Série de l'été : Marilyn Monroe, "J’étais un produit 100% créé par les hommes et pour les hommes"

Comme les années précédentes, nous avons repris notre carnet de notes et notre crayon pour rencontrer les personnages de l’Histoire qui ont marqué leur époque et au-delà, changé le monde. Le projet, un peu osé convenons-en, a été de leur demander de nous accorder un entretien pour revisiter le bilan de leur action et vérifier si leur lecture de l’Histoire permettait de mieux comprendre notre actualité.
Alors bien sûr, ces personnages étant aujourd’hui disparus, leurs interviews sont imaginaires, mais beaucoup moins qu’on ne le croirait. Les historiens ne nous en voudront pas, nous avons puisé les réponses dans ce que ces personnages ont écrit dans leurs mémoires et ce que les historiens nous ont apporté sur leur parcours.
Et cette année, nous avons choisi d’interroger des femmes qui ont marqué l’histoire, dans tous les domaines, parce que notre actualité aujourd’hui est fortement impactée par les discours féministes, les révoltes et parfois les excès. Ces femmes de l’Histoire ont sans doute été précurseurs, mais pas seulement.
Aujourd’hui, Marilyn Monroe, le sex-symbol devenu icône. La femme qui a fait fantasmer tous les hommes de sa génération et qui a connu une fin tragique, teintée de mystère. Comment Marilyn a-t-elle vécu ce statut d’idole ? Qu’aurait-elle fait de différent si elle avait vécu à notre époque ?
Un mot sur Marilyn Monroe
Née et morte à Hollywood, la vie de Marilyn Monroe, c’est un film de cinéma.
Très tôt, Norma Jeane Baker, de son vrai nom de naissance en 1926, rêve des studios de cinéma qu’elle aperçoit des fenêtres de son orphelinat, dans lequel elle est placée à cause d’une mère instable psychologiquement et d’un père inconnu. Elle connaitra aussi 12 familles d’accueil. La dernière qu’elle ait connue, alors qu’elle a 15 ans, arrange un mariage avec un ouvrier, âgé de 5 ans de plus qu’elle.
On est en 1942 et pendant la guerre, Marilyn travaille dans une usine de confection de parachute. Bien sûr, elle rêve d’autre chose. Elle y est repérée quand un photographe y fait des photos de femmes en effort de guerre. Elle tente alors une carrière dans le mannequinat en s’inscrivant dans une agence. Assez vite, elle fait ses premières couvertures de pin-up et quelques contrats publicitaires. Vient le premier contrat avec la Twentieth Century Fox, où elle fait des apparitions dans des films, jusqu’à percer à l’aube des années 50.
S’enchainent alors les mariages ratés, avec Joe DiMaggio ou Arthur Miller, les films à plus ou moins grand succès, les fausses couches et les périodes de dépression. Marilyn est en tout cas devenue une star à l’envergure mondiale, adulée de tous.
Le film de sa vie se termine le 4 août 1962 au soir. Elle a 36 ans depuis deux mois et vient de renégocier un bon contrat avec la Fox. Elle n’a pas de raison particulière d’être triste. En conversation au téléphone avec un de ses fidèles amis, sa voix s’éteint progressivement. Elle est retrouvée étendue sur son lit quelques heures plus tard par sa gouvernante et son psychiatre et ne peut plus être ranimée. C’est déjà trop tard. L’autopsie révèle la présence de nombreux médicaments dans son corps, mais le mystère persiste sur le mode d’administration et la raison du suicide, si c’en est un…
Bonjour Marilyn. Marilyn Monroe, c’est donc vous. Ce mythe, cette créature made in Hollywood. Ça, vous avez fait votre succès sur votre plastique. Vous êtes sûrement la femme de l’Histoire qui a le plus assumé sa féminité. Cela ne vous a réellement jamais posé de problème ?
Marylin Monroe : Sachez qu’à Hollywood, la vertu d'une femme est beaucoup moins importante que sa coiffure. On vous juge sur votre apparence, et pas sur ce que vous êtes, c’est ainsi et ça n’a pas changé. Au tout début, j’ai commencé par poser pour des magazines de pin-up, des photos plus ou moins osées. Bien sûr, ce ne sont pas des magazines à mettre dans toutes les mains, pas dans les mains de ses parents par exemple. Mais comme je n’en avais pas, le problème ne s’est pas posé. A moi les poses sexy.
