Marc de Scitivaux : « Le monde ira mieux, mais en France, l’année 2013 est foutue ! »

Quelle va être la tendance économique, au niveau mondial, en 2013 ?
Au niveau mondial, l’année 2013 sera une bonne année, meilleure que prévue. Aux États-Unis, la croissance sera relativement forte. C’est dû à la bonne activité des entreprises, à laquelle s’ajoute la reprise de la construction. C’est extrêmement important, puisque pour 1 dollar de PIB, on crée trois fois plus d’emplois dans la construction que dans l’industrie. De son côté, la Chine donne déjà quelques signaux de redémarrage grâce à la volonté du gouvernement chinois, à travers sa politique monétaire, de relancer l’activité. Mais je crains que nous ayons un monde qui aille mieux et une Europe encore malade. L’Allemagne, elle, ira bien grâce à ses exportations, mais en France nous n’en tirerons pas grand-chose.
Et en Europe ?
Il y a trois pays à surveiller : L’Espagne tout d’abord. Ils n’ont pas fini de souffrir du dégonflement de la bulle immobilière. Le deuxième pays, c’est l’Italie. S’il y a une bonne demande mondiale, on peut considérer que l’Italie en profitera. Il se peut que nous ayons de bonnes surprises l’an prochain car les réformes de Monti portent leurs fruits. Pourvu qu’elles ne soient pas mises à mal par le retour de Berlusconi ! Enfin, le troisième pays c’est la France pour une raison très simple : le signe le plus tragique, c’est la baisse de l’investissement dans le pays. Il est fort possible que vous ayez une reprise quasi inexistante. Je crains que l’année ne soit déjà foutue.
Quels sont les outils à mettre en œuvre ?
Il n’y a pas de mystère ! Dans un monde ouvert, il faut attirer les capitaux et les cerveaux par une politique sociale souple ou une politique fiscale attirante. Actuellement, vous n’avez ni l’un ni l’autre, donc il ne peut pas y avoir de miracles. En plus, les déclarations tragiques de M. Montebourg font réfléchir tout investisseur étranger avant qu’il vienne s’implanter en France. Sans parler de la grotesque polémique sur Depardieu. Cette continuation de la fiscalité avec peu de baisse de dépenses publiques, donc une rentabilité très faible de l’économie française, nous envoie droit dans le mur. Je crains que, dans un monde qui va bien, nous soyons un peu les grands malades.