Pourquoi la menace terroriste va obliger l’Europe à plus de fédéralisme

La gouvernance française a réalisé un sans-faute dans la gestion de cette sombre période. Le Premier ministre a eu le courage de dénoncer des problèmes que la gauche ne veut pas voir. Désormais, il faut accepter que l’Europe soit plus solidaire donc plus fédérale pour aller plus loin. Mais là, on est encore dans le déni total.

La gouvernance française a réalisé un sans-faute dans la gestion de cette sombre période. Le Premier ministre a eu le courage de dénoncer des problèmes que la gauche ne veut pas voir. Désormais, il faut accepter que l’Europe soit plus solidaire donc plus fédérale pour aller plus loin. Mais là, on est encore dans le déni total.

Si la marche républicaine a donné le spectacle d’une unité européenne retrouvée, c’est bien parce que dans l’esprit des opinions publiques, le danger pèse sur l’Europe occidentale toute entière. Tous les pays de la zone euro, sans exception, sont dans le collimateur des extrémistes islamiques. Et ce, pour une raison très simple, ils trouvent des soldats dans l’Europe toute entière. Tous les pays regorgent d’enfants mal intégrés. La crise a marginalisé ces jeunes.

Si la menace touche l’Europe toute entière, elle devra être gérée à l’échelle de l’Europe toute entière. En France, on peut dire que le gouvernement a fait le job. Manuel Valls a été très courageux de diagnostiquer la réalité du mal qui ronge les populations juives et musulmanes. Le gouvernement a su prendre, très vite, la mesure des réformes à faire pour renforcer la sécurité intérieure mais ce gouvernement n’a toujours pas pris d’initiative pour catalyser au niveau de l’Europe, plus de cohérence et de solidarité.

Les fondamentaux de l’économie pourrait faciliter la sortie de crise. La baisse des prix du pétrole offre aux économies des marges de productivité considérable, les coûts de production ont baissé de 40%. C’est beaucoup plus que n’importe quelle baisse de charges sociales. L’euro lui-même a touché un plus bas historique mercredi, en-dessous de son cours de lancement face au dollar. Une valorisation capable de booster les exportations en freinant les importations. Théoriquement, tout cela est bien pour l’activité et pour l’emploi.

Ajoutons à cela l’autorisation juridique donnée à la banque centrale de racheter de la dette publique.

Mario Draghi va pouvoir passer à l’acte et intervenir en créant des disponibilités monétaires. Il pourra racheter de la dette souveraine, par exemple, pour aider la Grèce à surmonter le poids des mesures d’austérité. Personne ne sait s’il pourra aller au-delà et si une politique monétaire non conventionnelle serait bénéfique à l’activité. Les banquiers et les financiers le disent mais ils sont les premiers à en profiter. Peu importe, l’euro respire en s’affranchissant de ses contraintes.

L’Europe ne s’est pas libérée des contraintes qui l’empêchent de profiter de la solidarité. Les réalités de la crise terroriste lui donnent pourtant l’occasion de le faire. L’Europe aurait besoin de trois réformes. D’abord, la mise en place d’une politique étrangère commune et solidaire. Une politique incarnée par un européen.

Les pays de la zone euro doivent avoir une position commune face aux pays du Maghreb, du Proche et Moyen-Orient, vis-à-vis de l’Afrique et de la Russie.

Ensuite, les pays de la zone euro doivent se mettre d’accord pour avoir une politique de défense commune. Actuellement, c’est la France et la Grande-Bretagne qui assure par délégation les missions de défense nationale pour le reste de l’Europe. Ce sont donc ces deux armées qui partent sur les théâtres de guerre, pourchasser et essayer d’anéantir les foyers de terrorisme. La France et la Grande-Bretagne sont les seuls gardiens de la paix pour le compte de l’Europe. La mise en place d’une politique étrangère commune et une politique de défense cohérente nécessite une évolution politique majeure de beaucoup de pays à commencer par la France.

Enfin, les pays de la zone euro doivent tenir compte dans l’appréciation qualitative de leurs budgets, des efforts faits par les uns ou par les autres pour assurer la défense pour tous. La Commission a déjà informé les gouvernements qu’ils pourraient sortir de la contrainte des 3%, le montant des dépenses d’investissements stratégiques. Cela veut dire que la France va pouvoir glisser sous le tapis de l’investissement stratégique, entre 10 et 50 milliards d’euros. Il reste à traiter les dépenses de la Défense.

Quand François Hollande affirme qu’il reviendra sur les coupes budgetaires dans le budget des armées, il a forcément dans l’idée de négocier avec ses partenaires qu’ils en prennent une partie en charge.

La présence des chefs d’État et de gouvernement européens à la marche de dimanche signifiait, de fait, que l’Europe allait participer à la lutte contre le terrorisme. Si cette participation ne passe pas par un cofinancement, c’est à désespérer de la politique. Encore faut-il que la France l’accepte, le négocie avec ses partenaires et assume une coresponsabilité, donc un partage des pouvoirs de décision.

Cela s’appelle plus de fédéralisme dans la gouvernance européenne. Le climat politique y serait très propice, mais ça passe par de tels abandons de souveraineté que les gouvernements sont encore très loin de pouvoir l’accepter.

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