L'idée d'être un symbole me déplaît, mais si je dois être le symbole de quelque chose je préfère que ce soit un sex-symbol. Alors, oui, je suis une création des hommes pour les hommes et j’ai usé à fond de tous les subterfuges de genre. La beauté, un atout pour plaire aux hommes, la simplicité d’esprit car les femmes trop cultivées ne sont pas désirables et la naïveté pour donner l’illusion aux hommes qu’ils vous apprennent la vie.
Vous ne vous rendez pas compte de tout ce qu’on peut obtenir avec des seins et une paire de fesse. Et si je ne suis pas faite comme un garçon, je ne veux pas m’habiller comme un garçon ou penser comme tel. Les féministes devraient me détester pour des générations. Bizarrement, ça n’a jamais été le cas, certaines vont même jusqu’à m’encenser !
Parce que vous vous êtes accomplie par vous-même et que vous meniez les hommes par le bout du nez… Comment avez-vous pris conscience de ce pouvoir extraordinaire ?
Marylin Monroe : Je ne sais pas si c’est si extraordinaire que ça, quand finalement, la récompense à la clé était la solitude. La blonde rigolote, stupide mais au fond, malheureuse, c’est le rôle de ma vie. Je n’avais pas besoin de forcer. Croyez-moi, je m’y connais en enfance malheureuse. Ma mère était folle. Un jour, elle m’emmenait au cinéma en me disant qu’elle y travaillait, le lendemain elle était enfermée dans un asile. Ma grand-mère, qui n’avait pas voulu que je naisse, avait voulu m’étouffer. Et puis dans les familles où j’étais placée, déjà, les hommes m’avaient fait comprendre que je leur plaisais.
Alors que j’étais encore adolescente, on m’a présentée ce James Dougherty, c’était le fils de voisins d’une de mes familles d’accueil. Franchement, il n’était ni beau ni moche, mais c’était une porte de sortie de l’orphelinat, alors j’ai accepté de l’épouser à mes 16 ans. Et puis le brave homme s’est embarqué dans la marine marchande, alors je ne le voyais jamais.
1er épisode de la vie amoureuse de Marilyn, 1er échec. Vous êtes d’ailleurs assez cruelle avec lui. Alors qu’il fait escale à Shanghai, il reçoit les papiers du divorce.
Marilyn Monroe : A votre époque, cela aurait été par mail, quelle différence cela aurait-il fait ? Je n’en voulais plus et il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de quitter quelqu’un. Je rêvais d’une vie de famille que je n’avais jamais eue, alors être mariée à un marin, ça n’était pas la meilleure chose pour moi, vous êtes d’accord. Mais ce mariage, ça ne compte, ça n’a été qu’un ami – et encore, à un moment donné de ma vie.
2ème épisode : le mariage avec le joueur de baseball ultra-connu Joe DiMaggio, un sportif qui fait rêver la foule d’Américains moyens. Vous, vous êtes une star montante. Vous êtes un peu en compétition sur le match de la célébrité tous les deux, et lui va perdre cette dernière manche…
Marilyn Monroe : Joe était un peu macho. Je pense qu’il a mal accepté les sollicitations que je pouvais avoir, alors que lui, sa carrière était finie. On ne lui a pas demandé de se montrer devant un parterre de femmes, peut-être parce qu’il leur en faut plus. Alors que moi, j’ai chanté devant 60 000 soldats au moment de la guerre de Corée. Il n’a pas compris que ma mission était de donner du bonheur aux gens et était très jaloux. Lui a détesté la scène de la bouche de métro qui soulève ma robe, dans 7 ans de réflexion. Sur le tournage, il s’est levé et il est parti, sans dire un mot. Bref, il a totalement arrêté de s’occuper de moi et restait les yeux fixés sur sa télévision ! Pas la chose à faire quand vous voulez garder votre femme… On s’est quittés au bout de 9 mois, mais nous sommes quand même restés bons amis.
Dans la galerie des maris, le troisième est Arthur Miller. Là, vous épousez un intellectuel, c’est un tout autre registre.
