Michel Rousseau – Fondation Concorde : « Oui à l’amnistie fiscale ! »

Bernard Cazeneuve, le ministre du Budget, a confirmé mercredi matin qu’il n’y aura pas d’amnistie fiscale pour les exilés souhaitant revenir sur le territoire. Le locataire de Bercy ne souhaite pas « donner le sentiment de transactions sous le manteau ». Le ministre a néanmoins affirmé qu’une politique incitative sera mise en place grâce à un barème à destination des évadés fiscaux. Pour Michel Rousseau, le président de la Fondation Concorde qui travaille régulièrement sur le sujet, cette politique visant à inciter les exilés fiscaux est un élément positif mais ne règle pas le problème fondamental : les causes de leur départ.

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Le gouvernement initie une politique d’incitation  au retour pour les exilés fiscaux. Que penser de cette volonté politique ?
Je pense que c’est une bonne disposition parce qu’il y a toujours des gens qui veulent revenir pour diverses raisons en France. Le seul problème dans tout cela, c’est que l’on reste dans cette logique désastreuse d’un système fiscal qui fait partir les gens. Nous avons en effet la nécessité d’être plus accueillants vis-à-vis des exilés fiscaux, mais je crois que le véritable problème, c’est celui du modèle fiscal français qui est sans comparaison avec ce qui se fait ailleurs. Tant que l’on n’aura pas compris ça, on aura ce débat de comment faire revenir les exilés fiscaux.

Que préconisez-vous ? Êtes-vous favorable à une amnistie fiscale ?
On devrait s’inspirer de ce qu’avait fait Sylvio Berlusconi il y a dix ans en Italie. A savoir la création d’un système fiscal de retour avantageux. Cela a permis à beaucoup de capitaux de se réimplanter en Italie. Je suis favorable à une amnistie fiscale. J’estime que quand un gouvernement fait de telles erreurs, il est normal que d’une manière ou d’une autre il les reconnaisse. Il faut consentir à reconnaître cette folie fiscale qui a provoqué des départs et commencer à réfléchir comment ré-accueillir les gens.

De quelle erreur s’agit-il ?
L’erreur d’avoir matraqué les gens fiscalement ! L’erreur d’avoir obligé les gens à partir pour des raisons fiscales et de ne pas respecter la convergence européenne. Il est bien normal que dans une économie libre comme la nôtre en Europe, les gens aillent là ou ils sont le moins fiscalisés. Je pense à ce gouvernement mais aussi aux précédents qui n’ont pas été raisonnables en ne supprimant pas l’ISF et qui ont une large part dans l’exil fiscal.

Julien Gagliardi
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