Qui peut nous dire pourquoi la France dépense 280 milliards d’euros de plus que l’Allemagne ? Personne !

La France est incapable de réduire le poids de ses dépenses publiques parce que nous ne savons pas pourquoi nous dépensons autant. C’est Kafka.
Emmanuel Macron s’est convaincu depuis presque dix ans (quand il travaillait à la commission Attali) que le montant des dépenses publiques en France est exorbitant. Devenu président de la République, il n’a cessé d’expliquer que la priorité française était de réduire la part de ces dépenses publiques et sociales. Moins de dépenses, c’est moins d’impôts et donc plus de compétitivité. Depuis six mois, Bercy planche sur les montants à réduire et à quel rythme.Depuis deux mois, le ministre des finances et de l’économie nous promet chaque jour que le rapport qui fera la liste des arbitrages nécessaires sortira le lendemain. Mais ce rapport très sérieusement appelé « Rapport du comité d’action publique » (CAP 22), devant nous donner la recette miracle pour dépenser moins d’argent public mais mieux, doit être bloqué dans un cabinet ministériel.
Et la vraie raison de ce retard est apparue au grand jour hier. Personne à Paris, à droite comme à gauche, en politique comme ailleurs, personne ne sait comment réduire la dépense publique. Plus grave, personne ne sait pourquoi nous dépensons trop. Parce que si on savait, on pourrait agir sur les montants comme sur l’efficacité.
Pour nous éclairer, le think tank Coe-Rexecode (considéré comme très libéral par ceux que ses analyses perturbent) a sorti des chiffres qui font la joie des allemands.
En bref, la France dépenserait 280 milliards d’euros de plus que l’Allemagne en dépenses publiques et sociales. Et si on ne saura toujours pas pourquoi, on découvre enfin comment la France les 280 milliards euros d’écart se répartissent.
En France, la dépense publique représente 56,6%, en Allemagne, 44%.
Mais le plus cocasse disent d’ailleurs les allemands eux même, c’est que les pays ne sont pas si différents. L‘Allemagne et la France ont grosso modo une population identique (la population allemande est un peu plus âgée que celle de la France), les deux pays ont un modèle social aussi généreux l’un que l’autre. Quant aux services publics, ils sont eux aussi identiques. Le niveau de la santé est équivalent en résultats, le système éducatif est sans doute beaucoup plus efficace en Allemagne qu’en France.
Alors à équipements et besoins identiques ou presque, comment se fait-il que la France dépense plus de 12 points de PIB de plus que les allemands pour un résultat qui n’est pas meilleur ?
Et bien à cette question très simple, les français n’ont pas de réponse à donner quand les allemands leur posent. La réponse est très compliquée parce que cette sur-dépense est liée à la culture, à l’histoire, à l’organisation très centralisée en France, etc…
Mais ce type d’explications ne suffit pas. Il faudrait, comme l’a fait Rexecode, examiner les différents postes de dépenses et prendre en compte tous les secteurs de l’intervention de l’Etat.
- Les retraites sont le poste de dépenses publiques où l‘écart est le plus important : 90 milliards d’euros (plus de 4 points de PIB). Cet écart est lié à des facteurs structurels. La France prend sa retraite plus tôt qu’en Allemagne et perçoit des pensions plus confortables.
- Les interventions économiques, aides, subventions y compris (l’agricole) et niches fiscales sont plus importantes en Francequ’en Allemagne, près de 2 points de PIB, 50 milliards.
- Les dépenses d’enseignement : près de 50 milliards de plus en France;
- Les dépenses d’aménagement du cadre de vie : 30 milliards de plus ;
- La dépense de sécurité : plus de 30 milliards de plus pour la France ;
- Sur la santé, on dépense 25 milliards de plus
- Sur le logement, 25 milliards de plus également ;
- Sur la famille, la dette, et le chômage :on dépense à chaque fois 20 milliards de plus que les allemands. Il n'y a guère que dans la recherche et l'assistance aux personnes âgées qu'on dépense moins.
Dans ces conditions, on comprend la difficulté de réduire ces dépenses dans des proportions importantes.
La seule façon qui pourrait être retenue par Bercy serait de supprimer des aides aux entreprises et des niches fiscales, secteur par secteur, point par point. Politiquement, c’est le procédé le plus réalisable. Ceci étant, supprimer une niche fiscale revient sur le papier à augmenter l’impôt. Augmenter les impôts dans une situation donnée est pris en compte comme une baisse du déficit public. Evidemment, sauf qu’en augmentant l’impôt, on augmente les recettes. Les dépenses, elles, restent intactes. L’effet sera limité.
