Retraite par répartition : tout le monde la défend tout en sachant qu'elle est condamnée

Le régime de retraite par répartition est déjà condamné. Responsables politiques et syndicaux font mine d’oublier que l’État soutient déjà les régimes par répartition pour plus de 30 milliards par an.

30 milliards de dette par an 

Les débats autour de la réforme du système des retraites se sont embourbés dans la conviction que les régimes de retraites seraient en déficit de 15 milliards par an. D’où l’idée d’allonger la période de travail. Toutes les propositions et notamment l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans et l’allongement du nombre de trimestres cotisés se sont braqués sur ces objectifs au cœur de la loi nouvelle. Et toute l’opposition s’est cristallisée sur cette mesure en pensant qu’elle était indispensable à la restauration de l’équilibre financier indispensable à la survie du régime par répartition.

Tout cela est idéologique et complètement artificiel, parce que les régimes par répartition sont déjà en voie de disparition.

1er point. Les régimes de retraites ne sont pas en déficit de 15 milliards d’euros mais commandent déjà pour leur fonctionnement plus de 30 milliards d’euros qui sont ponctionnés sur le budget de l’Etat. Cet argent va soutenir les régimes de retraite dans la fonction publique et indirectement les régimes spéciaux. Il est inscrit dans la loi de finances et voté chaque année par une majorité politique.

Or, quand un régime de retraite a besoin de 30 milliards par an pour fonctionner en équilibre, on ne peut guère parler d’un régime par répartition si un tiers de ses ressources lui sont allouées par le budget donc par l’impôt. C’est d’autant plus grave que l’État n’a pas ces 30 milliards. Il les emprunte.

Agirc, Prefon... il y a d'autres systèmes

2e point… certaines professions, tout en défendant le régime par répartition, n’ont pas été gênées par l’utilisation complémentaire de la capitalisation. C’est le cas des fonctionnaires qui ont plusieurs caisses de retraites fonctionnant sous la capitalisation dont la plus ancienne qui est la Prefon. Les syndicats de fonctionnaires n’en parlent pas mais ils protègent et cogèrent ces systèmes de retraite.

Le seul système de retraite qui est indépendant de subsides de l’Etat, c’est le système de l’Agirc-Arcco, qui bénéficie aux salariés du privé et qui est parfaitement géré. Il est bénéficiaire. Sa spécificité est que c’est une retraite par points. Système que le gouvernement avait songé généraliser à toutes les caisses. Mais cette idée a été abandonnée. Nul ne sait pourquoi ! La seule raison peut être est que la retraite par points exige la responsabilité de chacun au niveau de ses points. Alors tout ce qui relève de la liberté individuelle est suspect.

3e point : Il faut savoir que les Français ont compris depuis très longtemps que le régime par répartition n’était pas solide. C’est une des raisons pour lesquelles les Français sont propriétaires de leur logement ou veulent le rester. C’est une des raisons pour lequel ils ont beaucoup d’épargne financière en compte d’épargne, compte à terme, (1000 milliards d’euros). Enfin, c’est pour protéger leur retraite que les Français sont aussi consommateurs d’assurance vie (plus de 2000 milliards) ou qu’ils souscrivent des PER, c’est-à-dire des Plan d’épargne retraite dont les Madelin qui sont fabriqués sur mesure pour les commerçants et les chefs de petites entreprises.

Croire en la responsabilité individuelle

Passons sur les moyens organisés par les très grandes entreprises qui offrent à leurs cadres dirigeants différents outils pour qu’ils se constituent des retraites dorées, mais citons, parce que c’est important, le montant non négligeable des fonds de participation ou d’intéressement

Tous ces moyens sont organisés sous la responsabilité individuelle des Français. Entre l'épargne volontaire, les produits encouragés par des incitations fiscales ou des abondements par les entreprises, on est obligé d’admettre que les régimes par répartition sont de plus en plus hypothéqués (ou grignotés) par des systèmes par capitalisation sous le contrôle de l’État, mais sous la responsabilité des intéressés. Actuellement et en moyenne, les systèmes par capitalisation représentent déjà entre 25 et 30 % des retraites.

La répartition, que toute la classe politique a sanctuarisée comme système, est dès aujourd’hui largement battu en brèche par des systèmes par capitalisation à l’initiative des futurs retraités qui n’ont plus confiance dans le système d’origine.

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