Marilyn Monroe : Il avait beaucoup plus de conversation, oui. Même un peu trop. Parfois, je ne comprenais pas tout.. Alors j’ai travaillé, figurez-vous, pour être à la hauteur de ce nouveau rôle. J’ai lu quelques classiques, du Freud, et suivi des cours d’Histoire de l’Art. Et je dois dire que, ce qu’Arthur a eu de différent, c’est qu’il était vraiment encourageant. Il était avec moi sur les plateaux, il m’a écrit plusieurs films. Il voulait vraiment me protéger. Le problème, avec les intellectuels, c’est qu’ils se posent trop de questions existentielles. Je crois qu’il a baissé les bras.
Et puis, il a pris des risques, comme sur le tournage du Milliardaire, où il m’a laissée seule. Seule avec Yves Montand, lui aussi sans Simone. C’était mon partenaire de film, et Arthur savait très bien qu’il me plaisait. Nous passions des heures à répéter ensemble. Nous avons eu une aventure, qui s’est terminée de son fait. En french lover, Yves m’a dit, à la fin d’un rendez-vous, qu’il ne quitterait jamais sa femme. C’était ainsi.
Puis est venu le tournage des « Désaxés », qu’Arthur avait écrit pour moi. En réalité, c’était nous, les désaxés et ça a été la fin de notre mariage.
Il y a eu les politiques, aussi. On parle d’une aventure avec John Kennedy et d’une autre avec Robert, son frère, qui était un potentiel candidat à la Maison Blanche. Vous visiez le rôle de Première Dame ?
Marilyn Monroe : Si c’était arrivé, je l’aurai pris. Les politiques sont de grands séducteurs vous savez, mais on s’y brûle les ailes. Alors, je me serais amusée aussi si j’avais vécue à votre époque. Cela ne m’aurait pas dérangée de mettre un type comme Emmanuel Macron dans mon lit. Oh mais dites, si on fait la liste de tous mes amants, on peut encore y passer la nuit…
Vous avez raison. Parce qu’à côté de la starlette un peu écervelée ou capricieuse et une mangeuse d’hommes, vous avez aussi plutôt bien mené votre carrière financièrement parlant. Une belle négociatrice.
Marilyn Monroe : Et je gagne toujours très bien ma vie ! Encore une dizaine de millions de dollars par an… Je suis troisième dans le classement Forbes des morts célèbres qui gagnent le plus d’argent. Tout ça parce qu je suis encore payée, vous savez, par des marques qui utilisent mon image ou mon nom. Montblanc ou Chanel et son parfum, ils me le doivent bien, vu la pub que je leur ai faite. Meilleurs que moi, il y a Michael Jackson et Elvis Presley, que je connaissais bien mais avec qui c’était resté sans lendemain. Non, je m’égare, parlons d’argent. Vous savez, au tout début, je ne gagnais pas des mille et des cents. Mes premiers contrats, avec la Twentieth Century Fox et la Columbia, étaient établis pour des durées de 6 mois et pour 75 dollars. 75 dollars, c’était le salaire à la semaine, et ça ne mettait pas du beurre dans les épinards. Et puis c’était assez instable. Quand vous commencez à être remarqué, là on cherche à vous garder. Après mes premiers succès, Fox me garde pour 7 ans. Le salaire augmentait aussi, mais pas tellement. Moi, on m’a prise pour une blonde ! Dans les Hommes préfèrent les blondes, justement, je suis moins bien payée que Jane Russell, qui jouait la brune. Entre 5 et 8 fois moins. Insensé !
Et puis, ça intervient à une période de ma vie où j’ai besoin de changement. Les studios m’avaient cantonnée dans mon rôle de blonde écervelée, comme vous dites. Mais moi je voulais jouer des rôles plus profonds, plus dramatiques. La Fox ne voulait pas. Alors j’ai fait mes bagages, direction New-York, parce qu’il y avait les cours d’Actors Studio là-bas. J’y ai monté ma société de production, moi, Marilyn, pour ne plus être acteur salariée mais co-productrice. L’idée était de choisir mieux mes rôles et j’ai refusé plusieurs propositions de la Fox. Ils sont revenus me chercher au moment du succès de 7 ans de réflexion. Et m’ont enfin proposé un contrat à la hauteur. Un salaire raisonnable, pas d’exclusivité et un droit de regard sur le réalisateur. J’étais pas peu fière.
