose aussi une obligation de cohérence. Cette cohérence, c’est au Parlement de la fabriquer.