Olivier Pastré : «En 2013, attention au Credit-crunch !»

2013 sera-t-elle une année de crise des banques comme l’a été 2012 ?
D’une certaine manière oui parce que l’environnement n’est pas favorable. Les banques seront tout aussi fragiles. Mais mon inquiétude pour 2013, c’est plutôt le Credit crunch, c’est-à-dire le ralentissement des activités bancaires en raison d’une limitation des crédits accordés aux entreprises et aux ménages. Des directives européennes comme Bâle 3 rendent plus compliqué le financement des entreprises par le crédit. Or, l’emploi ne peut se générer que par là.
2013 sera aussi l’année de la réforme bancaire par le gouvernement. Que pensez-vous de cette dernière ?
Avec la réforme, on a quand même fait un grand pas en avant à ne pas minimiser. La réforme qui vient d’être votée en France constitue un progrès incontestable. Elle interdit certaines activités jugées comme risquées : le trading haute fréquence et les dérives de matières premières. La réforme oblige également les banques à cantonner les activités les plus risquées au sein d’une filiale pour protéger les épargnants. Enfin, elle renforce le pouvoir de la banque de France.
Pourtant nos banques sont sûres. En avait-on vraiment besoin ou sommes-nous plutôt dans le geste politique ?
Les deux. Évidemment c’est un geste politique vis-à-vis des engagements de Hollande. Même si, c’est vrai, les banques françaises ont plutôt mieux résisté que d’autres banques, le fait de renforcer le contrôle et la surveillance n’est pas inutile. Avec les affaires UBS et HSBC on se dit quand même que le contrôle n’est pas terminé. J’attire l’attention de vos lecteurs sur le fait que la réforme permettra la création d’un fichier positif qui permettra de responsabiliser davantage les banques en matière de crédit à la consommation.
Olivier Pastré est un économiste français et professeur d’économie à l’Université de Paris VIII. De janvier 2009 à janvier 2012, il a été membre de la Commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations. Olivier Pastré présente une chronique économique sur France Culture et est membre du Cercle des économistes.