Pourquoi la question du pouvoir d’achat et de la dette Covid sont des faux problèmes brandis par les candidats qui n’ont ni vision, ni programme

Le risque du pouvoir d’achat et le financement de la dette Covid sont désormais considérés par une grande partie des responsables politiques comme les deux problèmes que les candidats devraient traiter en priorité. Ils se trompent.

En fait, si beaucoup de responsables politiques français considèrent que les problèmes les plus urgents que le prochain président devra traiter portent sur le pouvoir d’achat d’un côté, et sur le financement de la dette Covid de l’autre, c’est principalement pour « tacler » les deux candidats qui agitent le plus l’opinion publique et qui n’abordent pas directement ces dossiers : Emmanuel Macron d’un côté et Éric Zemmour de l’autre.
Emmanuel Macron commence à s’expliquer sur son bilan, mais reprendra sans doute son programme de réformes de la société française qui a été brutalement arrêté par la pandémie.
Quant à Éric Zemmour, on a compris qu’il fera campagne sur des mesures propres à protéger la pérennité de la civilisation française en dénonçant la menace de ce qu‘il appelle le grand remplacement.
Les deux candidats ont sans doute raison de ne pas rentrer dès le départ dans « les problèmes d’intendance », comme disait le Général de Gaulle. Ils ouvriront ces dossiers dans la dernière ligne droite, mais à la marge. Ils n’ont sans doute pas tort.
Le pouvoir d’achat est certainement un problème pour une grande majorité des Français qui s’inquiètent de leur fin de mois. Idem pour la dette Covid, si on considère que le seul moyen de la financer sera d’augmenter massivement les impôts. Mais en réalité, ces dossiers ne sont pas du ressort du président de la République.
La question du pouvoir d’achat dépend principalement de l’activité économique et de la productivité des entreprises, donc de la capacité des entreprises à s’adapter aux aléas de la conjoncture, donc de l’emploi et des salaires. Croire ou faire croire que le président pourrait obliger les entreprises à payer plus et mieux est une aberration dangereuse. On peut demander à la gouvernance politique de tout faire pour favoriser la création de richesse, créer un environnement favorable à l’activité de production, mais on ne peut pas exiger d’un président de fixer et même d’imposer un résultat, a priori, de cette activité. Fixer un montant du Smic est une chose qui appartient à la sphère sociale, mais on ne peut pas demander au chef de l’Etat de manipuler tous les facteurs qui contribuent au pouvoir d’achat. Sinon, nous changerions de régime ou de logique. Nous ne serions plus dans un système d’économie de marché mais d’économie centralisée et dirigée.
En économie de marché, la question du pouvoir d’achat dépend de la productivité des activités de production.
La question de la dette Covid est plus compliquée à résoudre. La première réaction est de penser qu‘il faudra rembourser cette dette et la première idée qui vient à l'esprit des responsables politiques est d’avertir « le bon peuple » que le remboursement de cette dette passera par une augmentation des impôts. Rien n’est moins vrai.
Les mesures prises pour lutter contre la pandémie et éviter un effondrement du système économiques étaient incontournables. Que n’aurait-on pas dit si l’exécutif - Emmanuel Macron, son gouvernement et surtout le ministre de l’Economie - n’avaient pas organisé ce « quoi qu’il en coute ». Cette politique a évité la catastrophe que beaucoup nous annonçaient.
Les fonds débloqués ont été empruntés à long terme et à taux zéro (aux environs de 200 milliards). C’eut été une erreur grave de ne pas profiter de ces conditions.
Maintenant, il faudra évidemment payer ces dettes. La seule solution supportable sera de compter sur l’activité économique de production de richesse (on en revient à l’impératif de pouvoir d’achat). Si la France est capable de générer un taux de croissance de 3% par an, la France va réduire mécaniquement de 3% son stock de dettes. A une condition : que la France ne contracte pas de dettes supplémentaires, c’est-à-dire, à condition que l’Etat réduise ses dépenses de fonctionnement. D‘où l’importance de la gestion budgétaire et la difficulté de faire des arbitrages dans les dépenses.
L’Etat ne peut pas envisager de revenir à l’équilibre en augmentant les impôts. Il asphyxierait la machine économique.
Ce pari n’est pas éloigné de ce qui avait été pratiqué pour financer le boom économique des Trente glorieuses après la deuxième guerre mondiale. A l'époque, les systèmes vivaient sous l'empire d’une inflation généralisée. Aujourd'hui avec la mondialisation, nous vivons sous des taux zéro, ce qui revient au même. Puisqu’on privilégie l'offre et l'investissement au détriment de l‘épargnant et surtout du rentier inactif.
La question du financement de la dette Covid est donc beaucoup plus compliquée que de manipuler des taux de prélèvements obligatoires qui sont déjà exorbitants. Le problème passe par la croissance et donc par l’augmentation de l’activité de production du système marchand.