Paris devient la première place boursière en Europe…C’est la première fois. Bercy qui ?

La valeur totale de toutes les entreprises cotées à Paris vient de dépasser pour la première fois celle des sociétés cotées à Londres. Merci au Brexit qui a dévalué et appauvri la City. Mais il faut dire que les entreprises françaises ont bien joué leur partition.

Il n’y avait qu’à Londres que les traders pensaient qu’une fois libérés des contraintes européennes, ils pourraient conquérir le monde. Ils ont perdu leur pari. Londres libéré n’a pas tenu sa promesse. Parce que la confiance s’est fissurée et que la City a vu ses experts partir vers d’autres lieux.

Cela dit, la performance de  Londres faisait rêver. La première place boursière n’était pas acquise. Toute la communauté financière mondiale savait que Londres allait perdre son leadership après son divorce avec l’Europe, mais beaucoup pensaient que Francfort où siège la BCE, ou même Amsterdam qui bénéfice d’avantages fiscaux et qui a su attirer quelques beaux sièges sociaux, avaient une chance. Au départ, Paris avec ses gilets jaunes,son immobilier de luxe, ses embouteillages et ses gouts immodérés des tracas administratifs était hors-jeu..

Et bien la communauté financière européenne s’est trompée. Après trois ans d’effort, Paris vient de prendre la tête du hit-parade des bourses européennes et se retrouve numéro 2 dans le monde derrière New-York. Cette actualité est hyper importante.

Alors, La France insoumise ou les amis de Sandrine Rousseau y verront la preuve de l’emprise capitaliste franco-française alors que la France reste le pays en Europe où le montant des prélèvements obligatoires est le plus lourd.  Donc il n’y aura pas de débat.

Pour faire simple, cette performance est le résultat de trois séries de facteurs :

C’est d’abord une conséquence du Brexit qui a fait perdre aux milieux d’affaires le privilège de bénéficier des avantages de l’Union européenne (et de la stabilité de l’euro) sans avoir à en supporter les contraintes. Ryanair par exemple, qui était une star à la bourse de Londres a préféré s’en aller à Dublin pour conserver sa licence européenne. Passons sur les établissements bancaires ou d’assurance qui ont déménagé, mais surtout la situation économique s’est tellement dégradée que la valeur boursière s’est détériorée avec en prime, une dépréciation de la livre sterling.   Résultat: les indices britanniques ont du amortir le choc  alors que le Cac 40 a augmenté de 25% depuis le vote du Brexit.

Mais la première place pour Paris est aussi un effet du dynamisme de grands champions français dont beaucoup sont dans le luxe, mais pas que … LVMH, Kering et L’Oréal sont des moteurs que rien ne parait pouvoir altérer leurs croissance, ni les gilets jaunes, ni le covid, ni la guerre en Ukraine ou les sanctions. LVMH est aujourd’hui l’entreprise la plus chère en Europe à 350 Milliards d’euros. Mais à côté du luxe, la France a aussi de très belles unités dans l’agro-alimentaire, l’industrie énergétique ( Total , Engie .. ), les industries d’assainissement ou d’infrastructures, sans parler des nombreuses pépites digitales dont quelques licornes qui sont apparues depuis dix ans. ( Blablacar, Doctolib. Etc. etc.

Enfin, la performance capitalistique a profité de l’environnement politique et fiscal français  Merci… Bercy .. La permanence d’une même politique de l’offre a incontestablement profité aux entreprises. Le maintien aux commande de l’économie de Bruno Le Maire qui a,sans trop de bruit,  permis de protéger les actifs de production. La politique de soutien aux entreprises pendant le covid a permis de freiner les dégâts sociaux ( chômage partiel ), mais de ce fait, cette politique a aussi permis de protéger et d’améliorer la compétitivité des entreprises. Le quoi qu’il en coute a couté cher mais il a été aussi géré comme un investissement. Beaucoup de pays européens sont sortis des crises passées (  covid et guerre ) dans un état beaucoup plus compliqué, l’Allemagne notamment, qui a beaucoup perdu en attractivité au bénéfice de la France. La situation énergétique met aussi la France dans une position beaucoup plus favorable que nos amis d’outre-Rhin.

Bref, les premiers de la classe ne le sont pas toujours par hasard, ce qui est intéressant, c’est qu’en dehors de faire du bien à l’ego, la position de leaders attire les compétences et les profits.  Et si ces profits ne sont pas gaspillés, ils peuvent servir à payer les factures sociales, les dettes, ce qui rassure les investisseurs et les créanciers .

Actuellement,  la maison France n’a pas de problème de financement, la prime de risque  demandée est l’une des plus faibles mais le modèle français n’a pas les moyens de faire la moindre bêtise sur la gestion budgétaire et elle a surtout l’obligation de respecter la promesse de maitriser son budget social  ( d’où la réforme des retraites , du chômage et l’assainissement des dépenses de fonctionnement administrative… ) Ça n’est pas acquis. Le point faible de la France, c’est la fragilité de la situation politique …