Roland Heguy – UMIH : « La hausse de la TVA menace 30.000 emplois dans la restauration »

Jean-Marc Ayrault a annoncé, mardi, une hausse de la TVA dès 2014. Plusieurs secteurs professionnels font pression sur les députés pour revenir sur ce projet. Parmi eux, les professionnels de la restauration. Les patrons s’inquiètent de l’impact de cette hausse sur la fréquentation de leurs établissements. Décryptage avec Roland Héguy, président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH).

D’une manière générale, comment réagissez-vous face à la décision du gouvernement d’augmenter le taux intermédiaire de TVA de 7% à 10% ?
C’est une vraie gifle, alors même qu’une concertation est en cours avec Madame PINEL. Nous tenons à ce que cette consultation soit menée à son terme pour faire reconnaître une fois pour toute que l’essentiel des engagements du Contrat d’avenir a été respecté. La hausse brutale du taux de TVA de 7% à 10% menace directement le secteur de l’hôtellerie-restauration en France qui emploie près d’un million de salariés et qui est un vrai moteur de croissance pour l’économie française. Faut-il rappeler que depuis le début de la crise, nous sommes le premier secteur créateur d’emplois, notre secteur fait preuve des meilleures capacités d’intégration de jeunes ou de non-diplômés que nous avons continué d’embaucher et d’investir ? Si nous entendons l’appel du Gouvernement en faveur d’un effort collectif, il ne doit pas se faire au détriment des secteurs déjà fragilisés.

Comment cela va se traduire dans la restauration ? Concrètement peut-on envisager des hausse de prix ou un gel des embauches ?
Ce ne sont pas des gels d’embauche dont il est question mais de destructions d’emplois et de défaillances d’entreprises. Il y aura, à court terme, une très forte destruction de notre tissu de petites entreprises avec en conséquence 30 000 emplois directement menacés dans le secteur de l’hôtellerie – restauration. Ce sont les zones rurales qui seront les plus fortement touchées. Cela aura également des conséquences lourdes en termes de pouvoir d’achat pour nos salariés déjà fragilisés par la fin de l’exonération des heures supplémentaires, ainsi que celui des Français au quotidien.

Cependant, les entreprises, dont celles de la restauration, vont aussi bénéficier d’un crédit d’impôt. C’est une bonne nouvelle selon vous ?
Le Gouvernement aurait envoyé un très mauvais signal si une différenciation avait été faite entre les différents secteurs touchés par la hausse du taux de TVA.  Nous restons plus que jamais mobilisés pour vérifier comment nos entreprises bénéficieront du futur crédit d’impôt. Nous suivons avec beaucoup d’attention la mise en place de l’ensemble du dispositif et avec vigilance que l’effort demandé sera bien partagé par tous.

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