On est touchés par la grâce ou on ne l’est pas. Vous, non seulement vous étiez la star la plus sexy et la plus photogénique de son époque, mais vous aviez un charisme et une sympathie qui défiaient toute concurrence. Et même quand vous posez nue pour un calendrier, couchée sur du velours rouge, on vous pardonne.
Marilyn Monroe : Quand j’ai posé nue, je n’avais vraiment pas d’autre choix. C’était à un moment très difficile de ma carrière et je n’en ai tiré que 50 dollars, avec lesquels j’ai récupéré ma voiture à la fourrière. C’était sincère. Avoir des problèmes d’argent m’a rapproché de l’américain moyen. Ou encore des problèmes de cœur ou de santé, mais si, là-dessus, on ne savait pas tout.
Aujourd’hui, vous seriez une Kardashian ? J’entends par là que vous vous exposeriez sur les réseaux sociaux comme les bimbos d’aujourd’hui ?
Marilyn Monroe : Je ne suis pas vraiment sûre que ça rende les gens moins malheureux. Mais peut-être que cela simplifie les rapports. C’est plus direct et du coup, plus intime. J’aurai été mieux comprise, sans aucun doute. Alors, allez savoir si, pour autant, j’aurai évoqué mes problèmes sur Instagram. De ne pas garder un homme, de ne pas avoir d’enfant et de multiplier les fausses couches. Oui, peut-être que j’aurai parlé de la maladie qui m’a rongée de nombreuses années. L’endométriose, ça vous parle un peu plus aujourd’hui, encore que. Fausses couches, douleurs abominables, la mienne était arrivée à un stade sévère. J’ai eu 7 opérations que j’ai préféré garder secrètes, mais c’est surtout ça qui m’a amenée à être dépendante aux médicaments. Ca vous brise une femme, puisque vous ne pouvez pas avoir d’enfant et que vous souffrez horriblement. Et moi, on ne m’a pas prise au sérieux en disant que je faisais la diva.
Vous êtes morte de cette maladie ?
Marilyn Monroe : C’est elle qui m’a rendue dépendante aux médicaments. La thèse officielle est que je me suis suicidée. Alors, oui, je me suis suicidée en avalant des pilules qu’on n’a jamais retrouvées dans mon estomac. Vous avez votre explication. La surdose de médicaments qui m’a été donnée a été fatale et je crois bien que c’est mon psychiatre qui m’a fait cette dernière injection, mais il n’a jamais voulu l’avouer… De toute façon, mourir de ça ou d’autre chose, il faut bien mourir. C’est ce qui fait de moi un mythe..
Le drame de votre vie, c’est quoi ? D’avoir manqué d’un grand rôle ? On vous a dit éperdument jalouse d’Elizabeth Taylor. Vous n’avez pas eu de Cléopâtre ou de Sissi..
Marilyn Monroe : Mon grand rôle a été Marilyn et c’était bien assez.
Le plan de relance concocté par le gouvernement et dont le Premier ministre va donner aux patrons du Medef les grandes lignes, en ouverture de leur université d’été, donne aux chefs d’entreprise un rôle clef dans la mécanique de relance.
L‘essentiel des 100 milliards annoncés par Bercy est destiné à renforcer ce que les économistes appellent « l’offre », c’est à dire la capacité des entreprises à innover, à se redévelopper et à créer de la croissance donc des emplois. En gros, 40 milliards iront au financement de la réindustrialisation dans l’hexagone, 20 milliards dans l’aide à la transition énergétique, 20 milliards dans l’emploi et la formation. Et le solde dans le financement de la solidarité.
L’objectif, c’est évidemment d’aider les entreprises à repartir, les empêcher de licencier et si possible de les inciter à réembaucher. C’est la raison pour laquelle, le plan va mettre le paquet sur le soutien à l’industrie et la digitalisation, mais va aussi protéger les marges en allégeant la fiscalité. Sur les impôts de production (qui pèsent plus de 120 milliards d’euros) et sur la baisse maintenue de l'impôt sur la société.
Ce plan de relance axé sur l‘offre s‘ajoute à tout ce qui avait été fait au début de la crise pour amortir le choc : les prêts garantis par l’Etat, l’allocation de chômage partiel, l’exonération ou le report des paiements des charges, des taxes et des impôts. Il fallait absolument écarter le risque d’asphyxie des entreprises pendant la mise en coma artificiel due au confinement. Ce plan de soutien aux entreprises visait à protéger les actifs de production, à ne pas casser les contrats de travail pour que le système global puisse repartir sans trop de difficultés.
