Présidentielle 2022 : Mais qui va défendre l’économie de marché?

Si les partis traditionnels se bousculent au portillon de la candidature pour la présidentielle, aucun des chefs possibles ne prendra ouvertement le parti de l’entreprise privée, alors que le fonctionnement de l’économie de marché est au cœur du réacteur de la planète.

Le « tout à l’égo » qui s’est emparé de la classe politique, va ressembler très vite à un « tout à l’égout » des vielles idées politiques à peine recyclées.  Le week-end de rentrée a été affligeant.

La campagne pour la présidentielle s’est ouverte, à droite comme à gauche, sur une surenchère de clichés sépia et de promesses intenables. On peut dire que les lignes de débat n’ont pas évolué depuis des lustres. Chacun court après les restes de l’idéologie avec laquelle il est né. Des restes qui se cristallisent sur quelques problèmes qui assaillent les populations, sans pour autant traiter les fondamentaux de l’évolution du système.

La question de l’immigration est évidemment un problème grave, parce qu’il touche à nos valeurs de civilisation, à la montée de l’idéologie islamiste, évidemment plus qu’inquiétante  encore et pas seulement à cause du risque terroriste.

La question de la protection de la santé, de l’éducation et de la sécurité sont évidemment en première ligne dans la fabrication de l’angoisse.

Mais le cœur du réacteur, celui qui conditionne les réponses à toutes les questions qui fissurent la société, se cache dans l‘économie et plus particulièrement  dans l’économie de marché, qui est le seul système capable de produire de la richesse et de distribuer des bénéfices et progrès pour le plus grand nombre. 

La quasi totalité des responsables politiques ou ceux qui aspirent à gouverner ont complètement oublié le rôle du développement économique dans l’émancipation des peuples et l’amélioration de leurs conditions de vie.

Les responsables politiques ont-ils oublié que ce qui a abattu le mur de Berlin, ce n’est pas l’idéologie, c’est l’envie et les peuples de consommer à leur faim et de vivre selon leur choix personnel. Coca-Cola et Mac Donald ont fait plus que toutes les armées occidentales pour étouffer les dictatures marxistes. Demain, Google, Microsoft ou Amazon vont se révéler plus efficaces pour protéger l’émergence de la démocratie dans les Etats autoritaires que la menace d’intervention de l’Otan qui ne fait plus peur à personne.

Les responsables occidentaux savent-il que l’état islamique veut faire la guerre au monde entier et installer son idéologie mortifère avec des téléphones portables, les réseaux sociaux et que ces militants radicaux ont besoin des progrès technologiques pour survivre? Y compris du matériel de santé occidental.

Les responsables occidentaux regrettent que les valeurs occidentales ne puissent pas s’imposer à tous. Que le droit d’émergence auquel les intellectuels sont aussi attachés ne fonctionne pas . Le droit d’exporter des produits devenus d’usage quotidien a fait plus que l’obligation morale d’exporter la démocratie occidentale.   

Les responsables politiques devraient savoir que les logiciels informatiques et les marques commerciales, les voitures automobiles, les avions et les plateformes vidéo s’imposent partout dans le monde sans aucune pression physique sur les peuples, ni moyen autre que les moyens commerciaux habituels. Y compris en Chine. Le chinois a le droit d’acheter ce qu’il veut dans un magasin. Sauf des livres et des journaux censurés qu’il ne trouvera pas et c’est bien le problème pour les gouvernements autoritaires.

La mise en place d’un modèle de développement fondé sur les biens et services, sur le progrès technologique, est une progression universelle, incontournable, inéluctable pour une seule raison, elle profite au plus grand nombre. L’historien Fernand Braudel l’a bien montré. Quant à Raymond Aron ou Albert Camus, ils n’ont cessé de défendre cette idée.

L’idée, c’est que quand un peuple réussit à satisfaire ses besoins primaires, il découvre d’autres besoins, moins matériels, des besoins de liberté, de savoir, d’éducation et de fierté. C’est la préoccupation première des dirigeants chinois, qui brident les libertés de son peuple.

Un peuple qui a faim finit toujours par être violent  et quand un peuple « mange à sa faim », il peut faire d’autres projets de liberté qu’il faut évidemment satisfaire. Machiavel, déjà, expliquait cela au prince qu’il conseillait. Du pain, oui et des jeux disait César pour gérer le peuple de Rome. Sauf qu’aujourd’hui, les jeux sont très sophistiqués et encombrants.

Tout cela pour dire que les hommes politiques ne pourront pas passer à côté de l’économie et des facteurs de prospérité pendant cette campagne, non pas pour apporter des solutions toutes faites mais pour améliorer l’environnement dans lequel fonctionne les entreprises. Depuis le début de la crise pandémique, les chefs d’entreprises du monde entier (y compris les français) ont bien montré, dans le silence et l’humilité qu’ils étaient plus capables que les États et les administrations publiques de mettre en place les moyens de sortir de la crise. Les actifs de productions ont été protégés, ils se sont adaptés, et très souvent, ont réussi à compenser les défaillances de l’Etat.

Dans ces conditions, les chefs d’entreprise attendent des candidats des programmes d’action concrètes.

Sur le périmètre  de l’Etat avec un retour à ses priorités régaliennes. Une urgence que l’Etat cesse de s’occuper de tout et de n‘importe quoi.

Sur un environnement fiscal et social cohérent avec les axes stratégiques que les politiques veulent défendre.

Sur le retour au multilatéralisme pour encadrer la mondialisation incontournable si on veut défendre l’idée de progrès pour tous

Sur la prise en compte des contraintes écologiques, en cohérence avec les objectifs de croissance. Les chefs d ‘entreprise savent fonctionner de façon à réduire les émissions de gaz carbonique, mais qu’on sache que cette bataille contre le climat a un cout, sinon l’Etat se mettra en mode « décroissance », seule solution pas toujours avouée par les écolos. Que les hommes et les femmes n’espèrent pas freiner le réchauffement climatique et atteindre les objectifs du GIEC par la contrainte. Qu’ils commencent à lire le rapport du Giec d’abord au chapitre du nucléaire. « On ne s’en sortira pas si on ne préserve pas la capacité de produire de l’énergie nucléaire ».

Sur le digital et la protection des données personnelles et des libertés.

Sur l’Europe, parce que les entreprises en ont besoin sauf là encore, à penser que l’Europe est un étouffoir. L’Europe a simplement besoin d’un horizon plus clair et d’un pouvoir de régulation plus fort. L’identité nationale ne passe plus par la maitrise de sa monnaie. L’identité nationale passe par la croissance et la performance.

Et jusque à preuve du contraire, on n’a  pas trouvé dans le monde et dans l’histoire un autre système d’organisation pour produire de la richesse que l’économie de marche parce que la concurrence entre les hommes s’exerce sur le terrain de la technologique, de la satisfaction des besoins  plutôt que sur un champ de bataille. Le prix de marche est une arme difficile  à manier, mais son maniement est naturel, il est, quoi qu on dise beaucoup moins meurtrie que la Kalachnikov