Pour le monde des affaires, les dirigeants politiques ont réussi ce week-end à organiser un des plus grand festivals d’hypocrisie de la planète ...

Comment s’y retrouver dans les injonctions contradictoires qui sortent du G20, de la COP26 ou même des face à face diplomatiques qui seraient censés aplanir les conflits qui rajoutent de l’inquiétude à l’angoisse collective ?
Le monde des affaires, c’est à dire cet ensemble de chefs d’entreprises, de banquiers, de décideurs, attendait un week-end de clarifications, ils ont eu le droit à une représentation théâtrale à l’échelon internationale dont ils se souviendront.
A peine sortis de la pandémie du Covid pendant laquelle les chefs d’entreprise occidentaux ont fait preuve d’une résilience exceptionnelle en évitant le pire dans beaucoup de secteurs, ces chefs d’entreprise s’attendaient à un peu de responsabilité de la part des gouvernants pour améliorer leur visibilité dans la relance. Ils n’ont pas été déçus. Ils ont assisté pendant ce week-end à une série de saynètes de théâtre pendant lesquelles chacun a essayé de ne pas prendre de responsabilités internationales et de plaire à leur électorat propre.
La réunion du G20 a été un festival de malentendus. Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays les plus riches de la planète ont officiellement signé l’accord fiscal qui institue un impôt minimum de 15 % pour les entreprise du monde entier et qui va obliger les multinationales à payer ce minimum d’impôts dans les pays où elles travaillent. C’est un énorme progrès auquel la France n’est pas étrangère, et parce que ça va ramener des ressources à des pays qui n’en ont guère, dans un système qui permettait à beaucoup trop d’entreprises qui optimisaient les rentrées fiscales en se réfugiant dans un paradis fiscal. Théoriquement, ça ne sera pas possible sauf qu’il va falloir attendre deux ans encore avant que ça soit appliqué et organisé. Deux ans encore à attendre la fin des paradis fiscaux. On pouvait sans doute faire plus, plus vite et mieux.
2)La réunion entre Joe Biden et Emmanuel Macron a dû être hilarante, notamment quand le président américain s’est quasiment excusé de la façon dont le contrat avec l’Australie concernant les sous-marins avait été annulé pour la France. Il s’est donc excusé alors qu’on aurait voulu qu’il s’explique et qu’il compense les pertes. Pour Emmanuel Macron, tout cela ressort du détail.
3) C’est d’autant plus cocasse que Joe Biden a bien précisé que l’Amérique n’entendait pas s’éloigner de l’Europe à cause du Brexit. Que la Grande Bretagne sorte de l’Union Européenne, c’est son problème mais qu’elle ne vienne pas demander aux États Unis de venir signer des contrats commerciaux avec elle.
Boris Johnson, qui compterait bien sur ses liens avec l‘Amérique pour rattraper ce qu’il a perdu en sortant de l’Europe, en est pour ses frais.
4) la rencontre en tête à tête entre Macron et Boris Johnson a dû, elle aussi, collectionné les éclats théâtraux et les ambiguïté menaçantes. Pour ceux qui en ont des échos directs, ça ressemblait plus à une pièce de Boulevard qu’à une négociation commerciale. On savait que Paris et Londres ont continué d’échanger des ultimatum et menaces sur la pêche. La France doit instaurer ce lundi à minuit des mesures de représailles contre le Royaume-Uni, qui menace de porter l'affaire devant les instances européennes prévues pour régler les différends post-Brexit. La rencontre « cordiale » entre Emmanuel Macron et Boris Johnson, n'a pas permis d'aplanir le différent. En bref, la France réclamait tout simplement l'application des accords post-Brexit qui donnent aux pécheurs français la possibilité de rester dans les zones de pêche où ils étaient avant le Brexit. Le Premier ministre Britannique reconnaît qu’il y a eu un accord mais qu’il le respectera quand la France aura abandonné ses menaces. Ce jeu de chat et de la souris peut durer longtemps. Le monde de la pêche, production et transformation, qu‘ils soient anglais et le plus souvent français, ne supporte plus ce genre de querelles d’école maternelle. Mais quoi faire d’autre quand côté anglais, le patron a besoin de prouver qu’il existe et côté français, le président de la république cherche à ne pas perdre trop d’électeurs.
5° Autre morceau de Théâtre, autre psycho drame dès l’ouverture de la COP 26, Le comble de l’incapacité de prendre sa responsabilité a été atteint, Jamais on n’a vu avec autant de clarté le clivage entre l’Est et le sud de la planète, qui sont les plus gros pollueurs, et l’Ouest qui regorge d’écologistes.
D ‘un côté , on se préoccupe d’assurer un développement à des populations déshéritées, de l’autre, on fustige un système économique fondé sur la croissance, sans vouloir en abandonner les avantages.
Le résultat d’une telle contradiction entre ceux qui polluent mais qui n’ont pas les moyens de faire autrement et ceux qui voudraient dépolluer mais pas en payer le prix, va conduire la Cop 26 à l’échec. On sait d’ores et déjà, que la promesse des 100 milliards de dollars d'aides annuelles pour les pays en développement les plus impactés par le réchauffement ne sera tenue au mieux qu'en 2023, au lieu de 2020. Par conséquent, les pays du continent africain se sentent floués et leur adhésion à l’accord de Paris n’est pas confirmée.
6) Passons sur les divergences d’analyse concernant l’ampleur du réchauffement climatique et sur les moyens de lutter pour restaurer un équilibre, passons sur les désaccords sur ce que pourrait être le prix du carbone, seule façon d’obtenir de réelles améliorations.
7°) On ne peut pas passer sur un des points de blocage les plus sérieux qui concerne l’électricité, son prix et surtout son mode de production. Si tout le monde est d’accord pour dire que l’utilisation de l’électricité va s’accroître dans des proportions considérables d’ici à 2050. Entre 35% et 70 % de plus si on décide de passer au tout électrique.
Tout le monde est d’accord pour faire en sorte que cette électricité soit produite dans des conditions décarbonées. Donc ça peut être que par les moyens naturels ( éolien et solaire ) ou nucléaires. Depuis 20 ans, les écologistes ont essayé de démontrer que la prévision d’utilisation de l’électricité était plus faible que ce que les industriels affirmaient. Pendant 20 ans, ils ont réussi à booster les énergies renouvelables éoliennes et solaires et à stopper les investissements nucléaires, Aujourd’hui, on sait très bien que les énergies naturelles ne suffiront pas et qu’il va falloir relancer massivement les investissements nucléaires. Il faut lire et relire le rapport de RTE qui montre très clairement le retard pris par la France dans un domaine où elle avait une des meilleures expertises du monde.
Conclusion de toute ces contradictions, de tout cet imbroglio de courants politiques et écologistes, du rôle parfois pervers et même toxique réalisé par des ONG qui n’ont aucune légitimité politique mais qui agissent au profit de certains lobbys, le monde de l’entreprise est perdu.
Ce monde-là doit faire fonctionner ses entreprises en respectant ses fondamentaux d’équilibre financier. Le monde des affaires produit des biens et des services, il doit donc satisfaire ses clients, ses salariés et ses actionnaires. Dans la majorité des cas, les entreprises font les efforts que leurs clients, leurs salariés et leurs actionnaires leur demandent. Heureusement parce que les pouvoirs politiques ne les aident guère.