Cela dit, les machines ne sont pas reparties après un simple tour de clef, au moment du déconfinement. On s’est aperçu que la reprise du travail était compliquée.
D’abord parce que la menace du virus a continué de plomber le climat et de paralyser beaucoup d’initiatives. La peur a stérilisé beaucoup d’énergie, l’activité internationale ne s’est pas relevée. Le tourisme, par exemple, n’a pas retrouvé toutes ses couleurs, loin de là.
D’autre part, il a fallu s’adapter à des mutations que l’épidémie a sans doute accélérées : la découverte du télétravail commande une digitalisation accrue et oblige les systèmes de transport à changer leurs modèles économiques.
Enfin, le confinement puis le déconfinement ont révélé des problèmes structurels qui touchaient beaucoup de grandes entreprises et qui n’étaient pas réglés.
D‘où, d’ailleurs, l’ampleur du plan de relance annoncé qui prend en compte ces mutations structurelles.
Très logiquement, compte tenu de cette situation, le gouvernement français qui avait fait le choix (comme tous les pays du monde) de mettre la priorité de ses moyens à protéger l’état sanitaire de la population, veut avant tout aujourd’hui restaurer le fonctionnement des appareils économiques.
Ce choix s’impose parce que la clef du redressement passe par la croissance et l’emploi donc par les entreprises.
La demande existe. En théorie. Dès le début de la crise, le gouvernement a protégé le pouvoir d’achat en élargissant le plus possible les allocations au chômage partiel par exemple.
La demande existe mais ne se mobilise pas. Le pouvoir de dépenser est considérable, plus de 450 milliards sur les comptes courants, plus de 70 milliards de collecte sur les livrets A et une circulation de cash historique et record qui prouve que les bas de laine sont pleins. En fait, cet argent est le produit de la peur. Une épargne de précaution qui traduit un déficit de confiance dans l’avenir.
Il va falloir mobiliser cette demande et les entreprises ont forcément intérêt à participer à cette mobilisation en présentant des offres désirables, utiles, innovantes. Parce qu’une entreprise ne fonctionne que si elle a des clients.
Mais les entreprises vont rencontrer un autre problème, très politique, puisqu’il faudra compter avec le ressenti de la situation par l’opinion.
D’un côté, l’opinion va additionner les milliards d’argent public, les prêts à Renault, les aides à Air France, les allègements d’impôts etc.
Mais de l’autre, elle va assister à la litanie des plans sociaux, des réductions d’effectifs, et à la montée du chômage.
Si la relance réussit à répondre aux chefs d’entreprise, la relance n’apporte pas de solutions miracles pour passer sans heurt la période transitoire pendant laquelle il va falloir assumer les dégâts collatéraux de la mutation, il va falloir commencer à payer les retards de charges, il falloir aussi rembourser les prêts garantis par l’Etat ... et dans certains cas, ça ne va pas être simple.
Les milliards de la relance ne vont pas produire d’effets très visibles avant 6 mois ou un an. En attendant, l’opinion va s’inquiéter de ces risques de faillite, elle va commencer à spéculer sur l’hypothèse d’augmentation d’impôts pour payer les dettes etc.
Le risque politique va se nourrir des incertitudes économiques et des dégâts sociaux sans parler des menaces sanitaires qui ne seront pas éteintes.
Et ce risque politique va toucher l’exécutif, le gouvernement et la majorité mais c’est un peu la logique du système. Ce qui va être plus grave, c’est que ce risque va toucher également le monde des entreprises à qui on va demander des comptes sur leur bilan. Avec une question : qu’auront-ils fait de tout cet argent alors que les résultats sur le terrain de l’emploi et du social ne sont pas probants ?
Procès classique mais par les temps qui courent, procès dangereux.
Le problème des responsables d’entreprise n’est pas de se justifier d’avoir bénéficié d’une politique de l’offre, leur problème va être d'accélérer la pédagogie de leur fonctionnement (tout reste à faire) et de peaufiner leur offre au-delà de leurs résultats financiers et boursiers.
