Restons calmes : Les fondamentaux qu’il faut observer pour investir en bourse dans un climat aussi agité.
Entre la guerre en Ukraine, les promesses déçues du digital et les incertitudes de la mutation énergétique, tous les investisseurs ont plutôt tendance à se mettre aux abris aujourd’hui. Il y a pourtant des fondamentaux positifs qui ne mentent pas.

Depuis un mois, tous les gérants de fortune et conseil en patrimoine se sont mis sur le pied de guerre pour essayer d’y voir clair sur les marchés financiers. Parce que tout le monde a fait ses comptes et qu’on s’est aperçu, qu’au-delà des variations quotidiennes, la valorisation de tous les marchés dans le monde avait baissé de 15 à 20 % depuis le début de l’année.
Ce semestre devrait donc se terminer dans le rouge et surtout dans le brouillard quant à l’avenir proche.
Tous les professionnels du placement nous inondent de leurs conseils. Beaucoup sont intéressés par vendre leur propres produits (et c’est logique) mais tous disposent d’à peu près les mêmes données pour étayer leurs analyses et forger leurs prévisions.
1ère certitude, la crise que nous traversons ne ressemble à aucune autre. La crise du Covid a déjà été exceptionnelle, mais elle a détruit assez peu d’actifs. Elle était principalement sanitaire et les gouvernements ont tous peu ou prou fait ce qu’il fallait pour mettre à l’abri les systèmes de production de richesses. Et ça a marché parce que, dès que le virus s’est éteint, la croissance économique a rebondi dans des conditions que beaucoup n’espéraient pas. Le problème, c’est qu’à peine sorti du Covid, le monde occidental est tombé dans la guerre en Ukraine dont l’impact économique est international, avec cette fois-ci des destructions humaines insupportables, des destructions d’actifs de production considérables, et surtout l’annonce d’une opposition durable dans des systèmes idéologiques antagonistes. L’inflation importée par la hausse des prix de l’énergie fossile, des biens alimentaires et du transport international est en train de dérégler tous les systèmes dont la productivité était fondée en grande partie sur la sécurité des échanges.
Le contrat de confiance est à nouveaux entamé. Entre les agents, les acteurs et les pays. Les producteurs et les consommateurs, les épargnants et les investisseurs. Résultat : tout se braque, tout se bloque et tout s’arrête.
2e certitude, en dépit de toutes ces incertitudes, le monde occidental n’a pas le droit d’être pessimiste. Les chefs d’entreprise qui sont les principaux moteurs de la production de richesses et de la croissance ne le sont pas, par définition. Pour les chefs d’entreprises, les crises sont des opportunités de changement positif. Leur métier est fondé sur leur capacité à s’adapter. Et nous étions entrés avant le Covid dans une période de mutations spectaculaires comme le monde n’en connait qu’une par siècle. La révolution digitale et la contrainte climatique nous obligeaient à changer de vie et d’organisation, et c’était possible grâce à l’intelligence des hommes, leurs expertises et leurs investissements. Ce qui était possible avant le Covid le reste encore plus après le Covid. Et ça n’est pas la folie de la guerre en Ukraine qui pourrait supprimer les envies de progrès et de liberté.
Les facteurs d’évolution restent d’actualité seulement il va falloir accepter le changement : l’énergie, l’alimentation, les logements, les moyens de transports etc. Tout est en train de changer. Tout sauf les fondamentaux de la vie.
3e certitude : il est évident qu’avec les risques nouveaux et les mutations qui s’imposent, les investisseurs font preuve de la plus grande prudence. Mais ils ne craquent pas. Ce qui peut paraître étonnant. Les marchés sont restés solides depuis les premières alertes du Covid en 2019. Le problème, c’est que depuis le début de l’année, les radars sont beaucoup plus flous. Ils scrutent et ils cherchent.
- La tech, par exemple est désormais l’objet d’inquiétudes quant à son rôle de locomotive. Il faut dire que la tech a été tellement entourée et investie par les investisseurs que beaucoup de valeurs ont été trop gâtées. D’où les corrections assez violentes auxquelles on a assisté, la semaine dernière par exemple.
- les politiques publiques inquiètent également dans le contexte actuel. Trop de dépenses publiques et sociales qui pouvaient être justifiées face à la crise sanitaire, ne peuvent plus l’être aujourd’hui. Si l’occident veut (avec raison) protéger le fonctionnement des économies de marché, et notamment la liberté, il va falloir, se mettre pour un temps en mode d’économie de guerre, ce qui implique un effort de guerre. L’inflation perçue sur le prix des carburants (gaz et pétrole) n’est rien d’autre qu’un des moyens de paiement à l’effort de guerre.
-la grande majorité des banques et des grandes entreprises résistent bien aux difficultés. Les géants européens ont certes été touchés par la crise, mais les publications de résultats montrent que ni le Covid avec les confinements extravagants en Chine notamment, ni les sanctions contre la Russie, ni la guerre en Ukraine n’ont ébranlé leur modèle fondé par l’innovation, la transformation digitale et énergétique, ainsi que sur la nécessité de moindre dépendance à l’égard de pays à risques. Le consensus des marchés anticipe un ralentissement de la croissance lié aux difficultés d’approvisionnement et à l’inflation, mais en aucun cas une récession.
-On n’assiste pas à la prise en compte de scénario du pire même s’ils sont parfois envisagés. La majorité des acteurs du monde des affaires ont vécu les grandes crises énergétiques de 1973/74, de la guerre au Koweït ou même la crise des subprimes. La volatilité et l’indice de la peur étaient, à l’époque, beaucoup plus mal orientés que maintenant.
Reste le risque géopolitique, dans la mesure où personne ne sait ce qui se passe dans la tête de Vladimir Poutine, mais là encore, on a plus tôt tendance à penser que les guerres à l’ancienne comme celle de Napoléon, ou des catastrophes épouvantables comme la deuxième guerre mondiale sont très peu probables. Même si le risque nucléaire est toujours brandi par la Russie. L’occident craint davantage les risques cyber que les risques nucléaires.
-Cette prudence généralisée explique le calme relatif qui existe sur les valeurs refuge. L’or par exemple est très recherché certes, mais il vaut moins de 2000 dollars l’once (une once c’est 31 grammes). Alors ça reste une valeur refuge très prisée et si la guerre en Ukraine a provoqué une pousse de fièvre, le métal jaune ne s’est pas pour autant enflammé. Sur le pétrole, on reste aux environ de 100 dollars le baril. Le marché mondial a compris que les forces de rappel, liées à la montée des énergies renouvelables et naturelles et même à la reprise des investissements nucléaires pouvaient inciter les pays producteurs à gérer leur prix d’offre. En modérant leur prix d’offre, les pays producteurs de pétrole savent bien qu’ils n’encouragent pas les investissements en énergies naturelles. En 1973/74, l’intérêt des pays producteurs était d’augmenter leur prix assez violemment. Aujourd’hui, leur intérêt est de modérer les hausses pour allonger leur espérance de vie en tant que pétrolier.
Quant à l’immobilier, autre valeur refuge, son prix est plus lié au déséquilibre entre l’offre et la demande de logement qu’à des impératifs de spéculation. La spéculation existe certes, mais les besoins en m2 aussi. Notamment dans les grandes villes du monde entier. Le prix de l’immobilier sera encore et toujours fixé en fonction d’un critère incontournable : emplacement, emplacement, emplacement. C’est la localisation du bien qui commande sa valeur.